Le Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) a annoncé la publication d’un nouveau rapport sur l’organisation des soins intensifs dans un communiqué vendredi. L’institution critique des soins intensifs morcelés et mal répartis en Belgique. Elle préconise une structure en deux niveaux, un minimum de 12 lits par unité, un financement plus adapté et la mise en place d’une base de données nationale.
Le rapport souligne que la Belgique dispose d’un nombre élevé de lits en soins intensifs : en 2022, 97 des 99 hôpitaux aigus du pays proposaient des soins intensifs sur 119 sites différents. Pourtant, « ces soins sont morcelés, répartis de manière inégale et pas toujours alignés sur les besoins », note le KCE. « La pandémie de COVID-19 a mis en lumière le rôle crucial de ces unités, mais aussi leurs faiblesses structurelles, en particulier l’absence de coordination et de vue d’ensemble des capacités disponibles », insiste l’institution.
Le KCE relève notamment que 60 % des unités de soins intensifs comptaient douze lits agréés ou moins en 2022. « Ces petites unités sont coûteuses, nécessitent un personnel important et peinent à maintenir l’expertise nécessaire », prévient le rapport. En outre, les unités sont réparties de manière hétérogène sur le territoire, ce qui entraîne des différences de qualité et une collaboration sous-optimale entre les hôpitaux.
Un système à deux niveaux et des critères clairs
Pour y remédier, le KCE préconise une organisation des soins intensifs en deux niveaux : des unités générales et des unités spécialisées, chacune répondant à des critères d’agrément explicites. « Le personnel, l’infrastructure et les ressources pourront ainsi être mieux alignés sur la demande de soins et les patients orientés plus rapidement vers l’unité appropriée », explique le rapport. Le KCE souligne que cette distinction existe déjà dans d’autres pays européens et que certains prestataires belges l’appliquent de façon informelle, mais sans cadre officiel.
Le Centre recommande également un minimum de 12 lits par unité pour garantir une échelle suffisante et une capacité mobilisable rapidement en cas de crise, comme lors d’une pandémie ou d’une catastrophe.
Simplification du financement et meilleure collecte des données
Le KCE dénonce la complexité du financement actuel, qui ne tient pas suffisamment compte de la lourdeur des soins. Il propose de passer à un modèle où les hôpitaux seraient financés par admission, avec des moyens supplémentaires pour les soins intensifs répondant à des critères de qualité précis. « Cela permettrait de mieux rémunérer la complexité des soins et d’éviter des pratiques inutiles », estime le rapport.
Enfin, le KCE plaide pour la création d’une base de données nationale unique, afin d’assurer un suivi en temps réel de l’occupation des lits, de la gravité des cas et des ressources disponibles. « Actuellement, il est difficile d’obtenir rapidement un aperçu fiable de la situation. Un système d’information centralisé est indispensable, tant pour la gestion quotidienne que pour les crises sanitaires majeures », souligne l’institution.
Un volet d’une réforme hospitalière globale
Cette réorganisation des soins intensifs s’inscrit dans une refonte plus large du paysage hospitalier belge, actuellement en préparation. Le KCE rappelle l’importance d’une approche intégrée et durable, centrée sur la sécurité des patients et une organisation efficiente des soins.
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