Bientôt un seul médicament par e-prescription ?

Des médecins, sur les réseaux sociaux, s’irritent d’une limitation présente dans la dernière version de l’application PARIS : on ne peut mettre qu’un seul médicament par ordonnance électronique. Une galère, tant que subsiste la contrainte de la ‘preuve’, soupirent-ils. L’Inami annonce un assouplissement de PARIS d’ici fin septembre et la dématérialisation complète pour le 1er juin 2021. 

D’après les infos glanées hier par NumeriKare et Medi-Sphère, il est envisagé qu’à l’avenir, le logiciel métier du médecin établisse X ordonnances électroniques distinctes au patient auquel on prescrit X médicaments différents simultanément. Le but de cette évolution ? Permettre à l’intéressé d’aller chercher urgemment telle spécialité à la pharmacie de la gare avant de prendre son train, parce qu’il est à court, et telle autre, ultérieurement, à son officine habituelle.

« Quand la filière d’e-prescription sera 100% dématérialisée, pourquoi pas ? », nous dit-on. Mais tant qu’il existe une obligation d’imprimer une preuve papier qui est un cut and paste de chacune prescription électronique, c’est évidemment très lourd en termes de paperasserie.

Apparemment, la version de PARIS sortie il y a quelques jours (c’est pour mémoire une solution développée par l’Inami pour permettre aux médecins ne possédant pas de DMI de faire de la prescription électronique) est déjà configurée sur ce modèle du ‘un seul médicament par e-prescription’. Ce qui soulève des protestations dans le corps médical.

« De l’irrespect ! »

Paul Vollemaere, référent informatique au GBO, n’avait pas entendu parler de cette « progression », mais il admet ne pas recourir à PARIS – surtout employé par les spécialistes. « Si elle se confirme et qu’on ne fait pas disparaitre la preuve papier, on va au clash monumental avec les prescripteurs. C’est de l’irrespect ! »

Il dit pester depuis toujours contre la vraie-fausse dématérialisation de l’e-prescription, qu’il voit comme « un aveu d’incompétence » de ses initiateurs. « La prescription électronique serait utile aux MG à domicile et en MR(S). Mais la persistance du papier lui enlève son intérêt. Quant à l’idée de permettre aux patients d’aller chercher les médicaments ici ou là, par exemple du Viagra ailleurs qu’à la pharmacie du quartier, c’est oublier que le pharmacien est le dernier rempart pour mettre en garde le patient des risques d’interactions. Il doit voir ce qui a été prescrit simultanément. » Le Dr Vollemaere rappelle un concept que le GBO défend : le dossier médical informatisé unique partagé, « où on aurait ouvert le plan de traitement au pharmacien ». Et de glisser au passage que « dans les projets de prescription électronique de biologie ou de soins infirmiers ou de kiné, Recip-e n’est nulle part. »

Un médicament par ordonnance confirmé

La section pharmaceutique de l’Inami nous confirme aujourd'hui le projet des ordonnances électroniques distinctes par médicament. « C’est déjà d’ailleurs le cas pour de nombreux softs de médecins qui fonctionnent déjà avec un médicament par prescription depuis un certain temps. » Les développeurs sont donc bien au courant de cette évolution ? « Oui, car cela a été prévu dans le projet dès le début de la prescription électronique. » Mais quelle en est la finalité ? « Dans le cadre du partage des données sur les médicaments de façon électronique (le projet VIDIS) et de la dématérialisation, il est indispensable d’arriver à terme à cette harmonisation de un médicament par prescription. »

PARIS : retour vers l'ancienne version 

La version de PARIS en ligne actuellement ne permet que de prescrire un seul médicament par prescription, confirme l’Inami. Toutefois, il y a du mouvement – ou de la temporisation ?  – à l’horizon : « un nouveau changement est prévu ce 30 septembre (…). Dès lors, à partir du 1er octobre 2020, il sera à nouveau possible de prescrire via PARIS plusieurs médicaments par prescription jusqu’à l’implémentation de la dématérialisation complète. Qui est prévue pour… ? « A ce jour, le 1er juin 2021. »

Entretemps , suite aux protestations des médecins ...et de certains politiciens, l'inami décide d'accéler le mouvement et nous annonce vendredi qu'en ce qui concerne le logiciel PARIS, il reviendra à une ancienne version pour régler le problème de la prescription unique par médicament.

Lire : Paris : l'Inami fait marche arrière

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Derniers commentaires

  • Domenico MUCCIANTE

    26 aout 2020

    Comment INAMI peut atteindre son but quand il marche en reculant ?
    Depuis des années bientôt lumières, la problématique des ordonnances continue son chemin à l'aveugle :changement de format, de couleur, de mise en page, électronique ou pas, 1 ou plusieurs médicaments...
    Est ce vraiment l'essentiel ?

  • Christian VANHAELEN

    23 aout 2020

    Peut etre faudrait il limiter le nombre de prescription par attestation de soin, donc de facturer à l'inami le surcroit de travail que represente le fatras administratif de plus en plus delirant et dangereux qui nous est impose.
    Je suis convaincu que lorsqu'il en coutera a nos decideurs, il seront sensibilises au probleme et trouveront miraculeusement une solution pour mettre un terme aux incongruites qu'ils developpent en toute impunite pour l'instant.

  • Daniel LEFEBVRE

    22 aout 2020

    La Belgique EST et RESTERA une "république bananière" !! La gestion de la crise fut lamentable. Les 9 ministres de la santé ne pouvaient que se marcher sur les pieds, continuer de jouer aux billes dans la cour de récréation, persévérer à tout rejeter sur le fédéral, alors que les ministres régionaux ne savaient même pas qu'eux même étaient responsables pour les maisons de repos. Même Di Rupo affirmait haut et fort qu'il n' y avait qu'un seul ministre de la santé… Ce qu'il nous faut: UN SEUL MINISTRE et REDUIRE LA REGIONALISATION (qui elle nous mènera à terme en enfer) "Beati pauperes spiritu"

  • Nicolas YANNI

    21 aout 2020

    La décision est irrationnelle et représente un manque de considération pour le corps médical.

  • Philippe RIMEE

    20 aout 2020

    On enverra la facture donc le papier à notre chère ministre de la santé????

  • Michel MEGANCK

    20 aout 2020

    Encore une mesure inutile de bureaucrate alors que, comme pour les prescriptions "papier", les patients ont la possibilité de demander une prescription séparée pour le ou les médicaments immédiatement utiles et une autre pour ceux à acheter plus tard.
    A croire que, tous les soirs, quelqu'un s'endort en se demandant ce qu'on pourrait bien faire pour compliquer la vie des médecins !!!
    Dr M. Méganck

  • Philippe TASSART

    20 aout 2020

    Même si on ne doit plus rien imprimer, c'est aberrant. Envoyer une e-prescription prend un peu de temps, quand tout va bien. Cela prendra beaucoup de temps s'il y en une dizaine (on y est très vite, surtout maintenant !). Je ne veux même pas imaginer la situation s'il y a un bug informatique. Envoyer la prescription sur le mail - gsm du patient / scan du pharmacien est une autre solution très facile et sans papier.
    Il faudra monter au créneau si on veut nous imposer cette nouvelle contrainte.
    Philippe Tassart