Où sont les femmes ? (Dr C.Depuydt)

Un nouveau président de l'Absym-Bvas a été élu pour 3 ans, Philippe Devos, bravo à lui. Photographié entouré de son nouveau bureau directeur, la photo a suscité de nombreuses réactions : mais où sont les femmes sur la photo? … Ou comment oeuvrer à la féminisation des hautes fonctions en médecine.

Un nouveau président de l'Absym-Bvas a été élu pour 3 ans, Philippe Devos, bravo à lui. Photographié entouré de son nouveau bureau directeur, la photo a suscité de nombreuses réactions : mais où sont les femmes, avec leurs gestes pleins de charme (comme le chantait Patrick Juvet)? Certains, non sans humour, ont lancé leurs hypothèses : en cuisine ou au salon à discuter tricot... D'autres font remarquer le manque de représentativité de cette photo dans un métier où plus de 50% des médecins sont désormais des femmes. Ceux-là insistent sur la nécessité que les femmes intègrent les postes dits à responsabilité, ici dans le domaine du syndicalisme médical, mais également de façon plus large, dans toutes les fonctions de gestion de notre métier.

Nouveau Comité Directeur de l'ABSyM


Et, évidemment on ne peut que les approuver. Les femmes sont nécessaires, parce qu'elles y amènent leur expertise et leur savoir-faire en matière de gestion des conflits et d'organisation des tâches mais aussi leur vécu qui se doit d'être entendu et intégré dans les processus décisionnaires.

Pourquoi cela reste-t-il si difficile? Il ne faut pas se mentir, en politique, dans les comités de direction, dans les conseils d'administration, on est encore loin de la parité.

L'explication est, je pense, bidirectionnelle : une certaine résistance au changement d'un côté, un manque de candidates de l'autre. Et en guise de nappage, peut-être pas le même sens des priorités, les femmes ont-elles moins besoin d'être mises en lumière, et dans l'ombre, peuvent-elles travailler tout aussi, voire plus, efficacement?
Aussi étonnant que l'absence de femmes sur la photo, l'est aussi le manque d'anticipation de la réaction que cela allait inévitablement susciter. Comme si cela restait tout de même la tache aveugle de ceux qui ont l'habitude de ces cénacles décisionnels, non pas masculinisés mais en fait assexués : y va qui y est qualifié, principalement des hommes jusqu'ici et alors?! Bienvenue aux femmes... si elles s'en sentent la compétence!

Et c'est un 1er point d'achoppement : le sentiment de légitimité. A CV égal, les femmes se sentent 60% moins compétentes. Fortes de ces doutes, il leur est dès lors plus difficile de jouer des coudes pour prendre proactivement une place qui leur reviendrait pourtant de droit.

Cela demande donc d'un côté d'enlever ces oeillères et d'introduire la question du genre dans les choix des candidats. Mais aussi de le rechercher et de l'accueillir non pas comme une obligation, en levant les yeux au ciel, mais comme une chance de faire progresser les modèles de concertation (qui sont mis à mal actuellement) par la gestion alternative et progressiste que cela va susciter.

Mais par ailleurs, pour cela, encore faut-il des candidatures féminines. Susciter des vocations, accompagner le changement sans le forcer est un challenge en soi. Les femmes doivent, elles-mêmes, être le moteur de ce changement : il est temps d'aller au front. Nous, les femmes, sommes légitimes à nous montrer et à mettre nos compétences au service des institutions médicales, arrêtons d'en douter.

Alors oui, c'est chronophage, énergivore, souvent ingrat et pas facile à combiner avec la charge mentale encore majoritairement dévolue aux femmes dans la vie privée. Mais c'est également un challenge intellectuellement motivant et très enthousiasmant. Se faire la  porteuse : de messages, d'actions, d'espoir. Participer à un monde qui change et ne pas juste le subir. Que demander de plus? Prenons notre place dans ce monde en changement, il s'agit de faire preuve d'un peu de courage et d'audace, mais cela en vaut la peine. Soyons dorénavant sur la photo!

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