Le manque de médecins nuira t-il encore plus à notre santé ? Tel était le thème du débat proposé ce matin par “C'est pas tous les jours dimanche" sur RTLTVi.
A quelques mois des élections, l'annonce de la ministre de la santé, Maggie De Block de bloquer l'octroi des numéros INAMI surnuméraires aux francophones, était au coeur du débat sur le plateau de "C'est pas tous les jours dimanche" sur RTL TVI. Le neurochirurgien et président du Sénat MR, Jacques Brotchi a dit tout haut ce qu’il disait déjà tout bas depuis quelques temps : « Je ne suis pas d’accord avec Mme De Block, le filtre est bon à l’entrée ! Je m’opposerai à la ministre. Je ne suis pas d’accord avec la réduction des numéros Inami. » Pour lui, « sur les 1042 médecins qui ont réussi l’examen, 70 ne se sont pas inscrits en première année. On aura un taux de non réussite de 23% et on arrivera donc à 748 médecins. L’examen est un bon filtre. »
2200 médecins
Il rappelle que « le taux de réussite est le même du côté flamand que francophone. » Pour lui, « jusqu’il y a peu on orientait trop peu, du côté francophone, de médecin vers la médecine générale et maintenant on arrive à un taux de 42%. Il y aura donc dans deux ans et demi 735 médecins généralistes supplémentaires. Cela ne suffira pas. En 2024, il y en aura 2200, cela va apporter du sang neuf par rapport aux médecins agés. »
Cette annonce est conforme aux attentes de Giovanni Briganti du Comité inter-universitaire des étudiants en médecine (CIUM) présent également sur le plateau du débat : « C’est un gros pas en avant que Brotchi veuille supprimer les quotas. Ce sera intéressant pour une prochaine législature. On est content d’apprendre que le MR veut bien arrêter le numerus clausus. Cela pourrait amener la fin du numerus clausus avec une alliance PS-MR. »
Il est temps, selon lui, d’autant que « moins d’un médecin sur deux qui partira à la retraite sera remplacé. C’est grave pour la santé de la population. On a pensé à sélectionner avant de penser de savoir si on avait assez de médecins ou non. »
Des filtres réactifs pour l’Absym
De son côté, la Dr Caroline Depuydt, Médecin Chef de Service HAS Fond'Roy, qui représentait l’ABSYM au débat rappelle que l’on ne saura si « le filtre est efficace qu’en 2024, les paroles de Mme De Block sont prématurées. » Elle met les propos du Dr Brotchi en perspective : « Je ne crois pas que cela sera facile de supprimer les quotas au niveau du Parlement. Ce sera difficile à faire accepter en Flandre en période préélectorale. Par contre, cela peut permettre de rouvrir le débat parce que c’est vrai que le calcul des quotas est serré et ils n’ont jamais prévu l’imprévu. Il serait bon d’apporter une certaine souplesse au système. Toutefois, il ne faut pas seulement ouvrir les vannes mais il faut répondre à ce problème de manière plurielle. Il faudrait un plan a court terme pour les étudiants qui terminent et un plan à long terme pour mettre en place une solution pérenne pour l’avenir des soins de santé. »
Elle ajoute : « A l’Absym on n’est pas pour supprimer les quotas mais plutôt pour permettre de mettre en place des filtres réactifs pour mieux adapter les problèmes spécifiques de terrain. Le métier de médecin reste un métier plébiscité et il faut garder des filtres. » Pour elle, « les étudiants qui terminent doivent pouvoir aller au bout aujourd’hui, demain ou en 2024. Ces étudiants ont joué le jeu. Il n’y a aucune raison qu’il y ait une double peine à leur encontre et c’est pour cela qu’il faut réfléchir. »
Du côté du Dr Wissam Bou Sleiman, Médecin Chef et Directeur Médical Adjoint chez EpiCURA, l'annonce du Dr Brotchi ne suffira pas : « j'entends sa proposition mais le sujet est plus complexe sur le terrain. Il faut une vue plus macro. On a déjà eu des médecins qui viennent de Flandre parce qu'ils n'ont pas de places chez eux. Pour moi, le plus important pour un médecin, c'est son cursus. Aujourd'hui, il faut surtout s'intéresser aux spécialités qui sont en pénurie depuis longtemps. On fait déjà travailler des médecins au-delà de 70 ans parce qu'on n'a pas d'autres solutions. » Enfin, il ajoute : « l'urgence est vraiment dans la mise en place d'un cadastre des spécialités et surtout des gens actifs dans chaque spécialisé. Sans oublier d'investir et de sensibiliser aux spécialités importantes pour l'avenir des soins de santé comme la gériatrie... »
Lisser mais pas résoudre pour Greoli
Enfin, Alda Greoli, ministre wallonne de la santé, n’est pas complètement rassurée à la fin du débat: « La proposition de M. Brotchi va lisser le problème, mais il ne va pas le résoudre. Mme De Block doit s’attaquer au vrai problème et surtout stopper la pénurie du côté francophone. La pyramide des âges n’est pas bonne du côté francophone. elle doit sortir de ses calculs théoriques pour venir sur le terrain et constater la réelle pénurie. Je lui ai lancé une invitation et elle n’y a pas répondu ! »
Maggie De Block a convoqué une conférence interministérielle extraordinaire de la santé pour ce lundi 11 février, en présence du président de la commission de planification de l'offre médicale de l'INAMI.
