« Troisième vague ? À titre personnel, je ne suis pas rassuré » (Stéphan Mercier)

Dans les prochains jours, le personnel hospitalier pourrait devoir affronter une troisième vague. Stéphan Mercier, administrateur délégué du Groupe Jolimont, envoie un message aux responsables de la gestion de la crise : « Il ne faut surtout pas minimiser les petits chiffres qui remontent »

Depuis le début de la crise, le pôle hospitalier Jolimont affronte la crise avec un personnel motivé. « On a eu beaucoup plus de personnels touchés dans la seconde vague que lors de la  première. On a malheureusement eu un décès dans nos équipes, un médecin, comme dans la première vague. » La situation a été compliquée : «  On a réellement manqué de personnel dans la seconde vague ce qui n’avait pas été le cas de la première vague (évidemment pour celle-là, une grande partie de l’activité hospitalière avait été arrêtée). Les équipes ont été très solidaires. On a atteint 22% de taux d’absentéisme du personnel lors d’un week-end au plus fort de la seconde vague..Aujourd’hui, la situation va évidemment beaucoup mieux. »

Troisième vague

Dans les prochains jours, le personnel pourrait devoir affronter une troisième vague.  « A titre personnel, je ne suis pas rassuré. Les chiffres des derniers jours n’évoluent pas bien. On ne peut pas espérer avoir 100.000 personnes qui quittent la Belgique et que rien ne se passe après. On voit en outre que l’on a sans doute 15 jours de retard sur le variant Anglais. Cela ressemble fort à ce qu’on a vécu en septembre. »

Dans l’hôpital, on se prépare : « Hier soir, il y avait une réunion des chefs de service pour faire le point sur la seconde vague... mais on doit déjà préparer les équipes de binômes médicaux pour préparer les unités covid supplémentaires pour les prochaines semaines. »

Il adresse un message aux responsables de la gestion de cette crise.  « Il ne faut surtout pas minimiser les petits chiffres. On voudrait être rassuré... mais je ne suis pas certain que l’on prend la bonne voie. La question n’est pas d’être catastrophiste mais de prendre chaque situation au sérieux... et cela va prendre du temps avant que le vaccin ait un impact. »

Des médecins motivés par le vaccin

Heureusement tout n’est pas sombre dans cette crise. « La bonne nouvelle, c’est que la proportion de médecins qui sont prêts à se faire vacciner, est beaucoup plus importante que pour les autres vaccins. Ils vont montrer l’exemple aux autres soignants et au reste de la population. »

Vaccination : Pas d’événements indésirables 

Justement, la vaccination, Stéphan Mercier est plongé au quotidien dedans : « Pour le Hub vaccination, cela a été compliqué, comme chaque étape dans cette pandémie. Les premières informations changeaient tout le temps en provenance des autorités.  Heureusement quand on a reçu les premiers flacons, tout s’est bien mis en place et il n’y a eu aucun couac dès les premières injections. Actuellement, on n’a eu aucun événement indésirable chez les patients. Cette campagne est aussi très motivante pour les pharmaciennes hospitalières. Sur les trois agréments, on a deux hubs, l’un à Nivelles et l’autre à Jolimont. Les médecins sont contents et fiers pour l’institution. »

Le défi logistique

Il prévoit aussi la suite : « Même pour la vaccination du personnel hospitalier, on doit prévoir des volumes adaptés. L’espace le plus contraignant est la zone de repos parce qu’il faut pouvoir y avoir la bonne distanciation sociale et que cela prend vite de la place pour garder une bonne surveillance d’un quart d’heure ou une demi heure après chaque vaccination. »

Suivi de santé mentale 

En attendant, il n’oublie pas son personnel : « On poursuit le suivi de santé mentale. On a heureusement reçu un financement complémentaire. Récemment j’ai encore rencontré une infirmière qui a été au front lors de la première vague et on se rend compte que ce n’est pas digéré. Cela reste un traumatisme : la manière dont les décès se sont enchaînés et la manière dont il a fallu mettre les patients morts dans des double housses... même les soignants les plus aguerris sont touchés. Certains soignants vont avoir des difficultés à vivre avec cela à long terme. »

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Derniers commentaires

  • Alain Bachy

    14 janvier 2021

    A titre personnel, je ne suis pas trop inquiet d'une troisième vague. Les personnes ayant fait une infection Covid et les vaccinées vont diminuer le risque de contamination quand bien même l'immunité de groupe n'est acquise.

  • Marc BEAUDUIN

    14 janvier 2021

    Bonne analyse rappelant que l’hôpital , c’est un « tout » qui affronte une situation sanitaire inédite ... bravo au corps soignant en passant
    Marc Beauduin MD, PhD