Le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke (Vooruit) a adressé une lettre de mission à l’Inami afin de fixer le cadre budgétaire des soins de santé pour 2026. Le document, approuvé par le gouvernement le 17 juillet et que Medi-Sphère et Le Spécialiste ont pu se procurer, demande un effort global de 907 millions d’euros, avec un accent mis sur la maîtrise des dépenses pharmaceutiques, la réorganisation des soins, l’optimisation des services de garde , la limitation des maisons médicales et la réduction des soins inutiles en fin de vie .
La norme de croissance des soins de santé reste fixée à 2 % pour 2026, ce qui portera le budget total à 41,579 milliards d’euros. « Sans mesures supplémentaires, nous nous dirigeons vers un déficit de 493,5 millions d’euros », avertit Frank Vandenbroucke.
Un ensemble de 264 millions d’euros de mesures est déjà acté, mais l’effort doit être complété par 275 millions d’économies dans le budget pharmaceutique, 25 millions à charge des mutualités , 200 millions sur les prestations médicales et hospitalières et près de 249 millions d’euros provenant de mesures structurelles complémentaires.
Médicaments : 433 millions d’économies
Le secteur pharmaceutique concentre un effort de 433 millions d’euros, répartis entre 158 millions de mesures déjà actées et 275 millions d’économies supplémentaires à mettre en œuvre en 2026.
Les mesures déjà approuvées comprennent notamment le mécanisme de claw forward (80,3 millions) et diverses révisions de prix et de remboursement pour un montant d’environ 77,7 millions d’euros.
Les nouvelles économies, estimées à 275 millions d’euros, reposent sur plusieurs leviers. « Il arrive encore trop souvent que les médicaments ne soient pas utilisés correctement, et parfois même de manière complètement erronée », déplore Frank Vandenbroucke. Les antiacides, dont la consommation a triplé entre 2004 et 2017, coûtent 130 millions d’euros par an à l’Inami ; leur rationalisation doit permettre de récupérer 53,9 millions d’euros. Les statines, prescrites à plus d’un quart des plus de 40 ans, sont également visées : 88 % des utilisateurs n’ont pas d’antécédents cardiovasculaires, ce qui justifie une économie estimée à 87 millions d’euros.
Pour encourager un usage plus rationnel, le gouvernement introduit un ticket modérateur de 1 euro par boîte pour les bénéficiaires de l’intervention majorée et de 2 euros pour les autres, pour un rendement attendu de 26 millions d’euros. Le plan prévoit aussi de renforcer la prescription de génériques et de biosimilaires et de mieux encadrer les remises dans les pharmacies hospitalières et publiques, afin de générer plus de 100 millions d’euros d’économies supplémentaires. Les recettes dégagées serviront en partie à financer un nouveau système d’accès rapide et précoce aux médicaments innovants.
Prestations médicales : 150 millions d’euros ciblés
La lettre de mission met en cause le recours trop fréquent à l’imagerie médicale. Malgré des recommandations, « l’utilisation du CT-scan reste exceptionnellement élevée en Belgique, avec une fréquence supérieure de 40 % à la moyenne européenne », est-il précisé.
Des économies sont également envisagées dans le suivi des patients après traitement oncologique, dans les tests de biologie clinique (vitamines, D-dimères), ainsi que dans certaines chirurgies comme celles liées à l’arthrose du genou, jugées excessives par rapport aux normes de qualité.
Réorganisation des hôpitaux : 50 millions d’euros
La lettre souligne la nécessité d’une réorientation vers des soins « plus ambulatoires, plus proches du patient et adaptés aux besoins médicaux ». Le développement de l’hospitalisation de jour et la diminution des lits d’hôpitaux aigus pourraient permettre une économie de 50 millions d’euros, tout en finançant la croissance des soins à domicile.
Des prestations techniques, aujourd’hui facturées comme hospitalisation de jour, pourraient être transférées vers l’ambulatoire. « Nous demandons la suppression des forfaits pour ces interventions lorsque la sécurité et l’efficacité sont garanties hors hôpital », est-il précisé.
