Antibiotiques: responsabiliser les médecins au lieu de moins rembourser (Solidaris)

En 2014, la Belgique était le pays européen où l'on consommait le plus d'antiobiotiques après la Grèce, la Roumanie et la France. Les campagnes d'information sur un usage raisonné de ces médicaments «n'ont pas d'effets spectaculaires», analyse Solidaris dans une enquête publiée mercredi. Plutôt que de diminuer le remboursement des antibiotiques comme vient de le décider le gouvernement fédéral, il vaudrait mieux responsabiliser financièrement les médecins prescripteurs, estime la mutualité socialiste.

Solidaris a analysé la délivrance d'antibiotiques sur la période 2004-2014 en s'appuyant sur les données de facturation des médicaments vendus dans les officines non hospitalières à ses affiliés. Il ressort de cette enquête que la consommation d'antibiotiques a fortement progressé jusque 2009 avant de se stabiliser. Il a fallu attendre 2014 pour qu'une diminution s'amorce. Sur l'ensemble de la période, le nombre de doses journalières par affilié a augmenté de 15%.

Parallèlement à cette croissance, le nombre de prescriptions par affilié a diminué de 9%. Mais cette différence s'explique principalement par la hausse du nombre de doses par conditionnement, indique Solidaris.

«Notre étude ne permet pas de dire si l'augmentation de la taille des conditionnements correspond à une bonne ou une mauvaise prescription. En principe, les boîtes doivent être consommées jusqu'au bout», précise le directeur du service d'études de Solidaris, Jean-Marc Laasman.

Au sein de la patientèle des médecins généralistes, 43,9% ont été sous antibiotiques en 2014, contre 46,3% 10 ans plus tôt, toujours d'après les chiffres de Solidaris. Les médecins qui présentaient un pourcentage élevé de patientèle sous antibiotiques en 2004 sont ceux pour lesquels les diminutions les plus importantes ont été enregistrées.

«Les résultats de notre étude sont nuancés», conclut M. Laasman. «On voit quelques tendances encourageantes, mais l'effet des campagnes contre l'usage excessif des antibiotiques n'est pas spectaculaire.»

Solidaris plaide pour une responsabilisation financière des médecins. «Chaque année, 270 millions d'euros sont consacrés au financement de la formation continue des médecins, au contrôle de qualité par les pairs et à l'organisation optimale de la pratique médicale. Nous proposons qu'une partie de ce budget soit réservée pour rémunérer les médecins qui s'investissent dans un programme d'auto-évaluation de leurs pratiques et améliorent leurs prescriptions d'antibiotiques sur base d'indicateurs mesurables.»

«Diminuer le remboursement des antibiotiques comme vient de le décider le gouvernement revient à doubler la facture des patients bénéficiaires ordinaires et tripler celle des bénéficiaires de l'intervention majorée, et cela sans rien changer au niveau de la prescription», déplore en revanche la mutualité.

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