À l’occasion de la Semaine mondiale de sensibilisation pour un bon usage des antibiotiques, les Mutualités Libres, dont Partenamut, publient dans un communiqué des chiffres encourageants sur l’évolution de la consommation en Belgique, sur la période de juillet 2024 à juin 2025. La proportion de membres ayant reçu au moins un antibiotique délivré en pharmacie publique est passée de 33,4 % à 29,5 %, soit la baisse la plus marquée observée depuis cinq ans.
Les chiffres, issus des données de 2,3 millions de Belges, mettent en évidence une diminution à la fois du nombre d’utilisateurs et du volume total d’antibiotiques délivrés. Les jeunes sont particulièrement concernés par ce recul. Durant l’hiver, période la plus propice à ce type de prescription, le pic mensuel atteint 4,6 %, contre 5,5 % lors de l’hiver 2023-2024 et 6,5 % en 2022-2023. La quantité totale délivrée est passée de 15,6 à 13,8 millions de doses journalières définies, soit une diminution relative de 11,5 %, proportionnelle à la baisse du nombre de patients traités. Parallèlement, la dose moyenne par patient a reculé, passant de 17,8 à 15,7 pour 1 000 membres, malgré l’augmentation globale du nombre d’affiliés.
Selon les Mutualités Libres, ces résultats reflètent la mise en œuvre du plan d’action national One Health contre la résistance aux antimicrobiens, le baromètre de prescription et le feedback individualisé aux médecins généralistes, ainsi que les initiatives de sensibilisation à l’usage rationnel des antibiotiques. « C’est un signal encourageant. Nous commençons à voir les premiers effets des campagnes de sensibilisation et des politiques menées pour favoriser une prescription raisonnée », commente Claire Huyghebaert, pharmacienne aux Mutualités Libres. Elle souligne toutefois que « la surconsommation d’antibiotiques reste un défi majeur de santé publique, et la Belgique a encore du chemin pour atteindre les objectifs fixés ».
Malgré la tendance positive, plusieurs indicateurs restent préoccupants. La réduction globale de 40 % du volume d’antibiotiques d’ici 2030 apparaît encore hors de portée au rythme actuel. La proportion d’amoxicilline reste trop faible par rapport aux associations amoxicilline-acide clavulanique, qui devraient être réservées aux situations où l’antibiotique de première intention s’avère inefficace. Les antibiotiques dits de deuxième ligne représentent encore 43 % du volume total, plus du double du seuil recommandé qui se limite à 20 %. À l’inverse, un objectif important est déjà atteint : les antibiotiques classés « Access » par l’Organisation mondiale de la santé représentent 71 % du volume prescrit, dépassant l’objectif de 65 %.
Les infections résistantes entraînent chaque année environ 600 décès en Belgique. Une infection sur 11 est liée à une bactérie résistante, compliquant des traitements qui étaient autrefois simples, y compris en chirurgie courante. Pour les Mutualités Libres, la réduction des prescriptions inutiles est un enjeu de santé publique majeur afin de continuer à soigner efficacement demain.
Les Mutualités Libres recommandent la poursuite coordonnée des actions du plan One Health et l’amélioration des conditionnements, notamment via la délivrance à l’unité lorsque cela s’avère pertinent dans le but de limiter les surplus et l’automédication. Les professionnels de santé sont encouragés à recourir systématiquement aux outils d’aide à la décision clinique et à renforcer l’accompagnement des patients au comptoir des pharmacies. Du côté des citoyens, l’organisme insiste sur l’importance de ne pas réutiliser des antibiotiques restants et de se référer à des informations fiables, notamment via la plateforme parlonsantibiotiques.be.
« Un antibiotique mal utilisé aujourd’hui peut être inefficace demain. Lutter contre la résistance aux antibiotiques est une responsabilité partagée », conclut Claire Huyghebaert.
Lire aussi: Les pharmaciens recevront 3,3 millions d’euros pour délivrer les antibiotiques à l’unité








