Frank Vandenbroucke veut réduire les lits hospitaliers et concentrer certains soins spécialisés

Lors du débat Medische Wereld, organisé le 10 octobre à Bruxelles en collaboration avec la VUB et l'UZ Brussel, le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke a plaidé pour une réduction du nombre de lits hospitaliers, notamment dans les services de chirurgie, ainsi qu’une concentration accrue de certains soins hautement spécialisés.

« Je veux que le besoin en lits diminue, notamment pour la chirurgie. J’ai visité l’AZ Sint-Blasius, où plusieurs projets de télésurveillance pour des opérations assez complexes sont très prometteurs. Ils réduisent considérablement le nombre de nuitées. C’est cela, l’avenir : des interventions aiguës qui nécessitent beaucoup moins d’hospitalisations. Seuls les soins prolongés pour patients chroniques justifient encore des séjours plus longs. »

Le ministre a précisé que « moins de lits ne veut pas dire moins d’hôpitaux ». « Il faudra toujours des centres de jour spécialisés. Mais si l’on réduit la capacité, il ne faut pas simplement tout rapetisser. C’est aussi une question d’efficacité et de personnel. »

À la question de savoir si de telles réorganisations seraient imposées « d’en haut », Frank Vandenbroucke a répondu : « Dans ce secteur, on n’impose pas grand-chose d’en haut. Il faut préserver la proximité quand c’est possible, par exemple en gériatrie. Mais regardez les Pays-Bas : ils ont un seul centre d’oncologie pédiatrique pour 17 millions d’habitants, avec des avantages considérables — participation à la recherche de pointe, concentration des expertises. C’est essentiel pour les enfants et pour le progrès médical. En Belgique, nous avons huit centres ! Je veux réduire ce nombre à trois. »

Le débat, parfois vif, a néanmoins laissé place à quelques moments plus légers. « Le système y est différent », a lancé quelqu’un dans le public. « Ce n’est plus de notre temps », a poursuivi imperturbablement Vandenbroucke. « Vous m’avez un peu échauffé, donc je suis en forme », a-t-il plaisanté, déclenchant les rires. « À chaque fois que de telles mesures sont envisagées, on entend “Ouille, ouille, ouille !” et les hôpitaux universitaires s’attaquent alors entre eux devant le Conseil d’État. Si même entre hôpitaux universitaires nous ne sommes pas d’accord sur la nécessité de concentrer certains soins… D’autres exemples concernent les traumatismes majeurs ou les soins spécialisés pour les AVC : là où la concentration a été appliquée, elle a clairement amélioré la survie et la qualité des soins. Idem pour le cancer du sein dans ses formes complexes. En revanche, la chimiothérapie ou une partie de la radiothérapie peuvent très bien être décentralisées. »

De son côté, le Dr Marc De Ridder, oncologue et CEO des hôpitaux universitaires de Bruxelles, a plaidé pour davantage de centralisation « à condition qu’elle s’organise via des centres A et B ». Il s’est toutefois inquiété des propositions fiscales actuellement en discussion : « Cela entraînerait une perte de 135 à 140 millions pour les hôpitaux universitaires. Nous demandons la consolidation du régime fiscal actuel pour la recherche. De plus, la rémunération des assistants participant aux opérations était menacée, alors que ces interventions exigent plus de temps du médecin. Cette rémunération doit être maintenue. »

Margot Cloet, directrice générale de Zorgnet-Icuro (fédération hospitalière flamande), a rappelé que « dix hôpitaux fusionnent actuellement en Flandre, et que beaucoup d’autres se réorganisent autrement ». Elle a souligné qu’« il ne faut pas oublier la coordination avec la première ligne, souvent morcelée ». Selon elle, « les patients ne savent pas toujours à quoi s’en tenir entre les postes de garde et les urgences ».

Le Dr Johan Blanckaert, vice-président de l’ABSyM, a évoqué son expérience personnelle : « J’ai travaillé 28 ans dans un hôpital universitaire à Louvain, mais j’avais ma pratique à Ypres. On garde un lien avec sa région, et on ne peut pas empêcher les médecins de s’y installer. »

Pour le ministre Vandenbroucke, « les hôpitaux universitaires ne doivent pas forcément être les meilleurs en tout. Les hôpitaux non universitaires ont aussi leur rôle à jouer. Mais les hôpitaux universitaires doivent assumer une fonction essentielle dans le plan des maladies rares. »

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Derniers commentaires

  • Hervé Godiscal

    16 octobre 2025

    dans la médecine de ces dernières décénnies tout a changé , mais l'erreur fut de considerer le prix des soins comme une donnée économique et financière comme toutes les autres.
    Aujuourd'hui il y a un double défit contradictoire : soigner au mieux mais le moins cher possible ....
    où sont les priorités ? Où est encore l'Humain ? .....

  • Charles PARMENTIER

    16 octobre 2025

    C'est vrai que je vois beaucoup de lits vides dans les services de chirurgie...
    Ce type est dangereux et complètement déconnecté de la réalité de terrain!