Plus de huit médecins sur 10 déjà victimes de violence

 

Environ 84,4% des médecins, le plus souvent des femmes, ont, au cours de leur carrière, rencontré au moins une fois l’une ou l’autre forme de violence exercée par un patient. Ces chiffres sont issus d’une enquête à laquelle plus de 3.700 médecins ont participé, conduite pour sa thèse par le doctorant Lennart De Jager (VUB). 

Ce travail constituait en fait la fameuse enquête accréditée sur la violence à l’encontre des médecins réalisée par la VUB, en étroite synergie avec l'Ordre et le PRaag (le groupe d'action Patrick Roelandt, du nom de ce MG flamand assassiné fin 2015 lors d’une visite à domicile). Le but était de récolter, pour la Belgique, des informations à jour à propos des diverses formes d’agressions et de violences essuyées par le corps médical. Les experts pourront, à partir de ces données, mieux cerner les profils des auteurs des faits, les circonstances dangereuses et les catalyseurs de la violence.

Les femmes sont proportionnellement plus touchées par le phénomène: 86,8%, contre 82,1% dans les rangs des médecins masculins. Dans la typologie des agressions, la violence verbale l’emporte largement, avec 77,2%, suivie de la violence psychologique (41,7%), de la violence physique (24,2%) et de la violence sexuelle (10,1%).

36,8% des médecins répondants déclaraient avoir subi une agression ou de la violence dans le cadre de la relation médecin-patient pas plus tard que l’an dernier. Ici aussi, l’auteur a relevé une prédominance de la violence verbale.

La violence psychologique, comme le chantage, et la violence sexuelle se manifestent davantage auprès des femmes médecins ; la violence physique intervient surtout chez leurs collègues masculins.

Les médecins dont l’activité principale se situe hors de la sphère hospitalière sont plus souvent confrontés à des manifestations agressives (85,4%) que leurs homologues exerçant au sein d’un hôpital (83,0%). Le service des urgences et les institutions psychiatriques apparaissent comme les endroits où l’on risque le plus de rencontrer de la violence de la part de patients, relève Lennart De Jager.

Que par sa taille l’échantillon ne soit peut-être pas représentatif de la communauté médicale dans son ensemble n’empêche pas, selon lui, d’atteindre les buts premiers de la thèse. «Le plus important était de caractériser tant les victimes que les agresseurs. Sur ce plan, l’enquête est représentative», ajoute son promoteur, le professeur flamand Dirk Devroey.

L’agresseur est souvent un patient que le médecin connaît, le plus souvent un homme, âgé de 20 à 59 ans, vivant souvent en concubinage et possiblement connu pour des antécédents psychiatriques. 

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