La Wallonie est entrée depuis septembre dans une phase concrète de la réforme de la première ligne avec le lancement d’un appel à projets pour constituer des consortiums transitoires, appelés à devenir les futures Organisations locorégionales de santé (OLS). Claude Decuyper, président de la Plateforme de la Première Ligne Wallonne (PPLW), insiste sur la nécessité de décloisonner les soins et de dépasser les « vieux réflexes de prés carrés » pour garantir le succès de la réforme.
« Le niveau méso doit incarner un réel décloisonnement des soins. Nous devons éviter la création d’un mastodonte inerte et construire une gouvernance souple, centrée sur les besoins des professionnels et des patients », souligne-t-il.
L’appel à projets, lancé le 10 septembre 2025, fixe au 14 novembre la date limite de dépôt des candidatures. Chaque consortium, porté obligatoirement par une ASBL, devra démontrer son expérience, présenter ses partenaires et proposer un budget de deux ans. Le financement, adossé au plan de relance wallon, s’élève à 450.000 euros pour les zones de moins de 450.000 habitants et à 700.000 euros pour les zones plus importantes, avec une répartition sur deux exercices budgétaires. L’analyse des candidatures est prévue début décembre pour un passage au gouvernement wallon dès le 18 décembre.
La PPLW, partenaire du processus depuis les travaux de Proxisanté, s’implique dans la gouvernance en participant au comité de pilotage et souhaite intégrer le comité d’accompagnement. Elle contribue notamment au recrutement et à la formation des coachs d’implémentation des futures OLS et du programme périnatal des « 1.000 premiers jours », ainsi qu’à la diffusion de l’outil « Born in Belgium ».
Claude Decuyper identifie toutefois plusieurs obstacles : délais serrés, financement limité et tensions de gouvernance. « Beaucoup d’acteurs craignent des structures trop lourdes. Il faut décloisonner, sortir des silos et dépasser des privilèges qui appartiennent au passé, dans une vision réellement multidisciplinaire », insiste-t-il. Les hôpitaux, bien que partenaires, ne pourront pas piloter directement les consortiums, ce qui suscite aussi des interrogations.
La PPLW se positionne comme un acteur d’appui et de diffusion des bonnes pratiques locales, avec pour objectif de garantir que les dix zones de soins définies portent un projet de consortium transitoire. « L’idée des OLS est de travailler sur une zone donnée en tenant compte des besoins réels de la population et d’allouer les moyens en conséquence. C’est une opportunité pour renforcer la proximité et la multidisciplinarité », affirme son président.
À terme, la PPLW plaide pour la création d’un Institut wallon de la première ligne, destiné à assurer une articulation efficace entre les niveaux micro (bassins de vie), méso (OLS) et macro (régional). Cet Institut devrait accueillir des pôles d’appui technique, de veille, de recherche et de formation, afin de garantir une cohérence durable dans l’organisation des soins de proximité.
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