Etude MAHA « Il est temps de revaloriser le médecin hospitalier  »

L’ étude MAHA reflète t-elle la réalité ? Est elle trop orientée ? Pose t-elle les bonnes questions ? Et quid des médecins ? Ne faudrait-il pas une étude MAHA sur les honoraires du corps médical ?  Réponses des drs Bejjani et de Toeuf,

À la lecture de l’étude MAHA, le Président de l’ABSYM Bruxelles, le Dr Gilbert Bejjani donne son analyse : « Cette étude perd un peu de sa crédibilité et de son objectivité avec le temps. Même si elle donne des chiffres objectifs, les conclusions donnent l’impression que cela est orienté avec un ton qui arrange bien les hôpitaux et les banques. »

Pour lui, « cette étude montre que rien n’a été appris de la crise covid. Les crises vont se succéder et je crains que la qualité va se détériorer, vu que aucune mesure structurelle n’est prise pour changer les choses et  on va arriver  à une médecine à deux vitesses. »

Il recadre aussi certaines conclusions : « L’étude dit que l’activité ne reprend pas après le covid, mais on peut aussi dire qu’il y avait trop d’activité auparavant et pas assez d’activité de chirurgie de jour ( ce qui est prouvé) avec un shift ambulatoire insuffisant . L’étude d’Antares de l’année passée le montrait bien. » Il ajoute : « On a besoin des hôpitaux, et je suis un médecin hospitalier, mais l’hôpital ne doit pas faire tout : de la vaccination à la chirurgie des greffes. »

Un autre défaut de l’étude selon lui se situe ailleurs : « Le résultat ne reflète pas la pertinence des dépenses. Je rappelle que c’est un secteur non-marchand et qu’il n’y a pas d’actionnaire à rémunérer. Il n’y a donc jamais un intérêt a montré un quelconque bénéfice : quand il y a de l’argent, il est dépensé. »

Quant à la pénurie de personnel, elle est réelle mais amplifiée par la dilution des missions et aucune redistribution adéquate. De ce fait, même avec 3000 ETP en plus, il y a encore besoin d’interim, et donc du personnel existant qui est sorti. Il y a un réel besoin de valoriser le travail de soignant, dont celui des médecins hospitaliers, spécifiquement.

Il attend aussi un geste pour les médecins : « Il y a énormément d’argent – plus de 3 milliards hors indexation, qui a été mis dans les hôpitaux (covid, blouses blanches...) mais rien n’a été fait pour les médecins. Il faudrait que toute avance  aux hôpitaux soit corrélée à une diminution de la pression sur les honoraires du corps médical, avec un prélèvement justifié. C’est toujours le même refrain. C’est indécent parce qu’il y a un « siphonnement » des honoraires. Quand on regarde de plus près, le budget résiduel des médecins hospitaliers devient inférieur au budget de l’ambulatoire et cela avant tout prélèvement. J’attends avec impatience les chiffres sur l’évolution de ces derniers sur les 10 dernières années. »

Il lance une autre idée : « Il faudrait une étude MAHA sur les honoraires du corps médical... » . Pour lui, la solution, c’est la réforme du financement et la responsabilisation budgétaire des acteurs.

« Le ministre Vandenbroucke aurait dû développer un véritable outil de gestion hospitalière »
Pour le Dr Jacques De Toeuf, de l’Absym, à la lecture de l’étude MAHA, il faut oser se poser les bonnes questions et voire surtout ce qui aurait dû être fait depuis plusieurs mois/années : « Le ministre aurait dû lancer des réformes structurelles du financement des hôpitaux. Il a débloqué des moyens pour des actes ponctuels (Fonds Blouses blanches, covid...) mais cela ne suffit pas. Il n’a pas changé le modèle de l’hôpital. Sans une vraie amélioration des ressources, la situation n’est pas tenable pour les hôpitaux. Cela me fait dire que le ministre Vandenbroucke est mis en cause. Quand il a commencé son activité, avec le retard du lancement de la Vivaldi, il a dit « je vais tout réformer (financement, honoraires, nomenclature...) ». Au bout du compte, il n’aura que préparé la réforme de la nomenclature. Sur les hôpitaux, il n’a rien fait du tout. Or, si nous n’étions pas aujourd’hui avec un BMF conçu comme il l’est maintenant (non-transparent) et que l’on était passé à un BMF par pathologie réelle.... C’est-à-dire « un séjour coûte autant et vous recevez autant », nous aurions eu un modèle prévisible et vertueux où il n’y aurait pas eu tous les abus de position dominante et les mauvais usages que l’on connaît aujourd’hui. »

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