Il y a indéniablement eu un avant et un après mai 68 dans le secteur médical aussi. Comme l’explique Alain De Wever, qui avait à peine plus de vingt ans durant ces événements qu’il a donc en quelque sorte vécus en direct, mai 68 a signé la fin du mandarinat dans les hôpitaux. Ce système voyait souvent les chefs de service diriger à leur guise et fréquemment de façon arbitraire leur personnel médical, médecins aussi bien qu’internes et post-gradués.
Pour Alain De Wever, les rapports hiérarchiques dans les hôpitaux, naguère particulièrement rigides, se sont quelque peu démocratisés. Les médecins dans les hôpitaux ont cessé d’être les subordonnés dont l’avis importait peu. Tout cela aboutira finalement à cette avancée considérable que fut le statut du médecin hospitalier, imposé par Jean-Luc Dehaene, ministre des Affaires sociales de 1981 à 1984, malgré les vives réticences émanant de sa propre famille politique et notamment de Caritas Catholica. Ce qui fait dire au Pr De Wever que pour lui, Dehaene fut, avec Philippe Busquin, le meilleur ministre des Affaires sociales que nous avons eu en Belgique. Ce statut, d’importance capitale pour la profession, fut défini pour la première fois par l’Arrêté royal du 18 avril 1986.
Etablir le lien avec mai 68 peut paraître étrange, mais il s’agit là de l’aboutissement d’un processus dont les prémices sont liées aux conséquences de cette vaste remise en question de l’ordre ancien.
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