Le Conseil supérieur de la santé demande l'interdiction des filtres dans les cigarettes

Les filtres à cigarette font plus de mal que de bien, selon un avis du Conseil supérieur de la santé (CSS) publié à la demande de la ministre fédérale de l'Environnement Zakia Khattabi (Ecolo). Selon l'organisme scientifique, les filtres à cigarette ne réduisent pas les effets néfastes du tabac, n'offrent aucun avantage en termes de santé publique et représentent une pollution pour l'environnement.

"Les filtres créent un faux sentiment de sécurité", pointe tout d'abord le CSS. "Le fumeur inhale ainsi plus fréquemment et profondément, pour compenser la réduction de l'apport en nicotine induite par la présence du filtre." En outre, bien qu 'une partie des particules de suie et de nicotine soit effectivement bloquée, la combustion incomplète induite par la présence du filtre augmente la quantité de substances cancérigènes. "Au lieu de protéger contre le cancer du poumon, les filtres ont surtout favorisé un changement de type de cancer du poumon."

Par ailleurs, le rapport souligne que les filtres réduisent l'irritation des voies respiratoires et procurent une sensation plus agréable. Les études suggèrent à cet égard qu'une interdiction des filtres ne ferait que rendre le tabagisme moins attrayant. "Environ 12% des fumeurs arrêteraient de fumer si les filtres étaient interdits", affirme le cancérologue Nicolas Van Larebeke.

En parallèle aux questions de santé, l'avis souligne l'impact causé par les filtres sur l'environnement, en raison des microplastiques libérés lors de leur décomposition. "Les résidus toxiques contenus dans les mégots de cigarette ont plusieurs effets négatifs sur les organismes aquatiques, la germination et la croissance des plantes, ainsi que sur certains oiseaux chanteurs qui utilisent les mégots dans leur nid", ajoute le CSS. Selon les estimations, 4,5 milliards de mégots de cigarettes se retrouvent chaque année dans l'environnement dans le monde, tandis que les comptages unitaires effectués par l'agence publique flamande en charge des déchets (OVAM) montrent que les m&eacute ;gots de cigarette représentent 41 % des déchets en Flandre.

"L'élimination du filtre dans les cigarettes n'aggraverait pas les effets néfastes du tabagisme sur la santé en général, pourrait réduire le nombre total de cigarettes fumées, et représenterait une partie de la solution à un problème environnemental évitable" résume le rapport. Conformément à une recommandation de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le CSS recommande donc d'interdire les filtres dans les cigarettes, tant au niveau national qu'international, au travers du levier européen notamment.

La révision des régulations européennes à ce sujet est toutefois très cadenassée. "La Belgique ne pourra pas faire bouger les choses à elle seule. Elle aura besoin de collaborer avec les autres pays européens pour faire évoluer les normes et lutter contre l'influence des lobbys du tabac", note le porte-parole du CSS Fabrice Peters.

Chaque année, plus de 14 .000 Belges meurent des suites du tabagisme, principalement en raison d'un cancer du poumon. Bien que les traitements s'améliorent constamment, seuls 25 % des patients sont encore en vie cinq ans après le diagnostic, tandis que 80 à 90 % des cas pourraient être évités. Malgré cela, un Belge sur cinq fume toujours, et 65% d'entre eux préfèrent les cigarettes avec filtre. 

La multinationale spécialisée dans la production de tabac Philip Morris a quant à elle réagi à l'avis du CSS, décrivant ses propositions comme "irréalistes, inefficaces et contre-productives".

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