10 questions à la ministre Valérie Glatigny

Commission de planification, numérus clausus, protection des médecins stagiaires,  réflexion sur l’examen d’empathie, avenir des réseaux…. Dans une interview exclusive avec Le Spécialiste , Valérie Glatigny, la nouvelle ministre de l’Enseignement supérieur, des Hôpitaux universitaires et de la Recherche scientifique à la FW-B, dévoile quelques une de ses intentions ...

Philosophe de formation, diplômée en éthique biomédicale, ex journaliste, la nouvelle ministre notamment de l’Enseignement supérieur, des Hôpitaux universitaires, de la Recherche scientifique, de l’Aide à la Jeunesse, des Maisons de Justice, de la Promotion de Bruxelles, de la Jeunesse et du Sport au sein du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FW-B), a accordé sa première interview dans le domaine de la santé au Spécialiste.

Qu’avez-vous fait en trois mois ?

« Nous avons commencé le tour du secteur. Nous avons rencontré des spécialistes, les doyens des facultés de médecine…nous avons écouté les demandes face à la réalité du terrain et de la pénurie de médecin…  Il est indispensable qu’au niveau de la FWB nous créions une commission de planification pour les sous-quotas. On veut objectiver aussi les pénuries en concertation avec les régions et les cercles de médecins. »

Qu’est-ce qui vous inquiète aujourd’hui dans les hôpitaux universitaires ? 

« La charge de travail des étudiants qui est inadaptée par rapport à leur apprentissage. Un stagiaire n’est pas un membre du personnel. Dans certains hôpitaux, on me dit que l’on met deux étudiants infirmiers pour remplacer un infirmier. Chaque stagiaire médecin ou infirmier doit bénéficier d’un encadrement de qualité dans nos hôpitaux universitaires.”

Que penser des horaires des jeunes médecins stagiaires dans les hôpitaux.

« Je veux travailler sur les conventions de stages que cela soit pour les médecins ou les infirmières. Il y a trop d’abus. Les étudiants doivent être protégés. Je veux rendre l’étudiant plus forts face aux institutions surtout qu’ils se trouvent dans un contexte de pénurie. Les étudiants infirmiers de l’ARCA m’ont parler de choses inacceptables par exemple. On m’a dit qu’on disait aux étudiants « fais ceci , cela va t’endurcir. » Je ne peux l’accepter pour des professions médicales qui doivent être à l’écoute du patient. Le personnel soignant doit rester en bonne santé. On doit diminuer les cas de burn out chez les étudiants en médecine et en infirmerie. Je veux que l’on sorte du schéma du déterminisme parce qu’il faut tout mettre en place pour garder la profession attractive. »

Que faire pour le numérus clausus ?

« Je veux objectiver la pénurie avec les dernières données en date et puis je vais m’appuyer sur l’article 23 de la constitution sur «le droit au travail et au libre choix d'une activité professionnelle dans le cadre d'une politique générale de l'emploi.. »  On ne peut accepter que l’on empêche des jeunes qui ont obtenu leur diplôme d’exercer. Je vais plaider au niveau fédéral aussi pour que le nombre de numéro INAMI soit conforme aux nombre d’étudiants sortants. On doit sortir de cette impasse pour le bien des médecins et des patients. Je veux une solution. »

Vous voulez modifier aussi l’examen d’entrée ?

« Tout d’abord, je suis contre le concours. Donc, oui, je trouve que l’examen d’entrée est une solution mais il faut réfléchir au contenu. Je suis en faveur d’un examen qui donne sa chance à tout le monde et qui reflète la réalité de terrain pour le médecin après ses études. A ce niveau, il y a une réflexion qui doit être menée parce qu’on peut s’étonner que l’on mesure l’empathie à l’aide d’un QCM. Evidemment, l’idéal serait que chaque étudiant ait un contact humain à l’examen, mais ce n’est pas possible non plus. Seul le stage permet de mieux percevoir les capacités de l’étudiant à ce niveau mais il arrive tard après l’examen. Ma réflexion est ouverte à ce stade, on peut en tout cas déjà améliorer le QCM. »

Que dites-vous à Alda Gréoli qui parle d’illégalité des textes en matière de réseaux pour les hôpitaux universitaires ?

« Je pense qu’elle n’est pas au courant de la législation récente. Nous avons reconsulté les juristes qui nous ont confirmé la légalité des textes et nous en avons parlé avec les responsables des hôpitaux. Tout est en ordre. Pour nous, ce décret est une priorité pour permettre aux hôpitaux universitaire  de s’associer. ” 

Les hôpitaux universitaires pourront -ils se développer dans les réseaux ?

Evidemment. Ils ont les qualités médicales, les médecins, les chercheurs pour être des lieux de pointe. Ils peuvent permettre de prendre en charge des patients avec des maladies complexes et rares et surtout ils peuvent même dépasser les réseaux belges. Ils ne doivent pas avoir peur de s’investir dans des réseaux d’hôpitaux académiques européens. La priorité doit être la qualité des soins pour le patient et de travail pour les médecins. Chaque institution garde son autonomie de gestion. Je n’ai pas non plus d’inquiétude sur la constitution des réseaux sur Bruxelles ou sur Charleroi. « 

Quelles sont vos relations avec Maggie de Block ?

« On a un dialogue structurel. On doit trouver des solutions pour le numérus clausus et les numéros inami. On se voit régulièrement. J’ai aussi des réunions avec mes collègues régionaux »

La santé financière des hôpitaux universitaires est-elle préoccupante ?

« Avec le plan des travaux, à long terme, elle va s’améliorer. Le plan 2019-2023 de « rénovation, reconstruction » doit permettre de redonner un coup de fouet au secteur. »

Quel est l’impact des nouvelles technologies de la santé sur les hôpitaux ?

« Il est indispensable. L’E-santé permettra à terme des économies dans les soins de santé. Ces technologies vont offrir des détections plus rapides pour le patient et créer des liens encore plus étroits entre les médecins généralistes et les spécialistes.  

Je viens de la province de Luxembourg et je sais ce que c’est de trouver parfois difficilement un médecin. Je suis pour la télémédecine, dans les zones rurales elle peut se révéler vraiment être un atout par exemple. Il faut évidemment encadrer son usage avec des normes de financement claires et précises et ne jamais oublier non plus l’importance d’un suivi avec un contact humain le moment venu. Je rappelle l’importance du colloque singulier pour le médecin avec son patient.»

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