Soins de santé : « Il faut un chef d’orchestre » ( P.D'Otreppe )

Les hôpitaux, soignants, administrations, tout le monde pâtit du fait qu’il n’y a pas de gouvernement de plein exercice. « Ce sont des victimes de querelles de clochers. » dénonce Paul D’Otreppe, président de l'Association belge des directeurs hospitaliers .

L’image des soignants de l’hôpital Saint-Pierre tournant le dos à la Première ministre fait le tour du monde. Pendant ce temps, dans chaque hôpital, les services covid côtoient les autres services qui redémarrent un peu plus chaque jour : « Suivant les hôpitaux, les services reprennent à 30 ou 60%. Suivant les pathologies et leur prise en charge du Covid, certains hôpitaux sont plus loin dans ce processus » explique Paul D’Otreppe, président de l'Association belge des directeurs hospitaliers (ABDH). 

Pendant la crise, pour certains hôpitaux, selon lui, « Il y a une double peine financière...il aurait fallu dire qu’on devait passer pendant la période covid à une prise en charge 100% forfaitaire. »

Fragilisé

Hôpitaux, administrations, tout le monde pâti du fait qu’il n’y a pas de gouvernement de plein exercice. « Ce sont des victimes de querelles de clochers. » Paul D’Otreppe ressent souvent cette situation lors de ses conversations avec une administration de la santé qui est fragilisée aussi puisqu’elle n’a pas de gouvernement. « Au quotidien le gouvernement fait ce qu’il peut mais il n’est pas reconnu comme un gouvernement de plein exercice. Il est plus fragilisé de part ce fait. Même avec des pouvoirs spéciaux, on dit qu’il n’est que temporaire. Les ministres ont une non-reconnaissance... quoi qu’ils fassent ils seront toujours attaqués. On les diabolise. »

Ecouter le personnel

Les hôpitaux et les directions médicales ont prouvé qu’on pouvait compter sur eux. Ils aimeraient poursuivre les réformes et avancer dans la direction d’un hôpital plus efficient qui tient compte de l’expérience emmagasinée avec le Covid19: « Aujourd’hui, nous faisons face à une réalité de terrain. Il n’y a pas de gouvernement, pas de vision...avec qui va-t-on réfléchir sur le financement ? Qui va nous écouter et avancer avec nous ?  Il nous manque clairement un chef d’orchestre dans le secteur de soins de santé. »

Il ne cache pas qu’il y a une certaine urgence : « Il faut se réveiller ! Le personnel et les médecins ont été marqués par les deux derniers mois. Sur le terrain, nous avons toutes les pièce du puzzle, mais nous n’avons pas eu de chef d’orchestre avant et pendant et après la crise. Ce n’est pas normal. » Pour lui, il « faut écouter le personnel et les problèmes qu’il a vécu. Ils ont vraiment l’art de mal communiquer au niveau fédéral. »

Donner du sens

Le manque d’un chef d’orchestre dans cette crise est un sentiment qui est partagé par le directeur général du CHU Saint-Pierre : « Le personnel aujourd’hui veut de la considération avant tout. Tous les acteurs sont en recherche d’explication et de sens. »

Sur l’absence d’un chef d’orchestre, il partage ce sentiment à la vue de certains dossiers : « On a donné le même financement à tous les hôpitaux alors que la prise en charge et le travail sur le covid n’a pas été le même partout. Personne n’a pris ses responsabilités au Fédéral ou à l’INAMI à ce niveau. » Sur le terrain « les hôpitaux qui ont mis du personnel en chômage temporaire ont gagné sur les deux niveaux....d’autant plus que comme ils avaient moins d’activité covid, ils ont pu rependre plus rapidement leur activité. Nous, avant que l’on reprenne notre pleine activité, cela représentera 3 mois de manque à gagner. »

Une fameuse différence évidemment.

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Derniers commentaires

  • Marc TOMAS

    22 mai 2020

    Un chef d’orchestre, oui, mais qui dans l’orchestre? L’occasion est unique de revoir les soins de santé de fond en comble, pas seulement à l’hôpital. Médecins généralistes, infirmières de première ligne, case managers, spécialistes de ville,...Mieux vaut un seul orchestre que plusieurs jouant la même partition mais avec des tempo différents. Et un solide chef pour que les cuivres ne se pensent pas plus importants que les cordes...

  • Kim ENTEZARI

    22 mai 2020

    il est vrai que chaque hopital a porté une charge différente sur la prise en charge des patients Covid
    une répartition équitable aurait été de calculer le cout moyen de prise en charge d'un patient covid 19 à l''usi ( par rapport à un patient classique) et en hospitalisation pour déternimer le surcout engendré et ensuite répartir l'avance en fonction du nombre de patients pris en charge par chaque institution par exemple de façon mensuelle.
    Ceci aurait été plus juste et plus en réalité avec les surcouts