Jour noir pour les étudiants en médecine francophones (CIUM)

Après 20 années de lutte pour empêcher la mise en place d’un système de sélection à l’entrée injustifié, le CIUM (Comité Inter-Universitaire des étudiants en Médecine) déplore l’adoption de celui-ci par le Parlement de Fédération Wallonie Bruxelles (FWB) ce mercredi.

Dans un communiqué mercredi ils se disent “révoltés de constater que nos parlementaires ont finalement cédé sous la pression du Parlement flamand qui pratique l’examen d’entrée depuis 1997. Nos ministres semblent avoir mis de côté les arguments scientifiques prouvant le non-sens d’un examen de ce type.

Nous sommes contre un tel système de sélection pour plusieurs raisons scientifiques que nous ne cessons de clamer depuis tant d’années :

  1)  Premièrement, rappelons que le contingentement fédéral dans sa forme actuelle est une aberration étant donné qu’il est appliqué via le numerus clausus par des quotas inadaptés aux besoins de la population (d’ailleurs invalidés par le Conseil d’Etat). Or, il est prouvé que la FWB souffre d’une pénurie des médecins, nous ne comprenons donc pas la persistance de tels quotas du côté francophone.

 2)  Ensuite, il est important de savoir qu’il existe des inégalités nord/sud. En effet, la Flandre bénéficie depuis de nombreuses d’un lissage positif (en plus d’une clé de répartition supérieure) au niveau des numéros INAMI alors que, de notre côté, les surnuméraires sont prélevés sur les quotas des promotions suivantes (lissage négatif). C’est encore plus indécent alors que la Flandre ne connait pas une pénurie telle que du côté francophone. Cette tendance est confirmée par l’étude Deliege 2015 qui stipule que d’ici 10 ans, la Flandre aura remplacé 150% des médecins partant à la pension. Ce chiffre s’élève à seulement 43% en Fédération Wallonie-Bruxelles.

3)  L’examen d’entrée est un scandale social. Les études montrent une disparité de niveau entre les établissements scolaires en FWB (OCDE, 2013). C’est en cela que cette sélection nuit gravement au principe de la liberté d’accès. Il s’agit d’une discrimination envers les étudiants sortant d’écoles secondaires d’un niveau inadapté aux exigences de connaissances scientifiques que requiert l’examen en question. De plus, malgré les demandes du MR pour l’installation d’une année préparatoire aux études de médecine, cette dernière est, d’après les études, inutile et non influente sur la réussite future des étudiants. Une mise à niveau pré- universitaire reste donc impossible pour les élèves du secondaire.

4)  Cet examen est d’autant plus honteux qu’il est juridiquement instable. La preuve en est qu’en 2014, des étudiants flamands ont ainsi remporté leur recours contre celui-ci. Il est donc impensable de mettre en place un tel système sans assurance qu’il tienne sur la durée.

5)  Nous dénonçons également le fait que l’examen d’entrée en l’état ne puisse en aucun cas prouver si l’étudiant est apte à devenir un bon médecin. En effet, l’examen est basé sur des connaissances en sciences fondamentales or il a été prouvé que la réussite de ces matières n’assure en rien la réussite des matières à vocation médicales. (Reede JY, 1999 ; Veloski JJ, 2000 ; Donnon T, 2007 ; Violato C, 2005 ; Keck JW, 1979 ; Huff KL, 1999).

6)  Enfin, nous ne pouvons que le répéter, nous attendons encore les numéros INAMI promis en échange de l’examen d’entrée par la ministre De Block pour tous les étudiants en cours de cursus, ce comprenant la double cohorte de 2018 ! Il est inconcevable et indécent de laisser les étudiants dans l’incertitude de pouvoir pratiquer la médecine à quelques mois de la fin de leurs études pour certains et de surcroit, en pleine période de blocus.

Le CIUM est déçu que le Parlement de la FWB ait fini par se plier aux conditions de la Flandre alors que la situation au nord du pays est fort différente.“Il est regrettable que les étudiants en médecine payent les pots cassés d’une guéguerre communautaire.”

“Cependant, nous ne baisserons pas les armes,” promet le CIUM “si nos INAMIs ne nous sont pas garantis malgré l’installation d’un système de sélection obsolète et démagogique, nous entamerons des actions interuniversitaires fortes.

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