Quasi 3 généralistes bruxellois sur 10 touchés par le Covid (FAMGB)

La Fédération des généralistes bruxellois (FAMGB) a mené une enquête auprès de 1.500 médecins généralistes bruxellois francophones.  Son objectif était de savoir comment les MG bruxellois vivaient  la crise sanitaire. Medi-Sphere a reçu les résultats en primeur. Plus ou moins 30% des participants ont été infectés par le coronavirus. Un même pourcentage déclare ressentir un stress supérieur à la normale. La FAMGB salue néanmoins la grande résilience de la profession, qui ne rechigne pas à prendre en charge des cas lourds à domicile.

Pour mémoire, l’enquête, effectuée entre fin novembre et mi-janvier, questionnait les MG de la capitale sur la pression endurée, le volume de travail assumé, les éventuels problèmes financiers rencontrés… de façon à voir, aussi, comment la FAMGB pouvait les épauler (*). On observe parmi les 452 répondants un quasi-équilibre hommes/femmes, avec une bonne répartition géographique dans Bruxelles. Les participants ont entre 24-25 ans et 80 ans (!), et exercent à parts égales en solo, pratique de groupe et maison médicale. 

Présents, aussi pour des cas lourds

Les MG bruxellois sont 74% à déclarer avoir ressenti depuis la crise sanitaire une charge de travail plus importante mais qui s’est ensuite tassée. D’après 21 autres pourcents, par contre, l’alourdissement des journées est toujours bien palpable… Les deux tiers des répondants parlent d’une charge de travail supplémentaire oscillant entre 15 et 35%. Ont-ils eu besoin d’aide, dans leur pratique (pour un remplacement ou un soutien) ? La plupart (41%) répondent par la négative, suivis du groupe de ceux qui « ont eu besoin d’aide et ont pu en trouver » (33,5%). 

79% des MG assurent, dans leur cabinet, du dépistage de cas symptomatiques, et 75% du dépistage de cas asymptomatiques, « quand c’est possible, selon les consignes de Sciensano ». Si on additionne ceux qui prennent en charge des cas lourds de covid à domicile, en MR(S) et dans ces deux milieux de soins, on frôle les 40%. A côté de ceux qui se débrouillent à cet égard, il reste 29% de MG qui apprécieraient de l’aide pour « mettre en place des passages de surveillance » (au domicile des patients à monitorer).

La santé personnelle trinque

A la question « avez-vous été touché par la covid-19 ? », 28% des participants répondent par l’affirmative. 35,5% indiquent ne pas avoir été contaminé personnellement mais bien un ou plusieurs de leurs proches. Parmi les MG touchés, la durée de l’incapacité de travail qui en a découlé est restée inférieure à 10 jours dans 55% des cas. Toutefois, elle s’est prolongée jusque 2 semaines chez 28% des intéressés et a atteint voire dépassé les 4 semaines chez près de 8%. Près de 3 fois sur 4 (73%), le MG atteint de la covid estime que c’est un patient qui a constitué le vecteur de contamination. 

Comme d’autres travaux (on songe notamment à l’étude Power to Care, qui a relevé des velléités de ‘raccrocher’ chez 24% des médecins), l’enquête de la FAMGB confirme les répercussions de la crise sur la santé mentale des généralistes. 31% des participants rapportent ressentir un « stress supérieur à la normale », 29% « un peu de stress » et 21% « pas mal de stress ». Pourtant, 9 MG sur 10 n’ont pas fait appel ces derniers mois à un service de soutien psychologique, à 70,5% parce qu’ils n’en ressentaient pas le besoin et à 20,5% parce qu’ils n’ont pas eu le temps (**).

Ce qui pèse le plus

Très instructif également pour cerner le vécu des MG bruxellois : le hit-parade de ce qui leur semble le plus pesant ces dernières semaines. En tête du classement, le « contexte général » (confinement, incertitude, crise…), cité par 69% des répondants. Il est talonné par le « travail administratif » (68%), puis, dans un mouchoir de poche avec 57-58% de citations, l’omniprésence du corona qui donne au métier un côté répétitif (« on ne voit plus que ça ») et les informations et explications à communiquer aux patients. 

« Résilience et débrouillardise »

Les questionnaires ont révélé une claire augmentation de la charge de travail mais « ce que l’on peut retenir c’est la souplesse, la résilience et la débrouillardise dont ont fait preuve les MG », insiste Michel De Volder, président de la FAMGB. « Beaucoup ont travaillé et continué à travailler, parfois au détriment de leur santé et avec un stress important. » 

Le Dr De Volder pointe aussi le fait que les MG reconnaissent le rôle d’appui joué par leurs associations locales et par la FAMGB elle-même, en tant que coupole. Un soutien qui, souvent, a « permis de tenir. Les MG ont apprécié, également, les initiatives du Collège de médecine générale. » 

Quelle exploitation la FAMGB compte-t-elle faire des conclusions son enquête ? « Nous allons programmer une présentation succincte aux membres, via notre newsletter », indique le président, en précisant qu’une « analyse plus sociologique est en cours ». Elle pourra servir dans le cadre des communications et plans stratégiques de la Fédération et  de la sensibilisation des autorités « là où ce sera opportun. »  

> Découvrir l'ensemble des résultats 

(*) l’enquête a depuis lors été répliquée auprès des MG wallons

(**) à garder à l’esprit comme un clignotant orange, confirmant le bien-fondé de dresser des répertoires des ressources de la 1ère ligne locale : un petit pourcentage (6%) de MG ne savaient pas où s’adresser. 

Vous souhaitez commenter cet article ?

L'accès à la totalité des fonctionnalités est réservé aux professionnels de la santé.

Si vous êtes un professionnel de la santé vous devez vous connecter ou vous inscrire gratuitement sur notre site pour accéder à la totalité de notre contenu.
Si vous êtes journaliste ou si vous souhaitez nous informer écrivez-nous à redaction@rmnet.be.