Les Académies instillent la méfiance, déplore le CSS qui soutient Sciensano

Les Académies royales de Belgique "instillent la méfiance au sein de la population à un moment particulièrement malvenu", a déploré jeudi le Conseil supérieur de la Santé (CSS) en réponse aux critiques émises par les institutions mardi. L'organe d'avis du SPF Santé publique souhaite apporter son "soutien et (sa) reconnaissance" à Sciensano, l'Institut scientifique de santé publique.

Mardi, l'Académie royale de médecine (ARMB) et l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts (ARB) sont sorties du bois pour s'inquiéter du "monopole de Sciensano" dans la gestion de la crise sanitaire provoquée par la pandémie du no uveau coronavirus.

Elles émettaient moult griefs, évoquant des "décisions arbitraires et opaques" de l'institution publique comme le discours sur le port du masque ou encore la restriction des tests diagnostiques des personnes asymptomatiques ou présymptomatiques. Elles priaient dès lors l'institut de collaborer activement avec elles.

Pour le Conseil supérieur de la Santé, ces critiques ne font que propager la méfiance au sein de la population au plus mauvais moment. Il souligne que l'instance n'a aucun pouvoir de décision. Les recommandations de Sciensano guident toutefois les autorités dans leur gestion de la crise sanitaire.

Pour répondre aux critiques, le CSS sort sa calculatrice: Sciensano a produit "64 bulletins épidémiologiques quotidiens, 9 bulletins épidémiologiques hebdomadaires, 15 recommandations sur la définition de cas et le testing, 43 procédures pour les différents acteurs de terrains, 11 outils de communication ou encore (...) une 'Fact Sheet' de 32 pages résumant plus de 225 publications scientifiques pertinentes liées au Covid-19". Le CSS a, lui, "élaboré et transféré plus de 22 notes urgentes ou avis complets à destination des autorités".

Si le CSS ne répond pas quant au fond des préoccupations des Académies, il tire à boulet rouge sur ces institutions, soulignant qu'elles n'ont pris la parole qu'en avril, pour ne rien dire "d'original" sur le tracing et le port du masques, des questions "déjà abordées par ailleurs". "Les avis émis dans ce contexte et à ce moment s'apparentaient plus à l'expression de l'opinion d'un nombre limité de personnes qu'à un véritable avis scientifique tenant compte des réalités du terrain", lance le Conseil supérieur de la Santé.

Le CSS admet que des leçons devront être tirées de la crise, au niveau politique, administratif, scientifique et médiatique. "Mais, pour les institutions scientifiques, le temps de cette phase n'est pas encore arrivé car les défis restent majeurs pour toute la population et pour les autorités du pays."

"La communication de crise nécessite des messages clairs, non polémiques, transparents et centralisés afin de ne pas créer plus de confusion dans la population et les médias", conclut le Conseil.

Lire aussi : Les Académies royales s'inquiètent du "monopole de Sciensano"

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Derniers commentaires

  • Jean-Marie DELLEUZE

    29 mai 2020

    Les Académies ont tout simplement fait un caca nerveux.

  • Marc WATHELET

    29 mai 2020

    C'est Sciensano qui instille la méfiance avec ses recommandations en dépit des principes de réalité, de précaution et de santé publique! Les Académies royales de Belgique dénonce l'arbitraire et l'opacité de ces recommandations qui mettent en danger la santé publique, et le coût à terme sur la perception des scientifiques et du rôle de la science dans notre société. Et bien sûr le CSS ne répond pas sur le fond, tout comme Sciensano. Avec Christian Leonard qui ose dire que la Belgique a bien géré la crise et Maggie De Block qui pense que le gouvernement a pris les bonnes mesures au bon moment, l'espoir que Sciensano et le gouvernement apprennent de leurs erreurs multiples aux conséquences dévastatrices pour le pays est particulièrement ténu.

  • Floriane LAMBRECHTS

    28 mai 2020

    Merci pour cette réaction. J’ai été choquée et attristée par l’attitude de nos confrères membres de l’académie. Quel mauvais signal adresse à la population en terme de cohérence et de confiance partagée. Lutte d’egos ?