Système de santé belge: les réussites et les échecs (KCE)

Feux verts au taux de survie à 5 ans après un cancer colorectal, à la mortalité néonatale ou au recours aux médicaments bon marché.  Feux rouges sur la surconsommation d’antibiotiques, la baisse de la vaccination contre la grippe des personnes âgées ou encore le renouvellement en médecine générale.

Le Centre fédéral d’Expertise des Soins de Santé (KCE) en collaboration avec Sciensano, l’INAMI et le SPF Santé publique, pour la quatrième édition, a passé au crible 121 indicateurs de notre système de soins de santé.  Le rapport sur la performance du système belge de soins de santé (Health system performance assessment - HSPA) s’inscrit dans une démarche internationale de monitoring des systèmes de soins à travers l’Europe: un site internet healthybelgium.be réunit d’ailleurs le rapport HSPA, celui sur l’état de santé de la population (Health Status Report, réalisé par Sciensano) et celui sur les variations de pratiques de soins (réalisé par l’INAMI).

Feux oranges pour les maladies nosocomiales

L’étude montre qu’en terme de la qualité des soins, l’efficacité est plutôt bonne mais que leur sécurité est moyenne (avec un feu orange pour les infections nosocomiales).  Les dépenses de santé totales du pays représentent 10 % de notre produit intérieur brut. Ce chiffre est stable depuis 2009 ; il est légèrement supérieur à la moyenne européenne. Notre système de santé peut être considéré comme relativement accessible, grâce à notre assurance maladie obligatoire, doublée de filets de sécurité sociaux pour les revenus les plus faibles (interventions majorées, maximum à facturer). Le rapport montre que la proportion des personnes qui ont dû reporter des consultations médicales pour des raisons financières reste plus élevée que la moyenne européenne, surtout pour les catégories sociales les plus défavorisées : moindre participation au dépistage du cancer, fréquence moins élevée de visites chez le dentiste, consommation plus élevée de médicaments

Trop peu de médecins généralistes

Les indicateurs relatifs à la médecine générale et aux soins infirmiers mettent en question la capacité de la Belgique à faire face au vieillissement de la population et à l’augmentation des maladies chroniques. Le nombre de médecins généralistes en exercice pose problème, mais aussi leur âge moyen. Le rapport montre que les jeunes diplômés s’orientent toujours trop vers la médecine spécialisée au détriment de la médecine générale. La bonne nouvelle se situe au niveau de l’utilisation des dossiers médicaux informatisés qui progresse bien.

Trop peu de gériatres

L’étude montre que dans les maisons de repos pour personnes âgées, on prescrit encore trop de médicaments (surtout les anticholinergiques, antidépresseurs, neuroleptiques). Elle note aussi que de façon générale, le nombre de gériatres reste trop faible dans notre pays. Par ailleurs, malgré la progression du recours aux soins palliatifs, l’hôpital demeure le lieu de décès le plus fréquent pour les personnes atteintes de cancer, alors que ce n’est pas le souhait de la majorité d’entre elles.

La santé des femmes

Le rapport montre que  le dépistage du cancer du sein – surtout le dépistage organisé – est trop peu suivi, en particulier à Bruxelles et en Wallonie. Il montre aussi que l’induction de l’accouchement et l’épisiotomie systématique sont encore trop souvent pratiquées, mais la situation s’améliore. Le nombre de visites prénatales est loin d’être optimal, souvent trop élevé, mais parfois aussi trop faible pour les femmes des catégories sociales les moins favorisées. Enfin, certains tests de dépistage en cours de grossesse sont surutilisés (toxoplasmose, cytomégalovirus).

En conclusion, le KCE insiste sur la nécessité, pour notre pays, de se doter d’objectifs de santé mesurables en tenant compte des points d’attention que le rapport met en avant. Une autre recommandation est de continuer à améliorer l’intégration des différentes sources de données relatives à la santé : utiliser un identifiant unique pour chaque patient permettrait de suivre chaque personne à travers l’entièreté du système de soins...tout en étant vigilant au respect strict des données individuelles et de la vie privée.

Télécharger le rapport scientifique en français (124 p.) (2.48 Mo)

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