41% des numéros Inami attribués à des médecins étrangers: toutes les réactions

Quelque 41% des numéros Inami accordés en Communauté française en 2015 ont été attribués à des médecins étrangers, indique un rapport du SPF Santé publique obtenu par la députée fédérale Catherine Fonck (cdH) que Le Soir rapporte mercredi. Toutes les réactions ...

Quelque 28% des médecins ayant reçu un numéro Inami en 2015 n'ont pas été formés en Belgique, contre 19,7% en 2011. La Fédération Wallonie-Bruxelles paie le plus lourd tribut avec 41% des numéros Inami attribués à des médecins issus de l'étranger, contre 28,5% en 2011. Chez les dentistes, il s'agit de plus d'un numéro sur deux.

Contrairement aux étudiants en médecine belges, qui sont soumis à des quotas, aucune limite n'est imposée aux praticiens étrangers.

Ces généralistes et spécialistes proviennent principalement de l'Union européenne, et plus particulièrement d'Italie, de France, des Pays-Bas et d'Espagne. 

Mme Fonck dénonce «une discrimination à l'envers» et demande un test linguistique et de compétence pour garantir la qualité des soins. Elle interpellera jeudi à la Chambre la ministre de la Santé sur la «politique des quotas de médecins et dentistes qui pénalisent les Belges au profit des Européens».

Pour le Comité Inter-Universitaire des étudiants en médecine (CIUM) c’est à un véritable «dumping social en médecine» qu’on assiste en Belgique. «Une problématique que nous dénonçons depuis le début de la crise politique que traverse ce dossier», rappelle Quentin Lamelyn, Président du CIUM.

«Alors qu’un concours ultra-sélectif se profile pour la rentrée 2017 en FWB après deux années de concours instaurés sous la contrainte, le fédéral, qui somme le sud du pays de limiter un afflux nécessaire dans les études de médecine, continue en parallèle une importation massive de médecins étrangers», poursuit Quentin Lamelyn.

Une situation paradoxale qui scandalise le monde étudiant. «Cela démontre par A+B que nous manquons cruellement de médecins sur le terrain nous obligeant à déposséder certains pays de leur propre force médicale, médecins étrangers souvent sous-payés recrutés par d’obscurs réseaux qui pêchent dans certains pays d’Europe de quoi combler les trous de notre médecine», dénonce le Président du syndicat des étudiants en médecine. «C’est d’autant plus grave que tout ceci se fait au détriment de nos étudiants qui auront suivi une formation de qualité aux frais du contribuable belge pendant 7 à 6 années», conclu Quentin Lamelyn.

L'Unécof, l'Union des étudiants en Communauté française, n'est, elle, pas étonnée. Les chiffres présentés ne sont «que la preuve de ce que l'on défend depuis des années: la révision des quotas Inami, calculés sur des chiffres obsolètes et qui ne tiennent pas compte des mi-temps, de la féminisation de la profession, des départs à la retraite...»

Matthias Claeys, le président des Étudiants flamands en médecine (VGSO), exige une solution «urgente». Il pense notamment à instaurer de prime abord un examen linguistique, écrit et oral, car «la communication est très importante pour les patients». Il appelle également le ministre flamand de la Santé publique, Jo Vandeurzen (CD&V) à mettre en place des sous-contingents par spécialité, au lieu d'un quota général pour tous les étudiants comme c'est le cas actuellement.

Pour Marc Moens, président de l'Absym, il est «injuste que des médecins étrangers puissent exercer si facilement en Belgique alors que la procédure pour les médecins belges est particulièrement difficileCe système nous dérange depuis 30 ans mais les ministres qui se sont succédé jusqu'ici ont à chaque fois rejeté nos propositions

Concrètement, le président de l'Absym plaide pour des exigences de qualité pour les médecins étrangers. L'examen linguistique pour les médecins que les États membres de l'Union européenne peuvent imposer depuis cette année aux travailleurs étrangers est, pour l'Absym, une piste de réflexion. «Il est tout de même juste que les médecins étrangers connaissent au moins la langue du pays dans lequel ils viennent travailler

La ministre de la Santé, Maggie De Block, a indiqué au journal Le Soir qu'elle s'attelait à l'instauration d'un test linguistique mais qu'un test de compétences n'était pas à l'ordre du jour. Elle a également ajouté qu'elle ne pouvait pas imposer un contingentement aux étudiants européens, en vertu de la législation de l'UE.

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