Mutualités et mesures structurelles complémentaires
En plus des économies sur les médicaments, les prestations médicales et les hôpitaux, la lettre de mission prévoit 25 millions d’euros à charge des mutualités, principalement via une rationalisation des coûts administratifs et des flux de gestion entre assureurs.
Le solde des économies, soit près de 249 millions d’euros, provient de mesures structurelles complémentaires, notamment la réduction des actes redondants en biologie clinique, la révision de certains forfaits techniques, la lutte contre la surmédicalisation en fin de vie et l’optimisation de l’organisation des postes de garde, du triage 1733 et des téléconsultations. Ces mesures transversales doivent contribuer à améliorer l’efficience globale du système sans compromettre l’accès aux soins.
Organisation des gardes, 1733 et téléconsultation
La lettre de mission met un accent particulier sur l’optimisation des postes de garde des médecins généralistes. Le gouvernement prévoit d’introduire des téléconsultations dans ces services, en complément du triage via le numéro 1733.
Frank Vandenbroucke demande que ce dispositif de triage soit généralisé d’ici le 1er juillet 2026 à l’ensemble des postes de garde, en concertation avec le ministre de l’Intérieur. Si les engagements de financement des postes de garde ne sont pas suffisants, une alternative consisterait à déléguer le triage aux médecins eux-mêmes, financés en conséquence. Un triage contraignant sera également développé dans les services d’urgence afin d’éviter les consultations non urgentes.
Maisons médicales et fin de vie
Le ministre évoque des signes d’abus dans certaines maisons médicales qui « considèrent le système comme un modèle de revenus ». Si la croissance maximale est atteinte en 2026, aucune nouvelle maison médicale ne sera autorisée temporairement.
Concernant la fin de vie, un groupe de travail associant médecins, infirmiers, organismes assureurs et représentants de patients devra, d’ici le 30 juin 2026, formuler des propositions « concrètes et réalistes » pour réduire les soins inutiles dans la phase terminale.
Priorités politiques
Le gouvernement veut renforcer les soins de première ligne, améliorer la coordination des parcours de soins et accroître l’efficacité des systèmes de triage en médecine générale et dans les services d’urgence. Une attention particulière est accordée aux soins dentaires, à la kinésithérapie et au rôle des sages-femmes dans les parcours périnataux.
« L’année 2026 sera une année charnière pour remettre le budget des soins de santé sur les rails et dégager des marges pour investir dans le personnel soignant dans la seconde moitié de la législature », insiste Frank Vandenbroucke dans cette lettre.
> Découvrir la lettre de mission









Derniers commentaires
Pino CUSUMANO
26 juillet 2025Si le 1er avait les mains libres ne pensez vous pas qu’il abonderait dans votre sens?
Mr VDB quelques pistes :
- avec la digitalisation eattest, efact, erecipe, civars, bientôt les certificat pourquoi maintenir le budget des mutuelles qui gagnent largement leur vie avec leurs pharmacies, leurs opticiens, leurs soins à domiciles et surtout les assurances qu’ils vendent à leurs affiliés mais à qui il conseillent surtout de pas aller en chambre seule …….
- le médicament oncologique : des prix pharaoniques pour gagner 4 moi (i.e. Immunothérapie).Dans certains cancers la chirurgie et la radiothérapie assurent la survie pour 60 à 80 % quand la chimiothérapie, l’hormonothérapie, les thérapies ciblées et l’immunothérapie arrivent à peine à 10-15%.
Oui on a doublé la survie du patient métastatique mais à quel prix en terme de qualité de vie. Si on doit revoir le remboursement, il faut aussi limiter la durée d’utilisation et stop au lobbying de publications dont le peer review et supervisé par les oncologues et le études par le pharma.
- beaucoup d’autres pistes existent mais il faut maintenir le principe de la concertation discipline par discipline et accroître les capacités du SECM pour mettre à pied les surprescripteur
Francois Planchon
25 juillet 2025Le gouvernement devrait l'engager pour mettre fin à la multiplication surréaliste des niveaux de pouvoir en Belgique : c'est là que notre pays "flambe" une large part des impôts, en se rendant ingouvernable...
