Santé mentale à Bruxelles: les 3 attentes des généralistes (FAMGB)

«Le Livre Noir de la santé mentale à Bruxelles», édité l’an passé par la Fédération des associations de MG de la capitale, était un cri d’alarme. L’opus suivant, le Livre Blanc, est un cri d’espoir. Et un appel à l’action, aussi. Car il y a des pistes vers une meilleure prise en charge, collaborative, des patients en détresse psychique. La FAMGB pointe trois priorités: créer une cellule d’appui performante, cultiver les relations avec l’hôpital et intensifier la concertation clinique multidisciplinaire – pas les réunions stériles.

Avec le Livre Noir, la FAMGB alignait une sombre série de cas de patients à la dérive, dépressifs, délirants, angoissés, en burn out… cumulant les vulnérabilités (précarité, assuétudes, confits familiaux, isolement). Ces personnes en souffrance déferlent dans les cabinets des MG, qui se sentent bien démunis pour répondre à leurs SOS.

Ils se heurtent à des manques combinés - manque de moyens affectés à la santé mentale, de synergie entre des hôpitaux souvent saturés et les services ambulatoires, de résultats convaincants de la réforme Psy 107. Il faut dire que les équipes mobiles de 1ère ligne sur lesquelles cette «dés-institutionnalisation» des patients doit reposer sont financées par la fermeture de lits psychiatriques. Or, Bruxelles n’en a que très peu, +/- 2.200, contre 6.500 en Wallonie et 14.500 en Flandre. Sans parler de la paupérisation ambiante, avec un tiers des gens sous le seuil de pauvreté et 44.000 personnes espérant un logement social.

Tranches de vie moins amères
La Commission santé mentale de la FAMGB avait déjà en tête, l’an passé, ne pas rester sur un constat d’impuissance. A l’époque, elle avait inventorié 12 pistes pour optimiser la prise en charge des patients concernés. Ces idées ont été approfondies en focus groups, entre confrères, de sorte à en tirer des propositions d’actions mûries et concrètes. La FAMGB les publie aujourd’hui dans une « suite préméditée » du Livre Noir, un Livre Blanc.

L’ouvrage est à nouveau émaillé de récits émanant de MG bruxellois. Mais dans ce tome II, les histoires connaissent une happy end – ou en tout cas, une stabilisation.  « Les crises trouvent une issue, les suicides sont évités, les personnes à la dérive reprennent pied », commente la FAMGB. Et ce, parce que, cette fois, les médecins traitants ont été orientés vers un service de soutien, ont pu tabler sur l’intervention déterminante d’une équipe multidisciplinaire ou sur une collaboration rapide et efficace avec des spécialistes... Des recettes qui fonctionnent et qu’il faudrait donc généraliser.

Un trio de priorités
La FAMGB préconise de créer «une cellule d’appui, active sur le 19 communes, observant des horaires adaptés à ceux des cabinets de MG». L’idéal serait de la doter de collaborateurs ayant l’expertise nécessaire pour évaluer correctement la situation clinique et aiguiller le médecin vers le service correspondant au cas du patient, qui le prendra en main sans délai. En attendant ce précieux dispatching, l’ouvrage se termine par une quinzaine de pages listant des services en santé mentale qui officient sur Bruxelles.

Le Livre Blanc prône ensuite l’amélioration de l’articulation généralistes/hôpitaux. Elle passe e.a. par la désignation d’un référent, l’infirmier de liaison hospitalier, qui s’occuperait notamment de préparer la sortie du patient et son suivi. Les MG bruxellois aspirent par ailleurs à une «relation équilibrée avec les psychiatres». Refrain souvent entonné : l’envoi de feedback par les spécialistes à propos des patients référés y contribuerait déjà…

Enfin, ils plaident pour de la concertation clinique accrue, multidisciplinaire, inclusive (soins et aide à la personne) autour et avec le patient, éventuellement menée par un case manager. «C’est par là qu’il faut commencer l’implantation réelle de la réforme au lieu d’en discuter indéfiniment au niveau de groupes de travail chronophages et trop éloignés de nos pratiques.»

La FAMGB a sous-titré son Livre Blanc «Agir ensemble: contribution des médecins généralistes». Si la réflexion s’est jusque-là tenue dans le pré carré de la profession, l’heure est venue d’en faire sauter les barrières pour lancer le débat et y impliquer « tous les métiers et protagonistes intéressés ». Parce que le but n’est pas de diviser.

Pour obtenir un exemplaire du Livre Blanc contactez la FAMGB: famgb@famgb.be 

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