> (Re)voir le débat : cliquez ici (Emission du 10/02)
Le manque de médecins nuira-t-il encore plus à notre santé? Débat à suivre àpd 11 h ce dimanche sur @RTLTVI @dimancheRTL avec entre autres @JacquesBrotchi @DepuydtCaroline @DocWissam @giovbriganti @AldaGreoli
— Le Spécialiste (@JdS_SK) 10 février 2019
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"Est ce que le filtre sera efficace? Ce n'est qu'en 2024 qu'on le saura. Il y a un quota mais est ce que c'est suffisant ou pas? " @DepuydtCaroline #dimancheRTL #inami @absymtweets @CIUM_medecine
— Rémi Florquin (@remi_florquin) 10 février 2019
"L'examen d'entrée n'est pas efficace" "On a le double de candidat par rapport aux places mais est ce que le nombre de places est juste?" @giovbriganti #dimancheRTL #inami
— Rémi Florquin (@remi_florquin) 10 février 2019
« 55% des communes wallonnes sont en pénuries de médecine généraliste contre 63% de pénurie en flandre » Quésako ? #dimancheRTL #inami
— Mathilde Sarnelli (@m_srnl) 10 février 2019
9000 médecins belges sont parti à l'étranger car c'est plus attractif. Jacques Brotchi #dimancheRTL @CIUM_medecine @giovbriganti #inami
— Rémi Florquin (@remi_florquin) 10 février 2019
« Moins d’un médecin sur deux sera remplacé après avoir pris leur pension d’ici 2025 » @giovbriganti #dimancheRTL @CIUM_medecine
— Mathilde Sarnelli (@m_srnl) 10 février 2019
Ça c’est dit!!!! https://t.co/J5gDClELHJ
— Giovanni Briganti (@giovbriganti) 10 février 2019
Ou a tout le moins mettre des quotas réalistes / dynamiques / qui ne provoquent pas de pénurie / adaptables + de toute façon en parallèle travailler sur les zones et les spécialisations en pénurie pr les rendre attractives
— depuydt caroline (@DepuydtCaroline) 10 février 2019
Et la nécessité d’une répartition plus réfléchie et équilibrée des sous quotas spécialités ! https://t.co/JxJZdC8znf
— Wissam Bou Sleiman (@DocWissam) 10 février 2019
L'autorégulation du marché ne viendra qu'avec un consommation médicale responsable du citoyen. Il est humain pour un médecin de vouloir gagner sa vie et, par conséquent, de pousser à la consommation parfois même si pas nécessaire. Information du patient & support digital @B_Hf_T
— Karolien Haese (@Karolien1231) 10 février 2019
Pas d’accord avec ça! Ce n’est pas normal de pousser à la consommation! Si vous avez une activité digne de ce nom, c’est très peu fréquent. Et la qualité augmente!
— Roland Vaesen (@vaesen_roland) 10 février 2019
Comment penser autrement lorsqu’on met les pieds sur le terrain ?! Le constat y est alarmant et certaines disciplines risquent d’en pâtir sévèrement. Quid du reste du MR qui il y a peu encore défendaient le dogme du Numerus Clausus mordicus ? https://t.co/zjtpn17DL2
— Lamelyn Quentin (@QuentinLamelyn) 11 février 2019
Rappelons également que @JacquesBrotchi était favorable à l’idée d’instaurer un système tel que proposé par le @CIUM_medecine (CF article sur le bachelier en sciences médicales). Quid du reste du @MR_officiel ? https://t.co/zjtpn17DL2
— Lamelyn Quentin (@QuentinLamelyn) 11 février 2019