Le Spécialiste a pu consulter la note stratégique relative à la politique hospitalière en Wallonie, déposée par le ministre de la Santé, Yves Coppieters, au gouvernement. Dans les coulisses des hôpitaux, elle interroge. 

La note pose d’abord un cadre essentiel en termes de soins de santé sur l’état de la population : le nombre de personnes âgées augmente sensiblement. « Le Bureau fédéral du Plan s’attend à ce que la population atteigne 8,0 millions d’habitants en Flandre en 2070 (contre 6,8 millions en 2024), alors que les populations de Wallonie et de Bruxelles demeurent quasiment stables avec respectivement 3,7 millions et 1,2 million d’habitants. »

Un Comité de pilotage
La réforme du paysage hospitalier wallon sera réalisée par un Comité de pilotage composé des cabinets (santé, pouvoirs locaux) et de l’AVIQ. Un Groupe de travail développera chacun des 5 objectifs arrêtés. La volonté est d’avancer sur l’objectif 1 (Amélioration continue – politique qualité), l’objectif 2 (Évolution du dispositif infrastructures hospitalières) et l’objectif 4 (Amélioration de l’articulation entre les lignes de soins) pour le 1er juillet 2026, et sur l’objectif 3 (Amélioration de l’articulation entre les lignes de soins) et l’objectif 5 (Paysage hospitalier et programmation) pour le 1er janvier 2027.

La pratique de groupe
La note ne cache pas qu’il faudra tenir compte du fait que « les professionnels de santé évoluent vers les pratiques de groupe, pluridisciplinaires, soutenues par de nouveaux modèles de financement favorisant ainsi la délégation et améliorant l’attractivité et la continuité de service. » L’approche territoriale des collaborations hospitalières, des réseaux en santé mentale et des OLS mériterait la prise en compte croisée de l’offre globale par zone géographique.

Les projets et les montants: qu’est-ce qui est déjà réalisé?
Les coûts d’investissement représentent généralement 5 % du budget global de l’hôpital, ce qui constitue une partie conséquente du financement (surtout au regard des marges disponibles). Mais où en est-on au niveau des plans de construction ? Actuellement, les deux premiers plans ont été validés par la Wallonie.

• Plan de construction 2019-2023 : plus de 300 projets déposés (2,3 milliards d’investissements projetés HTVA et hors frais) ; 48/56 hôpitaux concernés (12 hôpitaux psychiatriques, 36 hôpitaux généraux) ; 288 projets retenus (1,47 milliard d’investissements projetés HTVA et frais).

• Plan de construction 2024-2028 : plus de 330 projets déposés (3 milliards d’investissements HTVA et hors frais) ; 49/56 hôpitaux concernés (16 hôpitaux psychiatriques, 33 hôpitaux généraux) ; 288 projets retenus (1,83 milliard d’investissements HTVA et hors frais).

À ce jour, la réalisation du premier plan de construction est de l’ordre de 40 % des investissements programmés, en raison notamment des retards liés à la crise du Covid-19 (arrêts des travaux pendant la crise), de l’augmentation du coût des travaux (inflation, prix des matériaux), ainsi que des problèmes récurrents (expropriations, assainissement des sols, nœuds autoroutiers, permis d’urbanisme, etc.).

Deuxième plan: analyse financière et banques réticentes
Pour le deuxième plan de construction, l’AVIQ, en collaboration avec les parties prenantes, devra mener « une réflexion visant à adapter le cadre légal permettant de solutionner les problématiques techniques soulevées par le groupe de travail “experts”, de prendre effectivement en considération à l’avenir des critères qualitatifs, et de s’appuyer notamment sur les besoins socio-sanitaires de la population. Cette réflexion sera menée en étroite collaboration avec Wallonie Finances Expertises, qui dispose des ressources nécessaires pour mener à bien cette analyse, laquelle serait présentée au Gouvernement courant de l’année 2026… »

Dans ce cadre, le secteur bancaire se montre réticent à financer certains projets et estime que plusieurs hôpitaux ont déposé des projections budgétaires irréalistes.

État financier actuel
Selon les derniers chiffres en possession du Spécialiste, la trajectoire budgétaire pour les infrastructures hospitalières serait planifiée de la manière suivante: