Mme De Block conteste que la Sécu ait perdu un demi-milliard d'euros avec le Lucentis

La ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, Maggie De Block, a contesté lundi que la sécurité sociale ait perdu au cours des dernières années un demi-milliard d'euros parce qu'un médicament bon marché contre la cécité des personnes âgées n'a pas été remboursé, au profit d'une variante plus onéreuse, comme l'affirmaient deux journaux flamands.

"La sécurité sociale ne dépense pas 500 millions d'euros de trop. Grâce à une procédure contractuelle, nous avons pu réduire le prix afin que le traitement avec (le médicament du groupe pharmaceutique suisse Novartis, ndlr) Lucentis ait un coût identique à celui de l'Avastin (produit par le laboratoire, lui aussi suisse, Roche). Il ne s'agit donc pas du tout de dépenses supplémentaires pour le gouvernement, et encore moins d'un demi-milliard", a assuré la ministre démissionnaire dans un communiqué.

"Les patients ont en outre désormais la certitude absolue que leur traitement est sans danger", a ajouté Mme De Block.

Selon elle, l'utilisation off-label de l'autre médicament - c'est-à-dire l'utilisation pour un état pathologique différent de celui pour lequel le médicament a été développé - n'avait pas cette certitude. En 2015, les experts de l'Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (Afmps) ont analysé en profondeur toutes les données scientifiques relatives aux deux médicaments et sont arrivés à cette conclusion.

"Ce que j'ai donc fait, c'est rembourser un médicament sûr pour les personnes qui risquent de devenir aveugles. C'est ma responsabilité en tant que ministre de la Santé publique", a souligné Mme De Block en réponse à des articles publiés lundi par les journaux 'Het Laatste Nieuws' et 'De Morgen'.

Plusieurs groupes de l'opposition à la Chambre réclament des explications. La députée Catherine Fonck (cdH) a fait remarquer qu'elle interpelle la ministre depuis plusieurs années sur le non-remboursement de l'Avastin et déplore l'absence d'initiatives de celle-ci.

Le PTB demande que Mme De Block rende des comptes au parlement. La députée Sofie Merckx a dénoncé ce qui lui apparaît comme la nouvelle manifestation du pouvoir de l'industrie pharmaceutique, en particulier du groupe Novartis.

Le sp.a a demandé quant à lui la réunion des commissions de la Santé et de l'Economie de la Chambre.

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Derniers commentaires

  • Harry DORCHY

    08 octobre 2019

    Lobbying des onéreux « pompistes » aux dépens de l'INAMI

    Il est assez étrange (?) que l'INAMI/RIZIV s'obstine à dépenser inutilement des sommes considérables en remboursant systématiquement l'utilisation des onéreuses pompes à insuline sans exiger de meilleurs résultats en termes de qualité, donc d’HbA1c notamment. En tant que pédiatre-diabétologue, je résume les résultats d’études pédiatriques internationales, d’une étude en Belgique et d’une autre en France.

    Les conclusions des études du Hvidoere International Study Group on Childhood Diabetes (comparaisons internationales des taux d'HbA1c dans une vingtaine de pays industrialisés d'Europe -dont l'HUDERF à Bruxelles-, d'Amérique du Nord, du Japon et d'Australie) prouvent que la pompe à insuline est loin d’être la panacée (1). Cameron et al constatent: « The one center that has consistently had the lowest HbA1c values from 1995 to 2009” is in Brussels with a mean HbA1c (upper normal limit: 6.3% or 45 mmol/mol) of 7.3 and 7.4% (56 and 57 mmol/mol) ». Ils concluent: “The Hvidoere member in question is highly charismatic and has a very prescriptive, "recipe"-based approach to managing diabetes in his clinic (2). He prescribes mostly twice-daily free mixing injections of insulin and eschews, a flexible approach to dietary intake. This does not appear to be at the expense of either hypoglycemia or QOL in his patient group. Although many aspects of his practice are shared by other Hvidoere members, it has proved very difficult to translate this total approach into other contexts for a variety of reasons. However, this experience is emblematic that consistently excellent outcomes can be achieved by simple, "non-intensive" insulin regimens that are underpinned by a strong philosophy of care... Perhaps the conclusions relating the best clinical practice drawn from the entire body of work of the Hvidoere studies can be best summarized as -be dogmatic about outcome but flexible in approach ».

