Cessez de décrire les médecins comme des "gens qui demandent des suppléments"

Inévitablement, le débat politique sur la réforme hospitalière qui s’est tenu lors du congrès Medische Wereld du 22 avril a porté sur les suppléments d'honoraires. Johan Blanckaert, président de l'Absym, a profité de l'occasion pour démonter un certain nombre de préjugés.

Le point d'orgue de la présentation a été un sondage sur les suppléments d'honoraires dans un auditorium plein à craquer de médecins et d'étudiants en médecine. La question était la suivante : "En tant que médecin, travailleriez-vous moins ou plus si les suppléments étaient supprimés ?" 78% des répondants ne savaient pas répondre, 16% travailleraient moins, 5% travailleraient plus. Que la plupart des répondant ne sachent pas répondre n'est pas illogique. En effet, tout dépend du contexte dans lequel les suppléments sont supprimés. Quel système le remplacera ? Seront-ils compensés d'une manière ou d'une autre ?

Nuance

Johan Blanckaert a donc tenté d'apporter la nuance nécessaire : "Les suppléments diffèrent d'un hôpital à l'autre et tous les hôpitaux n'exigent pas le même pourcentage de rétrocession de la part des médecins. C'est pourquoi mon syndicat se bat pour la transparence sur les prélèvements. Il s'agit notamment de savoir quelle part est consacrée aux coûts directs et indirects, ainsi qu'à ce que l'on appelle les frais d'entretien de l'hôpital. Cette dernière composante représente un montant considérable. Nous voulons savoir exactement quels sont les coûts cachés. Dans un nouveau système, il faut garder à l'esprit que certains services, par exemple la radiologie interventionnelle, ne sont pas toujours payés."

Outre ces commentaires de fond, le Dr Blanckaert a également fait un commentaire formel : "Le terme de suppléments est péjoratif : nous préférons nous en tenir à l'appellation "honoraires libres"". Pourquoi ? Le président de l’Absym s'est replongé dans le passé pour répondre à cette question : lors de la création des suppléments en 1964, on parlait de l'honoraire normal et de l'honoraire social. "Aujourd'hui, on oublie que l'honoraire normal couvre l'ensemble du paquet, y compris les soi-disant suppléments. »

Selon Johan Blanckaert, un autre malentendu persiste : certains médecins ne peuvent pas facturer de suppléments. "Les médecins conventionnés peuvent facturer autant de suppléments dans une chambre à un lit que les médecins non conventionnés", a-t-il déclaré.

Il s'est ensuite opposé à ce que les médecins spécialistes soient considérés comme des "personnes demandant des suppléments d'honoraires". "Ces suppléments ont leur fonction. Selon des chiffres récents, 600 millions d'euros viennent s'ajouter à la facture par le biais des suppléments. Mais avec ces 600 millions, on investit énormément. Pensez au financement de certaines interventions, de matériel supplémentaire, de personnel. Ce sont justement ces coûts qui sont couverts dans une certaine mesure par les honoraires."

Une évolution croissante

La ministre Petra De Sutter, s'exprimant au nom du gouvernement, a déclaré qu'elle restait très prudente dans ses déclarations à ce sujet, car elle était consciente du caractère sensible de la question. Pourtant, son message s'inscrivait clairement dans une position politique en opposant les suppléments et la médecine à l'acte à l'accessibilité financière du système.

"Les suppléments sont indissociables du financement et de la réforme de la nomenclature. Aujourd'hui, ils sont fortement liés au financement de la prestation. Ils augmentent également au fil du temps. Cela crée un décalage de plus en plus important qui nous oblige à veiller tout particulièrement à ce que le système reste accessible pour le patient. Il doit payer de plus en plus, tandis que la part du gouvernement dans ce paiement diminue. Notre projet d'offrir des soins de santé solidaires risque alors de devenir inabordable.  Dans ce débat, nous sommes donc confrontés à un choix de société." 

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