D'accord pour rationaliser et réaliser des économies, MAIS qu'on commence parles donneurs de leçons !
4 exemples "provocants" parmi beaucoup d'autres :
- 3 régions et 3 codes de la route, 3 ministères au lieu d'un seul... et le chaos pour les automobilistes...
Est-ce normal qu'une route qui franchit 2 fois la frontière linguistique du côté des Fourons ou entre Liège et Tongeren voit sa vitesse maximum varier 3 fois, de 90 à 70 puis à 90... alors que c'est la même chaussée !
- abattage sans étourdissement préalable : autorisé à Bxl et interdit en Flandre et en Wallonie ? Difficile de se ridiculiser plus que cela : par contre même pas un mot sur la consommation de cette viande dans les 2 régions où cet abattage est interdit, surtout dans les services publics comme les écoles, les prisons, les hôpitaux.... La seule différence est la multiplication des transports, et des abattoirs Bruxellois où tout est abattu sans étourdissement pour fournir les 2 filières de boucheries, SANS en avertir les consommateurs, bien entendu... On a un tabou soigneusement préservé sur le sujet... Pas un mot non plus sur les risques accrus de contamination dans la filière "halal" à cause du risque d'aspiration des liquides contaminés par la trachée qui continue de "respirer" après avoir été tranchée... En abattage classique, cette carcasse serait déclarée, avec justesse, impropre à la consommation... mais dans l'autre filière, pas de problème... et ses surplus sont écoulés dans la filière classique, ni vu ni connu... avec une omerta généralisée : malheur à celui qui oserait la transgresser... (j'ai un ami boucher en gros qui a peur d'en parler.. et qui détourne la conversation quand on lui pose la question, allant même jusqu'à dire que celui qui en parlerait serait en danger, tant les intérêts financiers sont énormes pour écouler les surplus des filières "halal").
- 3 régions, 3 régimes d'allocations familiales... A quoi on joue ?
- Pendant le Covid, les citoyens ont découvert en riant jaune qu'il y avait jusqu'à 9 "ministres de la santé" (et donc 9 ministères..) qui pataugeaient pour tenter de se coordonner.... C'était pathétique et ridicule : on a raté l'occasion d'une rationalisation et d'économies colossales... Au passage, soulignons qu'au moment où les Wallons pouvaient demander leur 5 ème dose de vaccins, les Flamands pouvaient demander leur 6ème dose.. (j'ai des amis en Flandre qui l'ont confirmé..) et PERSONNE n'a relevé cette différence de gestion, très coûteuse, d'autant plus ridicule qu'on a détruit, si mon souvenir est bon, 9 millions de doses....
Alors, ou bien 5 doses étaient suffisantes et justifiées et on a gaspillé les impôts... ou bien 6 étaient nécessaires et on a volontairement mis en danger les wallons... Et ne parlons pas de Bxl où la gestion de la vaccination a été chaotique - le mot est même faible...
Conslusion : avoir triplé les ministères et administrations chargées de gérer des matières que le simple bon sens désigne comme d'intérêt commun national, c'est un gaspillage surréaliste....
Et là, pas un mot alors que des économies colossales pourraient être réalisées là où le simple bon sens, une simple logique de bonne gestion, plaident pour le retour à une seule structure fédérale !
Maintenir ces ruineuses absurdités d'une main, et vouloir "faire des économies" sur les soins de santé de l'autre, c'est vraiment provoquant !
Et quand celui qui en est le porte parole a, dans un passé récent, décidé de brûler une preuve judiciaire (plusieurs millions "en liquide", non comptabilisés dans les comptes de son parti, provenant de pots de vin de l'affaire Agusta), la provocation est encore plus choquante !
Pourquoi le corps médical ne réagit-il pas en exigeant que l'état cesse cette multiplication ruineuse, et paralysante, des niveaux de pouvoir AVANT toute autres coupes budgétaires ?
Une entreprise en quasi faillite ne va pas multiplier le nombre de "directions" pour résoudre ses problèmes : cela précipiterait sa chute.... ! La Belgique, elle, l'a fait !