Mais que font les syndicats ? ( Dr David Simon )

Lors de chaque nouvelle brimade que vous infligent les autorités nombre d’entre vous se posent cette question.  Je vais tenter de vous expliquer pourquoi il n’est que rarement possible de leur faire obstacle
Lorsqu’un projet délétère menace la médecine générale, les autorités multiplient les lieux de décision où il est négocié.  Le but est d’épuiser nos représentants et à défaut, de les amener à se contredire entre ces différents lieux.  En cas d’échec, le représentant réputé faire le plus obstacle au projet est invité à une « réunion informelle ».  S’il ne se soumet pas, il arrive que le procès verbal de la réunion soit falsifié. En dernier recours, l'un des membres les plus influents du conseil d’administration est approché, le moins au fait du sujet, dans l’ultime espoir que son inexpérience l’amène à lui apporter son soutien. Ces pièges sont le plus souvent déjoués.  Mais nul n’est infaillible et l’habileté de nos interlocuteurs déroutante.
Outre leur multiplication les autorités ouvrent désormais les lieux où se décide l’avenir de la médecine générale aux autres professions de santé.  Placée en minorité, la médecine générale voit son pouvoir de décision rejeté à la périphérie d’une constellation de professions de santé.  Dans la Plate-Forme de Première ligne Wallonne (PPLW), la médecine générale (syndicats, FAGW et SSMG réunis) ne dispose que de 8% des voix.  Les autorités wallonnes ont évidemment fait de cette chimère leur interlocuteur exclusif en matière de « première ligne » et donc de médecine générale.  Les syndicats ne sont plus consultés que dans des domaines de plus en plus étroits. Qu’à cela ne tienne, l’un d’eux s’enorgueillit même d’en être le géniteur.
Le syndicat qui ne cède pas devant un projet se retrouve le plus souvent seul face à une chorale d'indéfectibles alliés de ses promoteurs qui le stigmatisent comme corporatiste, réactionnaire et rétif à toute amélioration de la qualité.  Pour abuser de la confiance de leur public, leur instrument favori est la langue de bois.  Ainsi la phrase « Les meilleurs soins, par le prestataire le plus adéquat, au juste coût » semble évoquer « l'échelonnement et la revalorisation des honoraires » alors qu’elle promeut la « subsidiarité », cet à dire le droit d'autres professionnels de santé d’effectuer des actes médicaux sans qu’ils ne soient prescrits par un médecin, actes financés en puisant dans l’enveloppe des honoraires médicaux.
Comprenez-vous maintenant ce que font les représentants qui continuent à anticiper, agir puis de tenir sans faiblir face à ceux qui préfèrent temporiser, railler ceux qui agissent avant de s’agenouiller « de façon constructive » et pourquoi ils n’est possible de faire changer les choses qu’à la marge ?
La disponibilité qu’exige ce combat est difficilement conciliable avec l'exercice de la médecine générale.  Son avenir réside selon moi dans l’engagement de juristes spécialisés qui vous représenteront dans les lieux de décision.  Mais ceci a un coût que personne d’autre que vous ne peut assumer tant par votre vote que votre cotisation.  Le premier vous coûte une minute tous les cinq ans et la seconde un peu plus d’un euro par jour. 
Mais que font les MG de terrain ?

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Derniers commentaires

  • Thierry Devigth

    16 aout 2023

    "S’il ne se soumet pas, il arrive que le procès verbal de la réunion soit falsifié" . Waouw! Faux en écriture, usage de faux de la part d'un organisme d'État, donc en bande organisée, collusion...Que du beau.
    Je n'ose imaginer les commentaires de notre presse grand public subsidiée si cela se passait aux USA sous Trump, au Brésil sous Bolsonaro, en Italie ou en Hongrie aujourd'hui... Nihil sub sole au Belgistan. vdb veut la fin de la MG. Et si on voulait la fin de vdb?

  • Benoit DUFRANNE

    12 aout 2023

    trop peu votent et encore moins cotisent : c'est affolant !

  • Jean-Claude HARIGA

    11 aout 2023

    En 1964 puis en 1979 la profession a eu le cran de se mettre en grève. Déjà l’action de 79 été moins intense que celle de 64 mais néanmoins a obtenu que le gouvernement revoit sa copie.
    Aujourd’hui combien serions-nous à quitter notre petit confort pour une action dure ?
    Leburton disait des médecins « on les aura par le nombre » anticipant une pléthore propice à une fonctionnarisation . VDB compte sur le grignotage du terrain par d’autres profession et le manque de volonté des MG à tenir le terrain .

  • Jean-Louis MARY

    10 aout 2023

    VDB veut la fin de la MG , il ne s’attaque pas à la médecine hospitalière parce qu’elle est le plus souvent aux mains de politiciens,
    Il suffit d’analyser les conseils d’administration et on a compris.
    De plus en plus nos tâches et fonctions médicales se réduisent comme peau de chagrin et notre travail administratif , inversément, augmente de plus en plus.
    Progressivement nous nous orientons vers un système de type NHS mais avec un statut d’indépendant ce qui nous asservira encore davantage.
    Comme bien expliqué par notre confrère toute rébellion est étouffée dans l’œuf.
    Je conseille aux jeunes médecins de ne plus croire en la la pratique de la Médecine Générale.
    Je pense que je suis né au bon moment et que j’ai eu la chance d’une pratique de la MG que les jeunes MG actuels ne connaîtront jamais.

  • Raphaël FALEK

    10 aout 2023

    Le médécin générliste lutte pour survivre !!