Le Premier ministre Bart De Wever ne prononcera pas le traditionnel discours de politique générale à la Chambre mardi. Le gouvernement réuni en comité restreint lundi a décidé de se donner une semaine de plus pour trouver un accord sur le budget 2026, a-t-on appris de plusieurs sources.
Dans le style ironique qu'il affectionne, le Premier ministre Bart De Wever a paraphrasé l'un de ses illustres prédécesseurs, Leo Tindemans. "Je vais chez le Roi. Le budget n'est pas un chiffon de papier", a-t-il commenté à l'issue de la réunion, et avant l'audience hebdomadaire du chef du gouvernement auprès du Roi.
"On va continuer à travailler les prochains jours pour trouver un accord sur le budget 2026 et plus si possible", a indiqué le vice-Premier ministre MR, David Clarinval.
Ce report était dans l'air depuis plusieurs jours. Le week-end a été consacré à des entretiens bilatéraux et ce n'est que lundi matin, à 9h30, que le Premier ministre et les vice-Premiers se sont retrouvés ensemble, au 16 rue de la Loi, pour une réunion qui s'est achevée un peu avant midi.
Au vu du contexte financier, la confection du budget s'avère compliquée. Selon le Premier ministre, il s'agirait même de l'exercice "le plus difficile de ce siècle". Jeudi, le nationaliste flamand en appelait au "courage" des partis de la majorité face aux réformes qui s'imposent, même impopulaires. Lundi, il a rappelé les mots de l'une de ses références en politique, la Première ministre britannique Margaret Thatcher née il y a tout juste un siècle: "il n'y a pas d'alternative".
Plutôt que de recourir à un ensemble de mesures éparpillées, le chef du gouvernement privilégie quelques mesures d'ampleur. Plusieurs pistes circulent depuis quelques semaines. Bart De Wever en a soumis quatre: saut d'index, limitation de la norme de croissance des soins de santé, augmentation de la TVA, efforts accrus pour remettre au travail les malades de longue durée. Tandis que d'autres partis comme Vooruit et le CD&V mettent en avant une taxe sur les grandes fortunes et une limitation draconienne des sociétés de management. Jusqu'à présent, aucun consensus ne se dégage sur ces grands axes, ce qui bloque l'avancement des discussions et le passage à une phase plus intensive.
Le gouvernement n'a pas encore tenu les traditionnelles réunions marathons qui précèdent la confection du budget. Lundi, la réunion a duré à peine deux heures. Plusieurs ministres fédéraux étaient attendus à la base aérienne de Florennes pour l'arrivée des premiers avions de combat F-35 en Belgique, en présence du Roi.
Si le cas n'est pas fréquent, ce n'est pas la première fois dans l'histoire récente qu'un Premier ministre doit reporter son "State of the Union" devant la Chambre. En octobre 2016, Charles Michel, à la tête d'une coalition associant le MR, le CD&V, la N-VA et l'Open Vld, y avait été contraint en raison d'un désaccord sur la taxation des plus-values. Les chrétiens-démocrates avaient quitté les discussions et M. Michel n'avait prononcé sa déclaration que quelques jours plus tard.
En attendant, l'opposition a pointé du doigt la coalition Arizona. À gauche, le PS a ainsi vu dans ce report "un aveu d'échec" et le PTB l'effet de la contestation sociale, une manifestation syndicale de grande ampleur étant attendue mardi dans les rues de la capitale. Au centre, DéFI s'interrogeait sur la "consistance idéologique" de la majorité, alors qu'elle a mis huit mois à se former et négocié âprement un "accord de l'été" contenant une grande partie des réformes de la législature.
Même si la déclaration du gouvernement est reportée, la séance à la Chambre aura lieu mardi. Le PTB a déjà réclamé que le Premier ministre vienne s'expliquer sur l'absence d'accord.








