A ce jour, le Conseil supérieur de la santé maintient à l’identique, pour la saison grippale 2015-2016, les groupes cibles prioritaires pour la vaccination. Il promet un avis circonstancié lié à l’évolution annoncée de l’offre vaccinale, puisque deux produits tétravalents – inactivé ou vivant atténué, injectable ou nasal – font leur entrée. 

Chaque année, un groupe de travail spécifique du Conseil supérieur de la santé (CSS) – qui mêle traditionnellement des compétences en infectiologie, vaccinologie, virologie, pédiatrie, gériatrie, médecine générale… – se livre à un exercice récurrent: apprécier si, pour la saison grippale qui suit, il y a lieu de remodeler les groupes désignés comme prioritaires pour la vaccination.

Verdict en prévision de la saison froide 2015-2016? On prend les mêmes (que lors des saisons précédentes) et on recommence. L’équipe d’experts placée sous la houlette de l’infectiologue Yves Van Laethem (ULB) a en effet décidé à l’issue de ses travaux documentés de ne pas s’écarter pour l’instant des recommandations relatives aux groupes cibles de la vaccination contre la grippe saisonnière. Bien sûr, le CSS «suivra l’évolution de la grippe saisonnière dans l’hémisphère sud et émettra, si nécessaire, des recommandations complémentaires, notamment au sujet de la vaccination des enfants».

Rappelons donc ces groupes cibles tels que repris dans un tout récent avis du CSS

Groupe 1: les personnes à risque de complications à savoir:

• les femmes enceintes qui seront au deuxième ou troisième trimestre de grossesse au moment de la saison de la grippe. Elles seront vaccinées dès le deuxième trimestre de leur grossesse;

• tout patient à partir de l’âge de 6 mois présentant une affection chronique sous-jacente, même stabilisée, d’origine pulmonaire (incluant l’asthme sévère 1), cardiaque (excepté l’hypertension), hépatique, rénale, métabolique (incluant le diabète), neuromusculaire ou des troubles immunitaires (naturels ou induits);

• toute personne de 65 ans et plus;

• les personnes séjournant en institution;

• les enfants de 6 mois à 18 ans compris sous thérapie à l’aspirine au long cours.

Groupe 2: le personnel du secteur de la santé.

Groupe 3: les personnes vivant sous le même toit que

• des personnes à risque du groupe 1;

• des enfants de moins de 6 mois.

Mais encore…

Deux précisions supplémentaires du CSS. Primo, il est également conseillé de vacciner tous les 50-64 ans, en ce compris les individus non affectés d’une pathologie à risque telle qu’énumérée dans le groupe 1. Leur âge les expose en effet à un risque accru de complications en cas de grippe et, de plus, il y a une «chance» sur trois pour qu’ils présentent au moins un facteur augmentant ce risque (et de citer le tabagisme, l’obésité (BMI> 30) et la consommation excessive d’alcool). Secundo, pour limiter le risque de réassortiment viral dès lors qu’il y a chez nous risque de co-circulation de souches animales et humaines, le CSS préconise de proposer la vaccination saisonnière aux groupes professionnels en contact avec des volailles et des porcs vivants, à commencer par les éleveurs et leurs proches.

Enfin, le CSS anticipe une modification de l’offre en vaccins pour la saison 2015-2016, avec l’arrivée sur le marché de vaccin quadrivalent vivant atténué ou de vaccin quadrivalent inactivé (*). Il promet un avis circonstancié sur les groupes cibles et les vaccins disponibles. «Ces vaccins (*) pourraient peut-être apporter un bénéfice en cas d’épidémie saisonnière durant laquelle les deux souches B co-circuleraient de manière significative ou d’un choix inadéquat de la souche B dans le vaccin trivalent», indique le CSS. «Ils ne pourraient par contre pas circonscrire les problèmes rencontrés par la mauvaise adéquation entre les souches vaccinales de type A (H1N1 ou H3N2) et celles responsables de l’épidémie de grippe saisonnière (comme ce fut le cas en 2014-2015).»