Symposium des anesthésistes-réanimateurs : "la profession est sous pression" (Dr G.Bejjani)

Le symposium de l’association professionnelle des anesthésistes-réanimateurs (APSAR) se tiendra ce samedi 18 mars à Bruxelles. L’occasion de faire le bilan d’une année 2022 pour ces professionnels de la santé, spécialistes dédiés majoritairement à assurer la sécurité et le confort des patients lors de leur séjour hospitalier mais aussi dont une partie sont aussi dédiés au travail en réanimation, aux urgences et à la prise en charge de la douleur chronique. 

Le thème du congrès annoncé est « anesthesia : under pressure » parce que la profession dont les standards de sécurité et de qualité sont parmi les plus hauts au monde et dont chaque acte et geste comprend un risque réel pour la vie est aujourd’hui en danger, par l’augmentation du nombre de prestations et par conséquent des heures de travail, du burn-out et par la sous-valorisation financière poussant certains à quitter les hôpitaux- fait absolument inhabituel pour cette spécialité.

Le thème du symposium de 2022 était « 175 ans d’anesthésie en Belgique : en route vers l’unité à quatre ! » devait célébrer cet engagement vieux de 175 ans et l’implication de ces médecins dans les secteurs les plus aigus et les plus critiques de la vie de l’hôpital. Quels en ont été les points marquants en attendant la suite qui sera donnée ce samedi 18 mars à Bruxelles, au siège de la KBC ? 

Le métier n’a cessé de se professionnaliser en 175 ans précisait le Pr D. Himpe jusqu’aux félicitations et remerciements du Président Macron en France pour l’engagement et le travail des anesthésistes lors de la crise COVID, engagement qui a sauvé des vies alors que cette reconnaissance ne semble pas existante en Belgique. Dans le cadre de la réforme annoncée de la Nomenclature, l’association belge s’est engagée pour essayer de corriger le tir, rappelant que pour un travail égal, à diplôme égal, il faut une rémunération égale à celle de nos collègues assurant les interventions et les chirurgies. Et dans l’attente de cet objectif qui semble lointain, il y a lieu de revaloriser urgemment les prestations en anesthésie chez les enfants – et qui sont parfois payée moins qu’une consultation, ou celles de la consultation préopératoire, devenue un standard international dont on essaye encore de limiter le remboursement en Belgique (acquit à ce jour mais pour une consultation plus de 8 jours avant la chirurgie). 

Si la base de la réforme est la durée, la complexité et le risque des prestations, alors il y a lieu de redonner plus de valeur à ce métier ! L’APSAR rappelle que les permanences intrahospitalière des anesthésistes ne sont pas rémunérées alors que la présence des anesthésistes dans les hôpitaux, la nuit et le week-end est devenue quasi la règle : comment imaginer encore une maternité en l’absence d’un anesthésiste disponible très rapidement.

La réforme de la Nomenclature pour l’activité aux soins intensifs et aux urgences, tout comme pour l’anesthésie, est aussi un exercice difficile et qui doit tenir compte au-delà des actes, de la disponibilité et de la charge de travail qui ne peuvent juste se résumer aux prestations techniques ou aux avis donnés. Il s’agit naturellement d’une catégorie de soins qui mérite une Nomenclature spécifique et bien différenciée des habituels ACA (actes de consultation et assimilés), ATMC (actes techniques médico-chirurgicaux) et AMTA (actes médico-techniques automatisables) prévus dans la réforme. Le Pr Haentjens a présenté à cette occasion le projet MICA (monitoring intensive care activities) mis en place avec le SPF Santé en vue d’analyser les données des séjours aux soins intensifs pour élaborer un outil de monitoring, de benchmarking et d’amélioration de la qualité.

La place de l’anesthésie loco-régionale était aussi mise à l’honneur. Un véritable retour aux sources de l’anesthésie et grâce au développement de l’imagerie, l’anesthésie loco-régionale accompagne désormais une grande partie des interventions et notamment la prise en charge des patients aux urgences. Cette imagerie a aussi permis d’améliorer la prise en charge de la douleur chronique mais aussi les nouvelles techniques de radiofréquence, notamment au niveau des nerfs périphériques.

Les assistants en anesthésie, représentés par la BAT (Belgian Anesthesia Trainees) étaient aussi nombreux et c’était l’occasion de tracer avec Mr Jo de Cock la réforme du statut des assistants en vue d’améliorer et de rendre plus transparentes leurs conditions de travail, mais aussi de rappeler l’importance de leur rôle dans le système de soins. Les travaux ont abouti à une convention collective de travail qui est déjà d’application. A cette occasion la BAT a présenté sa vision sur le contingentement 2027 et son inquiétude face à la double cohorte et à la diminution des revenus observées des anesthésistes et le Pr Herijgers, président la commission de planification flamande, a exposé les principes de fonctionnement de la planification et des quotas. Mais ces quotas ne prennent pas bien en compte la liberté d’installation des médecins européens ni l’arrivée des médecins non-EU explique Maitre Dewallens, d’où le rôle important à jouer par les commissions d’agréments et de l’alignement de leurs critères d’évaluation sur ce sujet.

Le symposium a aussi abordé des questions de droit et la législation face au débat sur la vaccination (obligatoire) et les restrictions nombreuses aux libertés, réflexion et débat qui ne manqueront pas d’être poursuivis lors du symposium de 2023 à l’occasion de la présentation du Dr M Van Ranst. Le rendez-vous est donc donné pour la suite des réflexions pour cette spécialité qui ne cesse d’évoluer.

> Voir le programme

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