Voici, avec Regina Maris, un deuxième livre d'exception édité par François Liénard (professeur, peintre, collagiste, éditeur et poète), qui nous offre, dans ce livre publié aux éditions La Lettre volée et préfacé par le grand poète Jacques Darras, une sorte de « récit de vie » d'un paysage traversé par tant de générations de vacanciers : la Côte belge. En empruntant, en dix-neuf poèmes libres, le tram qui va de Knokke à La Panne tout au long d’un trajet de 67 km, le poète déroule une traversée autant géographique que mémorielle.
C’est l'occasion, pour François Liénard, de nous faire découvrir, au fil des étapes et de ses déambulations, des réminiscences de tout ce qui fait le charme, la rareté du souvenir empreint parfois de mélancolie — jamais de tristesse — de cet environnement émotionnel, familial et intime qui a touché tant de nos contemporains, ainsi que des visiteurs venus de bien d'autres pays. Ce recueil de poèmes libres et scandés forme une sorte de collection de petites choses, de micro-instants qui deviennent immenses dans les rappels poétiques de ce rhapsode enchanteur.
Regina Maris se nourrit aussi, au fil des pages, d’hommages à des poètes et écrivains qui ont été marqués par cette étrange et lumineuse présence de notre mer du Nord. Le miracle se révèle au détour d’une photographie ancienne, d’un objet retrouvé, d’une trace dans le sable…
« Ces poèmes, sans rime ni raison », écrivait Frédéric Saenen à propos de La Joyeuse Entrée, publié il y a un peu plus d’un an chez CFC Éditions, « sont des chants cousus les uns aux autres par la langue poétique de l’auteur ». Cette Joyeuse Entrée s'attachait à la traversée historique, comique et haletante de la ville de Bruxelles. Le poète nous faisait entendre les sortilèges et péripéties littéraires et historiques de la capitale. Avec Regina Maris, les poèmes sont de subtiles et sonnantes façons de redonner vie à ce qu'il y a de plus précieux dans un paysage : l’empreinte qu’il laisse à celle ou celui qui le traverse.
François Liénard écrit des vers de plus en plus libres, jubilatoires et parfaitement en écho avec cette composition qui est la nôtre : se souvenir des souvenirs qui deviennent du présent, et donc un rempart lumineux face au temps qui file.

François Liénard, Regina Maris, La Lettre volée, 2025, 128 p., 18 €, ISBN : 978-2-87317-655-6








