“Deuxième vague ou pas, l’hôpital va changer” (Paul d'Otreppe)

“ La crise sanitaire est une opportunité de changement ”  selon Paul d’Otreppe, le président de l’ABDH, association belge des directeurs d’hôpitaux. Des acteurs de terrain, directeurs d’hôpitaux et médecins y travaillent.

Aujourd’hui, la crise sanitaire pourrait accélérer certaines réformes dans les soins de santé. Des acteurs de terrain, directeurs d’hôpitaux et médecins y travaillent. Une réflexion est en cours pour analyser et comprendre ce qui a fait les forces et les faiblesses de notre système. Elle se penche sur l’évolution du financement hospitalier au regard des expériences étrangères réussies dans ce domaine comme le reconnaît Paul d’Otreppe, le président de l’ABDH : « Nous pouvons remercier les soignants de première ligne sur leur réactivité, nous pouvons mettre en avant la solidarité présente, nous pouvons souligner la chance que nous avons eu de ne pas avoir été débordé...mais au final si un élément transparaît chaque jour c’est que quelque chose n’a toutefois pas bien fonctionné dans notre système de santé au regard de l’expérience récente de cette pandémie. »

Pas de retour en arrière

Cette réflexion se veut un pas en avant indispensable : « Certains rêvent d’un simple retour en arrière, mais difficile de nier l’évidence d’une inévitable remise en question et de l’importance de rapidement mettre en œuvre les mesures nécessaires. » Pour lui, c’est comme pour la vidéo-conférence ou la télémédecine, « on n’en voulait pas et maintenant tout le monde est prêt et intéressé. Ce sera la même chose pour la digitalisation. Il faut donc aussi mettre un financement correct en place...il faut un système qui invite tout le monde vers le meilleur système pour le patient et la qualité des soins.» 

Avoir une ligne directrice

Pour lui, une analyse en profondeur est nécessaire. Une étude est donc en cours pour asseoir cette réflexion : “ On se retrouve à discuter de financement des acteurs de la santé en plein milieu de la crise comme si on parlait de la réforme des pompiers en plein milieu de l’incendie… “

Pour Paul d’Otreppe il faut l’alignement des acteurs et ne plus dire que l’on va à gauche et aller à droite. Avec la covid, on a comparé les acteurs des autres pays (comme la France, la Suisse, l’Allemagne...). C’est l’occasion d’aller plus loin.” Il y a une leçon à prendre de ce contexte particulier que l’on vient de vivre. On ne repartira pas comme avant. ”

Un cadre budgétaire global

Pour le président de l’ABDH , il faut objectiver la réalité de terrain. Ecouter les acteurs est un must absolu (anticipation de ces événement prévisibles, préparation coordonnée des solutions, disposer des moyens nécessaires au bon endroit et au bon moment, la rémunération des acteurs,…) mais il faut contextualiser ces problèmes dans un cadre général d’une réalité de contraintes que l’on ne peut cependant nier (un cadre budgétaire global responsabilisant, des soins de santé essentiels mais pas à n’importe quel prix, une notion de responsabilisation des acteurs utilisant des moyens publics,…) 

En attendant, les hôpitaux se préparent depuis quelques semaines à une deuxième vague. Arrivera-t-elle ou pas ? « Pour la deuxième vague, on sait que l’anticipation joue beaucoup. Plus on se prépare mieux on sera armé. Certain trouvent que l’on va peut-être trop loin. On parle de diabolisation moi je trouve que le process est mieux maîtrisé. »

Une leçon de gestion

Ce coronavirus va en tout cas changer en profondeur le fonctionnement de l’hôpital : «  Plus personne ne se pose la question de fermer l’hôpital en cas d’évolution de la deuxième vague. Aujourd’hui, on sait que l’on va devoir faire coexister une maladie infectieuse dans une vie d’hôpital classique. Cela va devenir la norme. Dans le projet d’hôpital, la pandémie devient bien un aspect de la gestion d’hôpital. Evidemment, il y a plein de question qui restent  en suspens. Est-ce que dans le cadre des réseaux, tout va sur un seul site pour la pandémie ? Gère-t-on plutôt cela de manière transversale ? On est dans un phénomène d’apprentissage pour lequel on avance bien. » 

Vraisemblablement la pandémie pourrait donner une fameuse leçon de gestion à l’ensemble des acteurs.  

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