Une réforme de la politique globale en matière de drogues est «nécessaire et urgente»

La régulation légale des drogues est un «élément crucial pour réduire les préjudices causés par la prohibition et le marché illicite des drogues», peut-on lire dans le nouveau rapport de la Commission globale de politique en matière de drogues (CGPD) présenté à Mexico. Il entend stimuler le débat pour avancer vers une réforme «nécessaire et urgente». Il émet en outre sept recommandations concrètes pour sortir de la spirale punitive et se réorienter vers un régime de contrôle basé sur les preuves scientifiques, la santé et les droits humains.

Plus de 250 millions de personnes s'exposent à des risques parce qu'elles consomment des drogues prohibées, soulève d'emblée la Commission dans son rapport. 

«Accepter cette réalité et mettre en place une stratégie de régulation efficace ne revient pas à se montrer défaitiste ni à cautionner la consommation de drogues. C'est s'inscrire dans une approche responsable, fondée sur les faits avérés, qui appréhende le monde tel qu'il est, par opposition aux tentatives de créer ‘un monde sans drogues’ qui sont guidées par l'idéologie et finalement contreproductives», soulignent les experts.

Le rapport appelle également les dirigeants à moderniser «un système international des drogues aujourd'hui obsolète et dysfonctionnel. Si l'on souhaite que le cadre international de contrôle des drogues soit efficace, il devra tourner le dos au paradigme répressif actuel et refléter plus fidèlement l'accent placé sur la santé, les droits humains et le développement durable

La CGPD insiste encore sur le fait que la régulation, «souvent imaginée à tort comme une libéralisation incontrôlée», doit se comprendre comme une «gestion responsable des risques par les pouvoirs publics».

L'offre légale régulée doit donner aux autorités responsables «la maîtrise de l'éventail des drogues disponibles, ainsi que celle de fixer de quelle manière et dans quels lieux on peut y avoir accès. Maintenir la prohibition des plus puissantes et des plus dangereuses des drogues – comme les opiacés de synthèse tels que le carfentanyl, qui peut être mortel aux plus infimes dosages – sera un impératif de santé, justifiable de surcroît par la disponibilité d'alternatives moins fortes et dangereuses.

La priorité doit dès lors être donnée, suggère le rapport, aux substances à plus forte prévalence de consommation dans le contexte national, aux drogues extraites de plantes telles que le cannabis, la feuille de coca ou l'opium, ou aux substances dont la consommation est liée à l'histoire, la tradition ou l'héritage culturel d'une région ou d'un pays.

Le texte précise en outre que le marché des drogues illégales alimente la corruption et la violence. «A qui profiterait la légalisation des drogues? Mais à l'Amérique Latine et aux Caraïbes, pour l'amour de Dieu! Parce que c'est l'illégalité qui tue des gens», avait d'ailleurs récemment noté Alicia Bárcena, secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations unies pour l'Amérique Latine et les Caraïbes.

Le marché des drogues illégales était estimé, en 2005, à plus de 320 milliards de dollars au niveau du détail, soit à peu près l'équivalent du marché mondial du textile.

La Commission globale en matière de drogues a été fondée en 2011 par des responsables politiques et du monde culturel et économique. Elle compte 22 membres dont 13 anciens chefs d'Etat ou de gouvernement.

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