10 questions à Bénédicte Linard, ministre de la santé de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Bénédicte Linard est devenue à  43 ans la nouvelle ministre de la petite enfance et de la santé pour la Fédération Wallonie-Bruxelles. Après Alain Maron (Ecolo), ministre de la santé de la région Bruxelloise et Christie Morreale (PS), ministre de la santé wallonne, la ministre écolo répond aux questions du Spécialiste et de Medi-Sphère. Depuis 2 mois, elle rencontre les acteurs sur le terrain.

Quel est votre rapport aux médecins généralistes et spécialistes ?

 Il est indispensable de pouvoir compter sur une ligne de soin de proximité efficace pour améliorer la santé de la population, de diminuer le recours aux médicaments ainsi qu’aux urgences et soins spécialisés. Les médecins généralistes sont en lien direct avec les lieux de vie des enfants et de leur famille. Ils sont un maillon essentiel pour la santé des enfants et travaillent étroitement avec d’autres secteurs de la santé, notamment en matière de prévention, dont les pédiatres, les hôpitaux, les centres PMS, tout au long du parcours de vie de 0 à18 ans. Nous travaillons avec eux, via l’ONE, dans une logique préventive. Le recours aux spécialistes, pour les adultes, comme pour les enfants, doit se faire idéalement après consultation ONE, de la ou du pédiatre ou du médecin généraliste. 

Les cercles de médecins sont toujours bien des interlocuteurs de choix du politique (Maggie les a écartés de son champ de vision)? 

En matière de prévention et promotion de la santé, les médecins généralistes sont des acteurs importants au même titre que les partenaires de l’ONE et les associations actives sur les questions de l’accueil de l’enfance par exemple. 

Quelle est l'importance pour vous de l'informatisation des cabinets et du recours aux outils d'e-santé (vaccination, dépistage....consultation?)

Les outils de l’e-santé sont fondamentaux pour organiser une politique de santé publique efficace et de qualité. Il y a des enjeux importants en matière de suivi des vaccins, des allergies ou d’autres points d’attention dans le parcours des enfants. L’informatisation des données recueillies par les professionnels de la santé doit se faire dans le respect absolu des droits à la vie privée et après un consentement des personnes suivies ou de leurs responsables. 

Comptez-vous développer ou favoriser le développement de tels outils?

Bien sûr. C’est prévu dans le cas très concret du dossier médical de l’enfant pour permettre une approche coordonnée de la santé de l’enfant entre la crèche et jusqu’à la sortie de l’école secondaire. Nous suivrons également le travail mené par les réseaux de santé wallon (RSW) et bruxellois (Abrumet) sur ces enjeux d’e-santé. 

Est-ce que, selon vous, cela peut favoriser une réduction de certains coûts?

Ca ne doit pas être l’objectif recherché par l’informatisation et rien ne garantit que ce soit le cas. Libérer du temps pour élargir les dimensions relationnelles du suivi médical me semble plus important. 

Quelle est l’importance pour vous des hôpitaux publics ?

Il faut préserver l’accessibilité des hôpitaux publics. Ils offrent des services importants en matière de prévention, dépistage, suivi des enfants et des mères. Les évolutions des réseaux doivent se poursuivre dans une logique territoriale pour préserver cet enjeu de l’accessibilité. 

Que ferez-vous pour le numerus clausus?

Il s’agit d’une compétence qui concerne essentiellement le Fédéral et ma collègue Valérie Glatiny à la Fédération. Il faut lutter contre la pénurie des médecins généralistes qui se manifeste aujourd’hui déjà de manière flagrante en zones rurales. C’est particulièrement le cas dans le Luxembourg mais cela touche toutes les provinces et c’est aussi un enjeu par rapport à la qualité du suivi médical des enfants. On doit pouvoir repartir des données de terrain, sur la situation des médecins et son évolution prévisible dans chaque région, bassin. Ecolo a été fort actif au cours des législatures passées à la Chambre à ce sujet.

Pourquoi avoir choisi la santé?

En tant qu’écologiste, j’ai une motivation particulière par rapport à la santé. Chaque fois que nous avançons en matière d’environnement, nous améliorons en fait la santé de chacune et chacun. Quand on parle de limiter l’impact des pesticides dans l’air, c’est d’abord un objectif de santé publique. C’est protéger les populations, et en particulier les enfants, de l’exposition à ces pesticides qui ont un impact dévastateur sur la santé humaine et la biodiversité. Quand on parle de qualité de l’alimentation servie dans les crèches ou les écoles, on fait le lien entre mauvaise alimentation et diabète, maladie cardio-vasculaire, etc. 

Quels sont vos trois grands objectifs en matière de santé?

« Je dirais d’abord de tendre vers des milieux d’accueil durables, sains, zéro plastique, avec une bonne qualité de l’air.  Il est important ensuite de renforcer le soutien aux parents de famille en situation de vulnérabilité. Les inégalités socio-économiques ont un impact majeur en matière de santé et d’espérance de vie. Enfin, je souhaite que les enfants puissent devenir des acteurs à part entière de la politique de prévention de la santé. 

La prévention est-elle votre priorité?

La prévention permet d’éviter bon nombre de troubles de santé. Si on regarde les chiffres : un euro investi en prévention et promotion de la santé permet d’épargner 4 euros en soin. Je soutiens par exemple le principe des rues scolaires qui préservent les entrées et sorties d’écoles des gaz d’échappement des voitures.  Cela passe aussi par le suivi des mères, des enfants dès leurs premiers jours. Les missions exercées par l’ONE en matière de prévention, vaccins, détection des handicaps, sont un maillon essentiel dans cette politique de santé accessible à toutes et tous. 

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