Loi-cadre : les syndicats flamands et les partis de la majorité interpellent le ministre Vandenbroucke

À la suite de l’enquête publiée lundi par Medi-Sphère et Le Spécialiste, plusieurs responsables syndicaux et politiques flamands montent à leur tour au créneau. Le Dr Jos Vanhoof , généraliste (VAS/BVAS) et la Dre Liesbeth Brepoels, spécialiste en médecine nucléaire (Kartel) insistent sur la nécessité de préserver le modèle de concertation entre médecins et autorités. Du côté des partis, la députée Kathleen Depoorter (N-VA) évoque une « rupture de confiance inédite », tandis que la députée Irina De Knop (Open VLD) dénonce « une série de mesures qui restreignent la liberté des médecins ».

« Il ne s’agit pas d’un simple débat sur les suppléments, mais bien d’un affrontement autour de la pérennité du système de concertation », résume la Dre Brepoels. Le Dr Vanhoof pose la question centrale : « S’agit-il d’un dictat du ministre ou d’un réel dialogue débouchant sur un compromis acceptable ? »

Une volonté de concertation, mais une mobilisation forte

Les deux syndicats rappellent que ce système a, depuis 60 ans, permis aux patients et aux médecins de coexister dans un équilibre acceptable. Pour le Dr Vanhoof, il est clair que si le ministre refuse d’amender significativement le texte, voire d’en retirer certaines dispositions, la mobilisation ira croissant. « Les médecins ne veulent pas nuire aux patients, mais ils demandent d’être écoutés. Or, aujourd’hui, on nous entend mais rien ne change. Ce n’est pas cela, la concertation. »

La Dre Brepoels, tout en saluant le rejet massif exprimé dans l’enquête (près de huit médecins sur dix rejettent le texte tel qu’il est), insiste sur l’importance d’éviter des actions nuisibles pour les patients. « La discussion a parfois été ferme, mais nous avons clairement transmis le message : ce projet de loi-cadre, dans sa forme actuelle, est inacceptable. ».

Une enquête interne menée auprès des membres du BVAS indique que 70 % d’entre eux sont prêts à se mobiliser, a précisé le vice-président Blanckaert dans De Tijd.

Préserver le rôle du médecin dans la définition des soins

La Dre Brepoels insiste aussi sur une autre inquiétude majeure : « Ce que beaucoup de médecins craignent, c’est de perdre toute influence sur les soins qu’ils délivrent. » Elle relève également une différence d’approche entre les médecins francophones et néerlandophones : « Les francophones semblent davantage attachés aux grands principes du système, tandis que les néerlandophones en attendent des résultats concrets. »

Des critiques également au sein de la majorité

Pour la députée Kathleen Depoorter (N-VA), les résultats de l’enquête reflètent un malaise profond. « Le fait qu’une majorité de médecins rejette totalement la réforme montre à quel point la confiance est rompue. Cette réforme n’a pas été validée en gouvernement et va à l’encontre de l’accord de coalition. »

Elle souligne que plusieurs mesures avaient été explicitement exclues lors des négociations gouvernementales : « Et pourtant, elles réapparaissent dans le texte. »

La députée juge par ailleurs dangereux d’imposer un plafonnement des suppléments avant d’avoir revu la nomenclature. « Cela risque d’asphyxier l’accès à des soins innovants. » Si elle se dit favorable à la lutte contre les abus, elle dénonce une approche unilatérale et répressive : « Des sanctions sans procédure équitable, c’est inacceptable. »

Une liberté professionnelle à défendre

Irina De Knop (Open VLD) abonde dans le même sens. « La majorité des médecins s’oppose clairement à une réforme qui menace leur liberté professionnelle. La menace de retrait du numéro INAMI (59 %) et la limitation du droit à fixer librement ses honoraires (58 %) sont des points de rupture. »

Elle estime que cette réforme doit être mise « au frigo » tant qu’une réforme cohérente de la nomenclature n’est pas finalisée. « Il faut aussi revoir les incitants tarifaires qui poussent à la surconsommation de soins et remettre le médecin généraliste au cœur du système. »

Vers une nouvelle phase de négociation ?

Les syndicats espèrent encore obtenir des modifications substantielles lors des discussions à venir. Mais le Dr Vanhoof prévient : « Tant que le projet ressemble davantage à une déclaration de guerre qu’à un texte pour améliorer la santé publique, les tensions ne retomberont pas. »

Lire aussi:Loi-cadre Vandenbroucke: huit médecins sur dix prêts à faire grève (Enquête)

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Derniers commentaires

  • Luc Ghys

    21 juin 2025

    Lorsque les taxis, les transporteurs ou les agriculteurs sont mécontents, non seulement ils font grève et privent les autres citoyens de leurs services, mais ils cherchent à paralyser la vie de ceux ci par différents blocages. Routes, aéroports, raffineries…
    Mais les médecins n’auraient même pas le droit de s’arrêter de travailler ?
    C’est quoi cette logique !!
    Bien sûr que les médecins ont le droit de faire grève. Et ne pas oublier que l’inami est l’assurance des patients, pas des médecins.