COVID-19, parlons testing

Les tests soulèvent plusieurs questions: quel test, à quel moment et pour qui? Le Professeur Herman Goossens (UZA) nous parle de PCR et des anticorps.

H. Goossens: Au début de l’épidémie, et donc avant qu’elle ne devienne une pandémie, nous aurions pu tester tous les patients ayant des symptômes grippaux. Nous aurions pu alors prendre conscience de la dispersion rapide du virus en Europe. Nous aurions également réalisé que les skieurs revenant d’Italie en février et présentant des symptômes respiratoires étaient infectés et nous aurions pu les mettre en quarantaine.

Le ministre De Backer a augmenté considérablement la capacité de réaliser des tests à grande échelle et je trouve cette mesure excellente. Le personnel de santé dans les hôpitaux devrait être testé en priorité. Je pense que les critères pour effectuer le test au sein de population doivent être larges. L’infection ne provoque pas toujours de la fièvre et ses manifestations peuvent être légères. Il est donc important d’intensifier la réalisation des tests chez les membres du personnel de santé, même s’ils n’ont que des symptômes légers. Une récente étude menée aux Pays-Bas chez 1353 travailleurs de santé montre que le taux d’infection est de 6,4% et que la fièvre n’est observée que chez 53% des sujets infectés.     

Les maisons de repos et de soins sont notre deuxième priorité. Elles constituent une bombe à retardement. Je fais partie de la taskforce du ministre Beke et nous avons proposé de tester régulièrement les soignants dans les institutions où la présence du virus n’a pas encore été décelée. Nous espérons ainsi prévenir la propagation du virus dans ces établissements. En effet, si les visites ne sont plus autorisées, le virus ne peut entrer que par l’intermédiaire des soignants. Cette proposition a été retenue par le conseil de sécurité.

Et les tests sérologiques?     
H. Goossens: La sérologie est extrêmement importante, mais les tests actuellement disponibles ne sont pas suffisamment fiables. Ils doivent être validés avant de pouvoir être utilisés à grande échelle. Les tests sérologiques nous permettront probablement de mieux comprendre différents aspects de la pandémie.

L’analyse rétrospective d’échantillons prélevés dans les bio-banques  et dans les laboratoires des hôpitaux nous donneront des informations sur le mode de propagation du virus tandis que les études de cohorte nous donneront une idée de la réponse immunitaire et de la relation entre cette réponse immunitaire et la sévérité des symptômes. Des symptômes légers pourraient en effet n’être associés qu’à une faible riposte immunitaire qui ne procurerait pas de protection vis-à-vis d’une deuxième infection. Ce point semble confirmé par des données récentes provenant d’Asie. La réponse immunitaire pourrait ainsi se révéler souvent insuffisante de sorte que le concept d’immunité collective que certains pays mettent en avant, ne peut actuellement être démontré.

Lire aussi:
COVID-19, que retenir de l’hydroxychloroquine?
COVID-19, traitement antiviral, où en sommes-nous?
En quoi consiste le projet RECOVER?

Vous souhaitez commenter cet article ?

L'accès à la totalité des fonctionnalités est réservé aux professionnels de la santé.

Si vous êtes un professionnel de la santé vous devez vous connecter ou vous inscrire gratuitement sur notre site pour accéder à la totalité de notre contenu.
Si vous êtes journaliste ou si vous souhaitez nous informer écrivez-nous à redaction@rmnet.be.