La fédération UNESSA alerte sur l’effacement croissant de la concertation entre le pouvoir politique et les acteurs de terrain. Elle accuse les autorités de privilégier des décisions unilatérales, prises à huis clos, au détriment d’un dialogue réel avec les structures représentatives du secteur social et de santé.
Dans un communiqué diffusé lundi, UNESSA, qui regroupe plus de 1 100 services actifs en Wallonie et à Bruxelles, s’inquiète d’une méthode de gouvernance de plus en plus opaque. « Cette façon de faire n’est ni respectueuse, ni efficace, ni durable », dénonce Philippe Devos, Directeur général de la fédération. « Elle affaiblit le dialogue, entame la confiance, méprise l’expertise de terrain, coûte en énergie et en moyens, retarde l’émergence d’avancées solides et met en danger la cohérence de nos systèmes sociaux et de santé. »
Concertation réduite à une formalité
UNESSA affirme assister depuis plusieurs mois à un glissement préoccupant : les grandes orientations politiques concernant les soins sont de plus en plus souvent élaborées sans concertation préalable avec les fédérations concernées. « Quant aux soi-disant moments de ‘concertation’, ils se réduisent à peau de chagrin. Ils servent à légitimer des choix déjà arrêtés. Au mieux, on nous laisse quelques aménagements à la marge ; au pire, il s’agit d’une séance d’information », ajoute Philippe Devos.
La fédération cite comme exemple emblématique l’avant-projet de loi du ministre Frank Vandenbroucke visant à encadrer plus strictement les suppléments d’honoraires à l’hôpital et en ambulatoire. « Le ministre veut une réforme à marche forcée, sans évaluation d’impact, sans anticipation des effets collatéraux, et surtout, sans véritable dialogue », pointe le directeur général. Et de prévenir : « En voulant rendre les soins plus accessibles financièrement, on risque d’obtenir l’effet inverse si rien ne change. »
Trois principes pour une concertation crédible
UNESSA plaide pour une réforme de la méthode, reposant sur trois piliers : une approche globale, tenant compte de toutes les composantes du système ; une démarche séquentielle, avec des étapes pensées et ajustées ; et une gouvernance ouverte, intégrant les parties prenantes dès le départ. « À vouloir travailler dans leur coin, nos autorités politiques se coupent toujours plus des réalités de terrain. Et une fois la confiance rompue, la reconstruire prend du temps. Vous refaites appel à un plombier qui vous a grugé ? » interroge Philippe Devos.
Les fédérations, leviers démocratiques
Tout en maintenant sa volonté de dialogue, UNESSA refuse désormais de jouer les figurants. « Nous exigeons d’être traités comme des partenaires à part entière, et non en spectateurs passifs. Les enjeux sont trop importants pour que la méthode prenne le pas sur le fond », insiste Philippe Devos. Il rappelle que « les corps intermédiaires, tels que les fédérations sectorielles, sont des leviers démocratiques. Les exclure, c’est prendre le risque de décisions inefficaces et clivantes. »
La fédération demande que les réformes nécessaires avancent, mais avec une méthode revue de toute urgence. « Nous ne réclamons pas une place à part, juste d’être pris en compte là où les décisions concernant nos affiliés se construisent », conclut UNESSA.
La fédération représente 548 structures membres, actives dans tous les secteurs de l’aide et des soins aux personnes, pour quelque 65 000 travailleurs.