France : des ophtalmologues réclament un moratoire sur l'utilisation du LBD

Plusieurs ophtalmologues réclament au président français Emmanuel Macron un "moratoire" sur l'utilisation du lanceur de balles de défense (LBD), et s'inquiètent d'une "épidémie de blessures oculaires gravissimes" lors du mouvement des "gilets jaunes", dans un courrier publié par le Journal du dimanche.

"Une telle 'épidémie' de blessures oculaires gravissimes ne s'est jamais rencontrée", s'alarment les 35 ophtalmologues signataires, parmi lesquels des hospitaliers de renom.

Ces professionnels de santé demandent "instamment un moratoire dans l'utilisation de ces armes invalidantes au cours des actions de maintien de l'ordre".

"Notre devoir de médecin est d'alerter", a expliqué à l'AFP Bahram Bodaghi, ophtalmologiste à la Pitié-Salpétrière à Paris. "Il n'y a aucune coloration politique, c'est une démarche très humaniste".

"Les blessures oculaires survenues ces dernières semaines ne sont pas dues au hasard ou à l'inexpérience", estiment les signataires dans leur tribune, publiée car leur lettre est restée sans réponse.

Ils ont mis en place une cellule de veille sur les blessures provoquées par les LBD, qui a recensé une vingtaine de personnes ayant perdu un oeil, en lien avec la Société française d'ophtalmologie. Celle-ci avait déjà alerté en février la ministre de la Santé Agnès Buzyn.

"Le grand nombre de balles tirées avec une force cinétique conservée à longue distance et l'imprécision inhérente à cette arme devaient nécessairement entrainer un grand nombre de mutilations", poursuivent les ophtalmologues.

Plus de 13.000 tirs de lanceurs de balles de défense (LBD) ont été enregistrés depuis le début du mouvement des "gilets jaunes" en novembre, et 83 enquêtes concernant des tirs de cette arme controversée sont en cours, avait détaillé jeudi le secrétaire d'État à l'Intérieur Laurent Nuñez.

Malgré les blessures et les polémiques, le ministère de l'Intérieur défend constamment l'usage de cette arme dite "intermédiaire" dans les opérations de maintien de l'ordre. En cas de retrait, les forces de l'ordre n'auraient plus que le corps à corps ou leur arme de service pour gérer une situation qui dégénère, argue le ministère.

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