Covid-19: une leçon pour l’économie… de la santé?

Aucune pandémie, depuis 100 ans et la grippe dite «espagnole», n’aura eu autant d’impact que celle que nous connaissons aujourd’hui avec le coronavirus-2. Un article vient de paraître dans le Lancet, montrant à quel point il est important de réinvestir dans les soins de santé.

L'Italie est, en effet, confrontée à une crise sans précédent due à la pandémie Covid-19. Depuis le 21 février 2020, date à laquelle le premier cas de Covid-19 a été enregistré en Italie, le Service national de santé, qui offre un accès universel aux soins de santé, est confronté à une pression croissante, avec plus de 80.500 cas de Covid-19 au total et plus de 8.100 décès le 26 mars 2020. Dans les régions les plus touchées, le Service national de santé est proche de l'effondrement, résultat d'années de fragmentation et de décennies de coupes financières, de privatisation et de privation de ressources humaines et techniques.

Il faut savoir que le Service national de santé est dépendant d’une politique régionale, mais selon les auteurs, ce sont les autorités locales qui sont responsables de l'organisation et de la prestation des services de santé. Ceci laisse apparemment au gouvernement italien peu de latitude pour prendre le leadership.

Par ailleurs, les auteurs rappellent qu’entre 2010-19, le Service national de santé italien a subi des coupes financières de plus de 37 milliards d'euros avec une privatisation progressive des services de santé. Les dépenses de santé publique par rapport au Produit Intérieur Brut (PIB) étaient de 6,6 % pour les années 2018-20. Pour la période 2020-2022, ce taux devrait tomber à 6,4%.

Parmi toutes les régions de la botte italienne, c’est la Lombardie qui est la plus touchée. En reprenant uniquement les données consolidées pour le 19 mars dernier, le nombre de personnes touchées était de 19.884 dont 2.168 décès et 1.006 patients nécessitant une assistance respiratoire. Pourtant, la capacité de lits en soins intensifs était seulement de 724 lits. Pour faire face à la pénurie de matériel médical, la protection civile italienne a lancé un marché public accéléré pour obtenir 3.800 respirateurs, 30 millions de masques de protection supplémentaires et 67.000 tests de dépistage pour le SRAS-CoV-2.

Afin d’éviter  la pénurie de personnel de santé due à des décennies de pratiques de recrutement inadéquates, le gouvernement italien a autorisé les régions à recruter 20.000 travailleurs de la santé, en leur allouant 660 millions d'euros à cette fin.

Pour les auteurs italiens, il y a des leçons à tirer de la pandémie actuelle de Covid-19. Tout d'abord, la décentralisation et la fragmentation des services de santé en Italie semblent avoir limité la rapidité et l'efficacité des interventions. Pour eux, une meilleure coordination nationale aurait dû être mise en place. Ensuite, la capacité et le financement des systèmes de soins de santé doivent être plus souples pour tenir compte des urgences exceptionnelles. Par ailleurs, en réponse aux urgences, il convient d'institutionnaliser des partenariats solides entre le secteur privé et le secteur public. Enfin, le recrutement des ressources humaines doit être planifié et financé dans une perspective à long terme. Des choix de gestion cohérents et un engagement politique fort sont nécessaires pour créer un système plus durable à long terme. Quelques leçons à prendre pour nous aussi?

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