Un cas d'euthanasie devant les assises - "J'ai agi en respectant la loi sur l'euthanasie" (médecin accusé)

Le médecin qui a procédé à l'euthanasie volontaire de Tine Nys (38 ans) en 2010, et qui doit répondre d'empoisonnement devant la cour d'assises de Gand, a indiqué lundi qu'il s'était conformé à la loi sur l'euthanasie. "J'ai effectué une euthanasie légalement correcte. Celle-ci a été approuvée à l'unanimité par les personnes qui examinent les conditions légales", a déclaré le médecin, se référant à la Commission fédérale de contrôle et d'évaluation de l'euthanasie.

Tine Nys a été euthanasiée le 27 avril 2010 sur la base de ses souffrances psychiques. Selon ses proches, les médecins ont mis un terme à la vie de la jeune femme avec amateurisme et n'ont pas respecté les conditions de la loi sur l'euthanasie. L'une de ses sœurs a porté plainte en se constituant partie civile et la justice a enquêté sur l'affaire.

Le ministère public estime que les trois médecins se sont rendus coupables d'empoisonnement, ce qui peut leur valoir la réclusion à perpétuité. C'est la première fois que des médecins doivent comparaître pour pratique de l'euthanasie depuis l'entrée en vigueur de la loi en 2002.

Le médecin qui a procédé à cette fin de vie volontaire est âgé de 59 ans et originaire de Saint-Nicolas. Il a expliqué lundi matin que l'euthanasie de Tine Nys était la première à laquelle il procédait pour des raisons de souffrances psychiques. "J'avais déjà pratiqué des euthanasies pour des souffrances physiques. J'ai suivi une formation EOL (End of life), mais j'ai arrêté à cause de la cohue. J'ai suivi la moitié des cours. (...) L'accent était mis davantage sur l'aspect humain que sur les articles de lois, mais l'importante responsabilité du médecin a été soulignée. J'ai clairement pris connaissance des conditions (de la loi sur l'euthanasie, ndlr)."

Selon le médecin, Tine Nys a réellement opté pour l'euthanasie. "Sa souffrance était énorme. J'ai plus de 30 ans de pratique et j'ai entendu beaucoup d'histoires très tristes, mais Tine était différente. J'ai pu comprendre que la coupe était pleine, après tant de tentatives de suicide. Tout s'est mal passé pour elle. (...) Elle ne voulait plus aucun traitement. C'en était assez. C'était vraiment triste."

Le médecin a encore souligné qu'il n'avait pas procédé à une deuxième euthanasie sur un autre patient le soir-même des faits, comme la famille de Tine Nys l'aurait avancé. "Vous ne pouvez pas en faire deux sur une journée, personne ne le peut. Vous êtes totalement vidé, vous ne dormez pas le jour avant, ni le jour après."

Il a en outre noté que l'appréciation rendue par deux autres médecins, comme le prévoit la loi sur l'euthanasie, ne compte pas. "Je peux procéder moi-même à l'euthanasie, même avec deux avis négatifs. La loi dit qu'un avis positif ou négatif n'a pas d'importance", a-t-il déclaré.

Le médecin traitant de Tine Nys, âgé de 58 ans, deuxième accusé dans l'affaire, a lui agi comme médecin consulté avant l'euthanasie. Selon la loi, celui-ci doit être indépendant à l'égard du patient, mais selon l'enquête, il ne peut être considéré comme tel étant son médecin généraliste depuis 1998. Le troisième accusé est une femme de 67 ans, consultée comme psychiatre. Celle-ci doit également être indépendante mais le ministère public a souligné qu'elle traitait aussi Tine Nys.

"Je soutiens sa décision, en tant que médecin et bon ami de ma patiente, mais je la regrette quand même", a conclu dans son avis le médecin traitant qui n'était pas favorable à la fin de vie volontaire. Le médecin qui a procédé à l'euthanasie a toutefois déclaré que le généraliste avait pu agir de manière indépendante. "Dans de nombreux cas, le médecin traitant est considéré comme indépendant s'il agit en âme et conscience. Il lui a donné des conseils Il acceptait ça (le souhait de Tine Nys, NDLR)."

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