Google a secrètement collecté des millions de données de patients 

Sous prétexte de développer un nouveau logiciel pour Ascension, une organisation catholique basée à St-Louis et rassemblant quelque 2 600 hôpitaux, cabinets médicaux et autres structures de soins aux États-Unis, Google a collecté les données personnelles de plusieurs millions de patients.

La possession des données de santé est un enjeu majeur pour les grands acteurs économiques. Les GAFA ne s'y trompent pas et tentent, pour l'instant, différents rapprochements. Tout a commencé en 2018, lorsque Google et “Ascension” (la deuxième plus grande organisation de soins de santé américaine), se sont associées pour créer le "projet  Nightingale" du nom d'une infirmière britannique du XIXe siècle connue pour avoir utilisé les statistiques pour améliorer les soins médicaux.

Médecins et patients pas informés

Dans une enquête du Wall Street Journal, on apprend qu'au travers du « Projet Nightingale », lancé secrètement l’année passée, la volonté est de développer un moteur de recherche de patients en ligne. Pour compléter ces rapprochements, ils travaillent aussi avec la société “Mountain View” qui prend possession des dossiers médicaux de millions de personnes (2 600 hôpitaux et structures médicales aux États-Unis) à leur insu...mais en toute légalité.

"Notre travail avec Google n'a rien de secret", est intervenu Eduardo Conrado, vice-président de l'organisation de santé. "Google l'a annoncé en juillet (dans une conférence aux analystes, NDLR). Des managers d'Ascension ont été informés, des sessions d'information à l'échelle de l'entreprise ont été tenues (...) et des infirmiers et médecins en première ligne ont non seulement été informés mais ont participé activement au projet."

Seraient ainsi collectés, en plus du nom du patient et de sa date de naissance, les résultats d’analyses de laboratoire, les diagnostics des médecins, les comptes rendus d’hospitalisations, entre autres, l’idée étant de dresser un tableau complet du dossier médical des individus.

La volonté de Google est de mettre en place “un système de recherche de patients en ligne à usage des médecins”. Il y a toutefois un problème puisque même les médecins n'étaient pas au courant. Ils se sont étonnés de cet usage.

Google aurait détaché des dizaines d’ingénieurs au projet Nightingale sans facturer le travail à Ascension, précise le Wall Street Journal, car le géant du numérique compte vendre par la suite les outils qu’il aura développés à d’autres organismes de santé. Son idée : créer une structure où seraient agrégées les données jusque-là dispersées des patients et qu’il serait ensuite facile d’utiliser.  

Légalité

Ces agissements sont cependant tout à fait légaux puisqu'une loi fédérale “Health Insurance Portability and Accountability” de 1996 “autorise les hôpitaux à partager les données de leurs patients avec des entreprises tierces” selon le Courrier International.  Des questions se posent toutefois en matière de confidentialité des données. En effet, selon le Wall Street Journal, elles sont accessibles à plus de 150 employés (Google Brain, Google Cloud....)...

Ce dossier s'ajoute à un autre puisque pour rappel, Google vient de racheter Fitbit, spécialisé dans le fitness connecté, pour 2,1 milliards de dollars. Là aussi, la course aux données de santé a été une priorité commerciale...

> Lire aussi : Google annonce le rachat de Fitbit pour 2,1 mds USD

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