Médicaments stimulants en session: le mauvais réflexe d'un étudiant sur 20 (Afmps)

Le blocus arrive, avec son lot de « syllabriques » à emmagasiner et de stress à gérer. L’Afmps a sondé plus de 12.000 étudiants dans les six universités francophones du pays (*). Un sur 20 prend des médicaments stimulants et une des motivations la plus évoquée (49%) est d'améliorer les performances intellectuelles, en dehors de tout usage d’ordre médical.

L’étude, menée en octobre et novembre 2018, s’est déroulée sur base volontaire et anonyme. Elle se concentre sur les stimulants contenant du méthylphénidate, du modafinil, de l’atomoxétine ou du pitolisant, indiqués e.a. en cas TDAH et/ou de narcolepsie, précise l’Agence fédérale des médicaments (Afmps).

En tout, quelque 8% des participants ont indiqué avoir déjà pris des stimulants, pour la plupart durant l’année précédente. Dans ce groupe où le sexe masculin l’emporte (10% d’hommes, contre 5% de femmes), les 2/3 prennent des stimulants en dehors de tout cadre thérapeutique. Parmi ces « usagers non médicaux », plus de 80% ne se sont mis aux stimulants qu’après l’âge de 18 ans.

Leurs principales motivations ? Si on résume : booster leurs capacités intellectuelles (mieux retenir les cours, cité par 46% ; améliorer les performances académiques, à 49% ; rester éveillé et étudier plus longtemps, à 52% ; et mieux se concentrer, à 78%). Le recours aux stimulants chez les usagers non médicaux est comme on peut s’y attendre plus sporadique que chez les vrais patients, et il culmine durant les révisions et les sessions d’examens. Le méthylphénidate apparait comme le plus utilisé.

Les principales motivations évoquées

Les principales motivations

Mais comment les jeunes se procurent-ils pour un usage non médical ces spécialités soumises à prescription ? L’étude de l’Afmps établit qu’ils font appel à des amis ou connaissances dans la sphère estudiantine (c’est la filière d’approvisionnement citée par 40% des répondants) ou en dehors (16%). « Cela semble indiquer que certains patients qui sont traités médicalement partageraient leurs médicaments », commente l’Agence. On retrouve également comme sources les MG et les psychiatres ou neurologues, respectivement à 24% et 8%. Un usager non médical sur 10, par ailleurs, a trouvé son bonheur via le circuit illégal sur internet.

Ces travaux confirment « qu’une minorité d’étudiants utilise des stimulants de manière incorrecte », conclut l’Afmps. Ils doivent « être conscients du fait qu’aucun médicament n’est sûr et efficace pour améliorer les performances intellectuelles ». Et d’enchaîner par le rappel des risques liés à l’abus de ces produits - problèmes cardiaques, hypertension, insomnies, dépression, crises de panique et bien sûr accoutumance. Les étudiants sondés, pour leur part, avaient principalement rapporté des troubles du sommeil, des palpitations et une instabilité émotionnelle. Message final de l’Agence : même dans un contexte thérapeutique, comme la prise en charge du TDAH, le médecin réévalue à intervalles réguliers la nécessité de poursuivre le traitement. « Il ne faut en aucun cas prendre de médicaments stimulants sans suivi médical. »

(*) La Flandre évalue déjà régulièrement la consommation de drogues chez les étudiants, et le recours aux stimulants ; en 2017, elle relevait une utilisation non médicale de 9%

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