Les syndicats infirmiers dénoncent l'absence de concertation en début de crise sanitaire

Les représentants du secteur infirmier ont fustigé lundi l'absence de considération manifesté par le (précédent) gouvernement à l'égard de cette profession au début de la crise sanitaire et le manque de concertation de la part de la ministre de la Santé publique de l'époque, Maggie De Block.

Il y a eu "absence de concertation sur beaucoup de sujets", a affirmé le porte-parole de l'Union générale des Infirmiers de Belgique (UGIB), Adrien Dufour, lors d'une audition devant la commission spéciale Covid de la Chambre qui a donné la parole aux syndicats et à la principale association professionnelle.

"Et pourtant les infirmiers représentent le premier rempart dans tous les différents domaines d'exercice", a ajouté M. Dufour devant la "commission spéciale chargée d'examiner la gestion de l'épidémie de Covid-19 par la Belgique".

Il a notamment dénoncé l'absence d'experts infirmiers dans les différents groupes de travail qui ont accompagné les prises de décision politiques. "Ce qui pour nous nécessite une adaptation sur le terrain de règles pour lesquelles nous n'avons pas été concertés", a-t-il dit.

Une constatation - l'absence de prise en compte de la profession - également faite par des représentants des syndicats.

"Il n'y a eu aucune concertation avec le gouvernement pendant toute la première vague de la pandémie" causée par le nouveau coronavirus, a déclaré le secrétaire national du non-marchand à la Centrale nationale des Employés (CNE), Yves Hellendorf, en rappelant que la ministre de la Santé de l'époque, Maggie De Block (Open Vld), avait déjà snobé les syndicats lors de la réforme des hôpitaux.

"Aucune réponse à nos demandes de concertation, même quand la demande était posée paritairement, avec les employeurs du secteur. Nous avons été, comme représentants des travailleurs, totalement niés, oubliés ou même contournés par le gouvernement. C'était la période du dogme scientifico-économique. Les politiques se cachaient derrière les scientifiques et les décisions se prenaient sur le seul équilibre scientifique/économique", a-t-il ajouté.

M. Dufour a aussi fustigé la communication confuse en matière de directives adressées aux médecins et para-médicaux actifs dans les hôpitaux, dans les maisons de repos et de soins, ainsi que ceux pratiquant à domicile.

"Trop de donneurs d'ordres, trop de messages, pas de cohérence", a-t-il dit en dénonçant la déconnexion avec le terrain.

Selon M. Dufour, les autorités ont également sous-évalué la gestion de la détresse émotionnelle des soignants. "Sur le terrain, nous avons toute une série de gens qui nous signalent avoir des troubles du sommeil et de l'anxiété. Ce qui probablement va avoir un effet boule de neige dans les mois qui viennent, avec un absentéisme qui va probablement augmenter".

"Il y avait des pénuries pré-existantes (...) et donc on s'est retrouvé dans des situations où l'encadrement initial était tout juste que pour pouvoir couvrir les besoins et donc quand on est rentré dans la phase de pandémie, cela a été important", a pour sa part souligné le secrétaire de l'AUVB-UGIB-AKVB, Yves Maule, un infirmier spécialisé. Un certain nombre d'infirmiers et d'infirmières ont également été touchés par le Covid et ont donc dû arrêter de travailler.

Un représentant du syndicat libéral CGSLB-ACLVB, Gert Van Hees, a abondé dans ce sens.

"Nous pouvons être fiers de notre système de santé belge, mais offrir des soins en continu à un rythme élevé a des conséquences. La charge de travail n'est pas évidente", a-t-il souligné.

"On a oublié que les travailleurs des soins de santé doivent aussi rester en bonne santé", a renchéri la secrétaire fédéral du Setca-BBTK, Nathalie Lionnet.

Les représentants des travailleurs du secteur ont enfin demandé au gouvernement fédéral de concrétiser le refinancement promis.

Le gouvernement De Croo a signé en novembre avec les les partenaires sociaux du secteur des soins de santé un accord prévoyant une enveloppe de 600 millions d'euros pour revaloriser les salaires et améliorer les conditions de travail.

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