Des chercheurs décryptent une interaction entre cellules immunitaires et cancéreuses

Une équipe de chercheurs de l'ULB et de l'ULg, sous la direction du professeur François Fuks (ULB) et du professeur Agnès Noël (ULg), a récemment abouti à une avancée intéressante dans la compréhension de l'interaction entre les cellules immunitaires et les cellules cancéreuses, qui fait l'objet d'une publication, dans la revue Science Advances. Les conclusions de la recherche renforcent l'idée qu'il serait intéressant de combiner immunothérapie et médicaments épigénétiques dans le traitement de certains cancers, une piste explorée par ailleurs par d'autres laboratoires.

L'équipe ULB-ULg s'était a priori concentrée sur les cancers du sein, dont certaines formes restent actuellement très difficiles à traiter. Mais le mécanisme mis au jour, impliquant cellules immunitaires et enzymes jouant un rôle clé dans le développement des tumeurs, est également valable pour «plus d'une dizaine de cancers supplémentaires, tels que les cancers des ovaires, des poumons, de la thyroïde, ou encore le mélanome», communique l'ULB mercredi.

«Comme on le sait déjà, le système immunitaire est une arme à double tranchant, qui peut être détournée par les cellules cancéreuses pour proliférer», explique François Fuks, Directeur du Centre de Recherche sur le Cancer et du Laboratoire d'Epigénétique du Cancer à l'ULB. Or, son équipe a démontré qu'il y a une corrélation entre l'expression d'une protéine particulière, l'enzyme Tet1, et l'infiltration immunitaire dans les cellules cancéreuses.

En présence de certaines cellules immunitaires dans la tumeur, l'enzyme Tet1 se voit dérégulée. Son expression est diminuée, et cette évolution affecte, dans les cas étudiés, le pronostic de survie des patientes. L'explication de ce nouveau lien entre immunité et cancer permet de renforcer une piste déjà évoquée: celle «d'améliorer l'immunothérapie en jouant sur l'épigénétique», c'est-à-dire l'activité des gènes en dehors de toute modification de la séquence d'ADN. Spécificité de cette activité épigénétique: ces altérations sont réversibles. «Nous pouvons tenter de rétablir l'expression de Tet1, avec des traitements épigénétiques», suggère concrètement François Fuks. En combinaison avec l'immunothérapie, cette piste semble particulièrement intéressante «pour certains sous-groupes de cancers du sein, dont les plus agressifs», dans lesquels le mécanisme d'interaction entre immunitaire et expression de l'enzyme a été clairement observé, précise-t-il.

A noter que les travaux ont été financés partiellement par des fonds du Télévie, le FNRS et un budget régional wallon. L'étude a impliqué des chercheurs rattachés à l'ULB, l'équipe du Laboratoire de Biologie des Tumeurs et Développement du Pr. Agnès Noël (Université de Liège), mais aussi des équipes de l'Institut Bordet.

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