Le phénomène inquiétant du suicide chez les médecins

Début février, un chirurgien s’est défenestré sur son lieu de travail, un hôpital, en France. Le message est fort! Régulièrement, les informations nous font part du suicide de jeunes internes français (médecins en spécialisation). La Belgique n’est pas épargnée même si ces cas y sont moins médiatisés. Le malaise est grandissant d’autant que ces suicides semblent être la partie émergée d’un iceberg fait d’épuisement et de solitude pour le médecin.

Une étude présentée fin 2018 aux Etats Unis montre que la profession de médecin est celle qui a le plus haut taux de suicide. Chaque jour, un médecin y met fin à ses jours. Alors que, dans la population générale, le taux est de 12/100000; chez les médecins, il grimpe jusqu’à 40/100000.

Une enquête en France a porté sur les causes de décès des médecins actifs, et a montré une incidence de suicide de 14%, contre 5,4% dans la population générale de la même tranche d’âge.

Une autre étude française concernant 22000 internes montre que 66% souffrent d’anxiété, 28% de dépression et 23,7% d’entre eux ont déjà eu des idées suicidaires.

En Belgique, malheureusement, il existe très peu de chiffres. Une étude datant de 2016 faite sur près de 500 médecins généralistes en formation montre que 30% sont à risque de burn out. La problématique du suicide au sein de la profession médicale est fort probablement sous estimée et masquée du fait des sentiments de honte, de culpabilité, et d’altération de l’image du médecin que cela engendre.

Ces suicides sont souvent l’expression d’un burn out, dont la prévalence dans la population soignante est de plus en plus étudiée. Les médecins sont soumis à un stress permanent, une responsabilité médico-légale importante, des horaires de travail lourds, ce qui induit un surmenage. Ils souffrent également d’une solitude et d’un manque de soutien dans leur travail et sont confrontés à des difficultés organisationnelles, comme la surcharge administrative. Les facteurs de risque tels que les conduites addictives, un divorce, les difficultés financières et l’accès aux substances potentiellement létales viennent assombrir le tableau. 

Comment envisager une meilleure prévention et prise en charge ? Une sensibilisation à ce risque dès le début des études, avec possibilité d’accompagnement déjà dans les facultés de médecine. Déstigmatiser le diagnostic de trouble mental au sein des professions médicales pour diminuer la réticence du médecin à chercher de l’aide quand il identifie des symptômes de stress ou de burn out chez lui-même. Soutenir une prise en charge précoce et respectueuse de la confidentialité nécessaire. Créer des structures de soins réservées aux médecins pourrait également répondre à ce besoin de discrétion.

Un médecin en burn out n’est pas très utile à son patient, un médecin mort l’est encore moins. Des structures existent pour leur venir en aide.

> www.medecinsendifficulte.be ou 0800 234 60

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