Accord 2018-2019: le GBO en est, sans enthousiasme débordant

Paul De Munck, président du GBO, rapporte avoir signé l’accord conclu ce 19 décembre essentiellement parce que le cadre financier réservé aux MG est raisonnable, et que le syndicat «tient à la sécurité tarifaire». Sur bien d’autres points, le GBO dit rester sur un goût de trop peu, ou de pas clair. Et sur le sentiment d’une omniprésence de coulisses du cabinet De Block.

Au niveau de l’index, en 2018, les MG s’en tirent avec des consultations indexées à hauteur de 1,68% et des visites à 1,5%, quand d’autres prestations d’autres secteurs n’obtiendront que 1,25% ou 0% de relèvement d’honoraires. La non-indexation sera aussi le lot, en médecine générale, du DMG et de la prime intégrée. «Oui, le total potentiellement atteignable par le MG devient plus élevé si on additionne les futures trois parties de cette prime (1), mais seulement pour le bon élève qui remplira tous les critères», objecte le Dr De Munck.

«Le Premier ministre répète ‘jobs, jobs, jobs’. Moi je dis que sa collègue à la Santé reste braquée sur ‘économies, économies, économies’… Il n’y a dans l’accord aucune marge pour innover, être créatif. On ne ressent pas de reconnaissance et d’encouragement envers les prestataires pour leur implication…», regrette-t-il.

Le GBO indique avoir veillé à faire insérer dans le texte final l’une ou l’autre garantie et soulevé diverses problématiques jusque dans la dernière ligne droite des négociations. Par exemple, si avoir un DMG permettra au patient de demander au MG titulaire de le faire bénéficier du tiers payant pour ses prestations, le médecin ne sera pas forcé d’accéder à la demande, relate le syndicat.

Un de ses combats des derniers mois a porté ses fruits, partiellement, puisque l’e-prescription est postposée à juin prochain, pointe encore le GBO. Encore faut-il distinguer généralisation et obligation, laquelle aux termes de l’accord interviendra au plus tard le 1er janvier 2021. «On joue peut-être sur les mots, mais c’est une ouverture. Faire coïncider l’obligation de prescrire électroniquement et celle de passer au DMI est l’une de nos ‘vieilles’ revendications», rappelle Paul De Munck.

Mais il estime qu’un flou règne toujours pour les MG plus âgés, qu’il avait «peut-être un peu trop vite espérés ‘immunisés’» contre l’e-prescription [pour mémoire les prescripteurs ayant 62 ans le 1er juin 2018 sont exemptés de passer par recip-e, ndlr]. «Qu’adviendra-t-il pour ces confrères, en 2021, à 65 ans ou plus, s’ils veulent encore exercer? L’accord n’a pas résolu ce point», remarque le syndicaliste. Et de se demander si, dans ce dossier comme dans celui du statut social des retraités actifs converti en une prime moins avantageuse fiscalement, on n’est pas en train de décourager les MG de poursuivre leur activité après 65 ans. Un paradoxe, pour un gouvernement dont le ministre des Pensions pousse au relèvement de l’âge de la retraite.

Le GBO relate enfin avoir dû batailler ferme, «tout à fait isolé sur le banc syndical», pour que subsiste dans l’accord la référence à la garde semaine. «C’est une attente francophone, dans certaines zones en difficulté, d’avoir une extension du financement des postes sur la semaine.» La crainte que le GBO a déjà exprimée à plusieurs reprises, c’est que l’argent dégagé par la réforme des honoraires de disponibilité n’aille de façon disproportionnée vers la Flandre, moins couverte en PMG «de week-end», pour compléter sa couverture.

Le GBO a également des demi-satisfactions à formuler sur d’autres mesures de l’accord, e.a. touchant l’accréditation et l’e-santé. Nous y reviendrons sur www.medi-sphere.be. «Ceci n’a rien à voir avec l’accord stricto sensu, mais c’est néanmoins lié à la thématique e-santé: le sujet qui ‘vit’ énormément pour le moment dans la profession, c’est l’inquiétude autour du monopole grandissant de Corilus. Les MG se sentent piégés.»

 

(1) L’accord prévoit une scission de la prime intégrée en une allocation à la pratique (1.000 €), un appui à l’amélioration de la qualité du DMG (maximum 2.500 € si tous les critères sont remplis, avec des indicateurs comme la production de sumehrs, le recours à EBM Practice Net ou la transmission de données) et un soutien à l’emploi des e-services administratifs (maximum 2.500 €, pour recours à la prescription électronique, le chapitre IV électronique, e-Attest (prévu pour 2018…)).

Vous souhaitez commenter cet article ?

L'accès à la totalité des fonctionnalités est réservé aux professionnels de la santé.

Si vous êtes un professionnel de la santé vous devez vous connecter ou vous inscrire gratuitement sur notre site pour accéder à la totalité de notre contenu.
Si vous êtes journaliste ou si vous souhaitez nous informer écrivez-nous à redaction@rmnet.be.