Réseaux hospitaliers : les changements commencent ...demain (J.de Toeuf)

La mise en place des réseaux se fait avec lenteur. Il a fallu trois ans à l’autorité fédérale pour publier la base de législation, et la mise en place par les régions est difficile : nouvelles coalitions, et en Wallonie et à Bruxelles, une persistance des antagonismes public-privé et confessionnels-laïcs. 

L’échec du regroupement sur base géographique est patent à Charleroi et à Liège. Bruxelles se cherche encore. Les décrets et ordonnances régionales ont pris du retard.

Les Conseils médicaux des hôpitaux sont consultés du bout des lèvres, et leurs avis parfois même combattus avec sévérité alors qu’ils n’ont, malheureusement, qu’une capacité d’intervention limitée : avis simple, donc plutôt pro forma. Il est à déplorer que les représentants médicaux aient été si peu impliqués dans la procédure par les gestionnaires. La Loi sur les Réseaux confère au Conseil médical de réseau des pouvoirs décisionnels conséquents pour la définition de la stratégie et l’opérationnalisation des réseaux : pour 16 des 18 points de compétence du Conseil médical du réseau, le consensus entre celui-ci et le gestionnaire est imposé par la loi. 

Ces nouvelles compétences doivent être mises à profit pour travailler de concert, gestionnaire et médecins, en sorte qu’un véritable projet d’organisation médicale et de soins voie le jour au sein du réseau. Les objectifs sont qualitatifs vis-à-vis des patients : valorisation des expertises, trajets de soins entre hôpitaux du réseau, mutualisation des moyens et des ressources, adressage des patients, relations structurelles avec la première ligne donc la médecine générale ou spécialisée extrahospitalière.

Disposer de nouvelles prérogatives s’accompagne de nouvelles responsabilités, pour l’accomplissement desquelles les médecins sont souvent peu armés en raison de leur absence de tradition ou d‘attraction pour la gestion, et de connaissances insuffisantes des législations. Pour répondre à ces nouveaux défis et à ces nouvelles perspectives, les membres des Conseils médicaux devront acquérir des capacités de leadership, de négociation, d’analyse des enjeux non strictement médicaux. Il est dès lors indispensable de mettre à leur disposition les formations nécessaires, de prévoir un financement convenable des membres actifs des CM pour compenser la perte d’honoraires, corollaire des heures passée à assurer ces nouvelles missions. Tant le SPF Santé publique que les syndicats médicaux et les fédérations hospitalières devraient à très court terme mettre en place ces tutoriels. Il s’agit d’œuvrer pour le bien commun et celui de tous les acteurs par la construction des réseaux.

N'oublions pas que les réseaux seront confrontés, dans un contexte économique plus que morose, à deux défis majeurs : diminuer la surcapacité en lits agréés (non justifiés) et basculer de nombreuses activités sur un mode ambulatoire, tant en hôpital de jour qu’en cabinet de consultation. Alors que nous ne devons pas espérer de financement public nouveau et que les honoraires sont menacés : la croissance annuelle moyenne de la valeur des actes techniques (tous avec radio labo) tourne autour de 1% /an (index souvent raboté), alors que les charges salariales augmentent de 4 à 5% /an (index + barèmes + avantages). Il faudra produire autrement, améliorer les recettes sans recourir à la croissance du volume presté, donc accroître le prix du service rendu, et réduire les coûts. D’autres sources de financement devront être trouvées.

C’est un chantier considérable, concernant la réaffectation et la modernisation des infrastructures, un réel dossier patient informatisé à contenu strictement médical interconnectable open source lisible par tous les professionnels, la mobilité/flexibilité des médecins et soignants, une nouvelle formule dans les relations avec les fournisseurs externes de biens et services, une IT rénovée incluant la révolution des applications diagnostiques et thérapeutiques, un management participatif  dans un modèle visant au bien-être au travail, etc. les médecins doivent partager le poste de pilotage avec le gestionnaire, avec d’autres acteurs selon les besoins.

Il faudra plusieurs années pour que les changements soient réalisés, mais …. cela commence demain.

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