Le lobby de l'alcool français va apporter pour la première fois son obole au plan de santé publique en finançant la prévention de l'alcoolisme, option qui paraît paradoxale mais qui a porté ses fruits ailleurs en Europe.
Les producteurs et négociants de vins, spiritueux et bières ont proposé près de 5 millions d'euros pour financer pendant quatre ans des actions de prévention contre la dépendance à l'alcool, notamment chez les femmes enceintes et les jeunes.
Mises au pied du mur en février par le président Emmanuel Macron, défenseur du vin mais qui souhaite opérer une "révolution de la prévention" en France, les trois filières de l'alcool ont officiellement présenté leur "contribution" au plan national de santé publique porté par la ministre de la Santé Agnès Buzyn.
«Il s'agit d'une grande première» a déclaré à l'AFP Joël Forgeau, président de Vin et Société, l'organisme représentant le puissant lobby du vin, deuxième poste d'exportation de la France derrière l'aéronautique.
Il a remis un plan comportant 30 mesures à la conseillère Santé et à la conseillère Agriculture du président, Audrey Bourolleau, qui a elle-même été déléguée générale du lobby du vin avant de rejoindre Emmanuel Macron.
Les mesures sont destinées à lutter contre le "binge-drinking" - la consommation ponctuelle importante d'alcool - qui touche surtout les jeunes et l'alcoolisation foetale chez la femme enceinte qui concerne 700 à 1.000 naissances par an.
«La filière viticole va investir 500.000 euros par an pendant quatre ans sur des actions de formation et de prévention, et les deux autres filières (spiriteux et brasserie) dépenseront à elles-deux 700.000 euros par an» a dit M. Forgeau, soit au total 4,8 millions d'euros sur quatre ans.