COVID-19, que retenir de l’hydroxychloroquine?

04 mai 2020
par Dr Philippe Mauclet, avec nos remerciements au Professeur Herman Goossens pour sa collaboration

Selon le Professeur Herman Goossens (laboratoire de microbiologie médicale, Université d’Avers), il est trop tôt pour envisager une prescription à grande échelle de ce médicament.

H. Goossens Le message à retenir est qu’il est prématuré de recourir largement à l’hydroxychloroquine. Les deux études observationnelles de Didier Raoult sont intéressantes car elles montrent une diminution rapide le charge virale dans le nasopharynx. Le nombre de patients inclus dans ces études est toutefois relativement faible. Des données supplémentaires sont donc nécessaires pour démontrer avec précision l’intérêt de l’hydroxychloroquine avant de l’utiliser dans la pratique clinique quotidienne.

Elle pourrait être envisagée à un stade précoce de la maladie, par exemple chez les patients ambulants avec symptômes respiratoires, et en particulier chez les sujets plus âgés avec comorbidités, ce dans l’espoir de diminuer le nombre d’hospitalisations et, peut-être la mortalité. Une administration prophylactique prolongée chez les soignants qui travaillent au sein des unités COVID-19 pourrait également être discutée. Nous allons à cet égard participer prochainement une étude au sein de 9 hôpitaux belges, dans le cadre d’un protocole de l’Organisation Mondiale de la Santé. L’étude, appelée SOLIDARITY, se déroule à l’échelle mondiale et plusieurs payas européens y participent.

Une autre option potentiellement intéressante est la combinaison d’hydroxychloroquine avec de l’’azithromycine. Le nombre de patients traités de cette manière dans l’étude de Didier Raoult est trop faible pour se prononcer sur cette approche mais celle-ci est en cours d’évaluation dans plusieurs essais. Je me préoccupe toutefois des effets indésirables possibles de cette combinaison. Une méta-analyse très récente a montré que l’hydroxychloroquine et l’azithromycine peuvent être associés à une prolongation du segment QT avec risque accru d’insuffisance cardiaque, voire de décès. La corrélation éventuelle entre l’allongement du segment QT et la dose quotidienne ou la durée de traitement est à éclaircir.

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