Le secteur hospitalier risque de perdre cinq à sept milliards d'euros

"Le secteur hospitalier risque de perdre cinq à sept milliards dans cette crise. Nous sommes en fait dans la situation de Brussels Airlines mais personne n'en parle", affirment dans Le Soir Philippe Leroy, directeur du CHU Saint-Pierre à Bruxelles, et Sylvianne Portugaels, CEO du CHR La Citadelle à Liège.

Sans intervention publique, le bilan des hôpitaux devrait passer dans le rouge. "En 2019, 33 % des établissements étaient déjà dans cette situation. Si rien n'est fait, fin 2020, ce sera 100 %", assure Yves Smeets directeur général de la Fédération hospitalière Santhéa.

C'est essentiellement l'effondrement du volume d'actes médicaux passés et à venir qui est à l'origine de la situation : sans consultation, pas d'imagerie médicale, pas d'honoraires, pas de remboursement du coup de bistouri par l'Inami, pas de marge sur la pharmacie et les implants, alors que les frais fixes, eux, restent. Si l'activité a repris, elle ne représente plus qu'un tiers ou la moitié de son niveau normal.

Au CHU Saint-Pierre, la perte s'élève à 4 millions en mars, 9 millions en avril, 10 en mai. Et probablement 4 à 6 millions en plus chaque mois d'ici la fin de l'année. Total : 50 à 60 millions de chiffre d'affaires en moins sur un budget de 300 millions. A la Citadelle, la perte devrait se monter à 70 millions dont 20 "à charge" des médecins indépendants (des honoraires non perçus) et 50 à charge du budget de l'hôpital.

En élargissant leur propre situation, les deux patrons d'hôpitaux, ils estiment que la crise coûtera, à l'ensemble des hôpitaux du pays, quelque cinq milliards d'euros dans un scénario optimiste et jusqu'à 7 milliards dans un scénario pessimiste.

Réaction chez la ministre de la Santé : "Pas de commentaire. On discute avec le secteur. Quand on aura quelque chose à annoncer, on l'annoncera". "Mais en attendant les pertes financières sont abyssales et les hôpitaux ne reçoivent aucun message rassurant", déplore Yves Smeets chez Santhea.

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Derniers commentaires

  • Erik FRANCOIS

    28 mai 2020

    Au minimum il faut distribuer aux hôpitaux, se basant par exemple sur 2019, les sommes économisées par l'INAMI.
    Il faut ensuite compenser la surcharge due à la lourdeur des mesures de protection (par exemple dans des services techniques tels l'endoscopie -- masques et blouses).
    Enfin, il existe des manières non financières (et donc gratuites) d'aider les médecins et les hôpitaux. Par exemple simplification des modes de financement, les dernières mesures ayant été si complexes que les logiciels comptables ont eu du mal à suivre. Et simplification de toute une série d'autres contraintes (ordonnances électroniques devraient redevenir facultatives -- c'est l'évolution naturelle mais qu'on cesse d'être obsédé par cela). Suspension des processus forcés de fusion et de réseaux et aussi des initiatives d'accréditation. Est-ce que tout cela nous a vraiment renforcé, aidé, et préparé à cette pandémie, notamment? A mon sens, non. L'argent dépensé en consultants, qualiticiens, administratifs n'a contribué qu'à alourdir la gestion de l'hôpital et rendre les engagements infirmiers plus rares.

  • Marc TOMAS

    26 mai 2020

    La comparaison avec Brussels Airlines est forte mais aussi réelle: si il faut choisir ( mais le faut-il ?), c'est la santé publique contre une activité polluante et qui a de nombreuses alternatives. C'est plus que choquant en fait. L'autre risque c'est la surconsommation d'actes médicaux pour tenter de redresser la barque: ce l'est tout autant. Je l'ai dit à plusieurs occasions et à plusieurs endroits, le modèle médical doit être revu de fond en comble dans notre pays, par des gens qui savent de quoi ils parlent et qui sont visionnaires. Je ne pensais donc pas aux politiques...

  • Marc TOMAS

    26 mai 2020

    La comparaison avec Brussels Airlines est forte mais aussi réelle: si il faut choisir ( mais le faut-il ?), c'est la santé publique contre une activité polluante et qui a de nombreuses alternatives. C'est plus que choquant en fait. L'autre risque c'est la surconsommation d'actes médicaux pour tenter de redresser la barque: ce l'est tout autant. Je l'ai dit à plusieurs occasions et à plusieurs endroits, le modèle médical doit être revu de fond en comble dans notre pays, par des gens qui savent de quoi ils parlent et qui sont visionnaires. Je ne pensais donc pas aux politiques...