    En Belgique, la comparaison des taux d'HbA1c, dans 12 centres de diabétologie pédiatrique, chez 974 enfants et adolescents de moins de 18 ans avec un DT1, montre que le taux le plus élevé est dans le groupe traité par pompe à insuline (3). « The freemix 2 regimen (7.5 % or 58 mmol/mol) was significantly lower than the basal-bolus regimen (7.7 % or 61 mmol/mol) and the CSII (pumps) (7.9 % or 63 mmol/mol) regimens ».

    Dans une étude française incluant 4293 enfants et adolescents participant à des colonies de vacances éducatives de l’Aide aux Jeunes diabétiques entre 2009 et 2014, le pourcentage de jeunes diabétiques traités par pompes à insuline augmente jusqu’à 45% (4). Pourtant il n’y a pas de différence quant aux taux d’HbA1c entre les traitement par pompes (8.12 ± 1.09%), par basal-bolus (8.32 ± 1.33%) et par 2 ou 3 injections (8.18 ± 1.28%). En revanche l’HbA1c était plus élevée chez ceux qui utilisent des « premixed insulins ». Soyons fiers, car en Belgique, les taux d’HbA1c sont meilleurs quel que soit le traitement !

    Il est paradoxal que l’INAMI/RIZIV verse mensuellement un supplément de plus de 200 €, par rapport au forfait de la convention de diabétologie soit, au total 381,79 € par patient et par mois et donc 4.581,48 € (au lieu de 2.197,92 pour les autres insulino-thérapies) par an! C’est du gaspillage financier dans bien des cas si on ne doit pas prouver qu'on améliore l'HbA1c et la qualité de vie avec une pompe (orthèse peu esthétique empêchant certaines activités sportives) par rapport à une insulinothérapie moins coûteuse et aussi, voire plus efficace !

    Quelques millions d’économie à faire si on inclut les adultes avec un DT1. Mais il faut lutter contre le lobbying des fabricants des très chères pompes qui arrosent aussi certains diabétologues qui doivent se rendre dans des congrès (indispensables pour présenter une recherche ou pour poursuivre une formation continue) non payés par l’hôpital ou l’Université!

    Références
    1. Cameron FJ, de Beaufort C, Aanstoot HJ, Hoey H, Lange K, Castano L, Mortensen HB : Lessons from the Hvidoere International Study Group on childhood diabetes: be dogmatic about outcome and flexible in approach. Pediatric Diabetes 2013; 14 :473-80.
    2. Dorchy H. One center in Brussels has consistently had the lowest HbA1c values in the 4 studies (1994-2009) by the Hvidoere International Study Group on Childhood Diabetes: What are the "recipes"? World Journal of Diabetes 2015; 6: 1-7.
    3. Doggen K, Debacker N, Beckers D, Casteels K, Coeckelberghs M, Dooms L, Dorchy H, Lebrethon M, Logghe K, Maes M, Massa G, Mouraux T, Rooman R, Thiry-Counson G, Van Aken S, Vanbesien J, Van Casteren V. Care delivery and outcomes among Belgian children and adolescents with type 1 diabetes. European Journal of Pediatrics 2012; 171: 1679-85.
    4. Keller M, Attila R, Beltrand J, Djadi-Prat J, Nguyen-Khoa T, Jay JP, et al. Insulin regimens, diabetes knowledge, quality of life, and HbA1c in children and adolescents with type 1 diabetes. Pediatric Diabetes 2017; 18: 340-7.