L’usage quotidien des technologies numériques pourrait ralentir le déclin cognitif chez les seniors

Contrairement aux craintes répandues, les technologies du quotidien pourraient jouer un rôle protecteur pour la santé cérébrale des personnes âgées, selon une méta-analyse internationale.

Alors que les débats sur les effets délétères des écrans sur le cerveau se multiplient, une étude de grande ampleur vient nuancer cette perception en démontrant que, chez les adultes âgés, un usage régulier des technologies numériques serait associé à une réduction significative du risque de déclin cognitif. Publiés dans Nature Human Behavior, ces travaux s’appuient sur une revue systématique de 57 études portant sur plus de 400 000 participants, dont l’âge moyen au début des observations était de 69 ans.

Les auteurs désignent ces individus comme des « pionniers du numérique » : nés à une époque où les moyens de communication reposaient encore sur le courrier postal, les cartes papier ou les encyclopédies, ils ont progressivement adopté l’usage des ordinateurs personnels, d’Internet, des smartphones et des outils de navigation assistée. Pour cette population, l’environnement numérique est devenu une composante ordinaire du quotidien — tant pour la gestion des tâches administratives que pour les interactions sociales ou l’accès à l’information.

Les résultats de cette analyse sont éloquents : les personnes âgées utilisant régulièrement des outils numériques présentent un risque de déclin cognitif réduit de 58 %, un effet comparable, voire supérieur, à celui de certains facteurs protecteurs bien établis comme l’activité physique, le niveau d’éducation ou la pratique d’exercices cognitifs spécifiques. Les bénéfices de cette exposition ne semblent pas liés à des facteurs confondants tels que le statut socio-économique ou la santé générale, selon les chercheurs.

Plusieurs mécanismes explicatifs sont avancés.

D’une part, l’utilisation de la technologie impose des sollicitations cognitives constantes : il faut s’adapter à des interfaces changeantes, résoudre des problèmes techniques, gérer l’abondance d’informations et maintenir une attention soutenue face aux sollicitations numériques.

D’autre part, ces outils favorisent le lien social — un facteur protecteur bien documenté dans la prévention des démences — en facilitant la communication instantanée et la coordination des interactions en présentiel.

Enfin, les dispositifs numériques agiraient comme des soutiens externes à la mémoire et à l’organisation, permettant aux individus de conserver leur autonomie fonctionnelle grâce à des rappels, des calendriers automatisés et des aides à la planification.

Toutefois, les auteurs appellent à la prudence dans l’interprétation de ces résultats. Il ne s’agit pas d’affirmer que la technologie constitue un remède universel contre les effets du vieillissement cérébral. Un usage excessif ou passif des écrans, le repli social numérique ou l’exposition à de fausses informations peuvent, à l’inverse, constituer des risques.

De plus, les données analysées concernent spécifiquement une génération qui a été exposée aux technologies numériques à l’âge adulte. Il demeure incertain que les effets observés soient les mêmes pour les générations suivantes, qui grandissent dans un environnement numérique omniprésent dès l’enfance.

  • Benge, J.F., Scullin, M.K. A meta-analysis of technology use and cognitive aging. Nat Hum Behav (2025). https://doi.org/10.1038/s41562-025-02159-9

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